Le Parlement grec débat ce dimanche sur le nouveau plan de rigueur. Son vote fait partie des conditions imposées par la zone euro pour le déblocage du second plan d'aide international.
Six personnes ont été blessées dans les affrontements qui ont éclaté entre de jeunes manifestants et la police. (Photo: capture d'écran AFP)
Beaucoup sont venus en famille, sans pancarte ni slogan. Entre Athènes et Salonique, environ 100.000 personnes manifestent dimanche soir contre le plan d'austérité en débat au Parlement, qualifié de "chantage" de l'Union Européenne et du Fonds monétaire international.
Place Syntagma, où près de 80.000 personnes sont réunies, des incidents ont éclaté quand un groupe de manifestants a fait pression sur le cordon policier formé par 3.000 agents disposés autour du bâtiment du Parlement. La police a aussitôt riposté en tirant du gaz lacrymogène. Six personnes blessées dans les affrontements ont été hospitalisées.
A Salonique, deuxième ville grecque, la manifestation a commencé dans le calme. Près de 20.000 personnes se sont rassemblées sur la place Aristotelous dans le centre avant de marcher dans la ville.
130 milliards d'aide en jeu
A l'intérieur du Parlement, les discussions ont démarré à midi, marquées par de fréquents incidents de séance entre les rangs gouvernementaux et l'opposition de gauche. Vendredi, quatre ministres d'extrême droite et une socialiste ont démissionné – le secrétaire d'Etat au travail avait déjà quitté le gouvernement de Lucas Papadémos jeudi.
"D'ici à dimanche soir, le Parlement doit avoir adopté" le nouveau programme de redressement, sous peine sinon d'une "faillite" de la Grèce, a lancé, visiblement tendu, le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos. Il a rappelé que cet aval fait partie des conditions imposées par l'Eurogroupe pour que soit débloqué le deuxième plan de sauvetage du pays, combinant renflouement via des prêts publics de 130 milliards d'euros et désendettement via l'effacement de 100 milliards d'euros de créances. La prochaine réunion des ministres des finances de la zone euro est prévue le 15 février.
Charles Dallara, le représentant dess créanciers privés, a exhorté les députés à voter le plan de rigueur et et prévenu que la Grèce n'avait plus une minute à perdre dans un entretien paru ce dimanche dans le quotidien libéral Kathimérini.
Contestations ailleurs en Europe
Au Portugal, l'austérité imposée par l'UE et le FMI est tout aussi mal vécue. Samedi, ils étaient environ 300.000 personnes à manifester dans les rues de Lisbonne. En échange d'un prêt de 79 milliards, le Portugal s'est engagé à mettre en œuvre un sévère programme de rigueur : hausses d'impôts, abaissement des prestations sociales, forte augmentation des tarifs des transports publics urbains ou encore assouplissement des horaires et suppression de jours de congés.
En Espagne, des centaines de personnes étaient rassemblées vendredi soir sur la Puerta del Sol, au centre de Madrid, à l'appel du mouvement des "indignés". Elles dénonçaient la réforme du travail que vient d'adopter le gouvernement espagnol pour flexibiliser le marché du travail. Les deux principaux syndicats, UGT et CCOO, appellent à la mobilisation générale et à manifester dans tout le pays le 19 février.
Marion Garreau et François Régnier