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Source : sondage Ifop "Le porno, ses adeptes et leurs complexes" / Crédit : O.M.

Interview – Fondateur et rédacteur en chef du Tag parfait, Stephen des Aulnois a fait de l'univers de la pornographie et de son industrie une spécialité. A tout juste 30 ans, il se fait le porte-parole d'une génération qui a grandi avec le porno et en assume l'usage.

A presque 30 ans, Stephen des Aulnois atteste de la banalisation de la pornographie dans notre société contemporaine mais en minimise l'impact. Crédit Olivier Mougeot

De 17% en 2005, le nombre de Français ayant surfé sur un site X a été multiplié par trois et demi en 10 ans pour atteindre 60% en 2014. Que vous inspire les résultats de ce sondage Ifop ?

« Pour commencer, il faut bien noter qu'il s'agit d'un sondage, et non d'une enquête. Ensuite, il faut souligner que le sondage en question a été commandé par un tube1 appelé TuKif. On est face à un plan marketing, à de la publicité déguisée. A partir de là, ces chiffres, et la soi-disante explosion de la fréquentation des sites porno qu'ils révèlent, doivent être pris avec des pincettes. Une étude qui aurait du sens mettrait ainsi en parallèle le taux de fréquentation de ces sites avec le taux de pénétration d'Internet dans les foyers français. Pour résumer, on consomme aussi plus de porno parce que tout le monde a désormais accès à Internet. »

Admettons que ces chiffres sont sur-évalués. Pour autant, ne révèlent-ils pas une libération de la parole en la matière de consommation de films pornographiques ?

« C'est indéniable oui, la parole s'est libérée. Et c'est tant mieux, c'est un tabou de plus qui saute. Les gens en parlent plus facilement et le porno est mieux accepté dans notre société, il n'est plus cette production sulfureuse qu'on s'échangeait sous le manteau. Les tubes expliquent ce phénomène de désacralisation : ils ont facilité l'accès aux contenus X. Avant, dans la génération de nos parents, chacun avait sa petite collection de films et sa pile de magazines qu'éventuellement on se prêtait entre amis. Aujourd'hui, les gens passent d'une vidéo à une autre, d'une scène, d'une situation excitante à une autre. C'est ce "zapping" permanent qui explique aussi le piteux état économique dans lequel se trouve aujourd'hui l'économie du porno en France. Le cinéma pornographique français est dans la même situation que le cinéma tout court face au géant américain : comment résister et comment survivre ? La majeure partie des films en ligne sont des productions américaines.

Ensuite, en tant que fondateur et rédacteur en chef du Tag parfait, cette libération de la parole, je l'observe tous les jours. C'est aussi pour ça que le site fonctionne : on parle à la place des gens, notamment des jeunes. Et pas uniquement des hommes puisque au moins 25% de nos lecteurs sont des lectrices. Et dans quelques années, je suis certain que ce sera 50-50. »

Le sondage s'intéresse justement aux jeunes. Ainsi, 34% des moins de 25 ans ayant déjà vu un film X auraient développé un complexe sur la taille de leur pénis. Doit-on en déduire que la pornographie peut être dangereuse sur le plan psychique ?

« Il y a une chose qui doit être dite : la pornographie a toujours existé, elle a toujours été là. Le seul changement, encore une fois, c'est qu'elle est plus visible, le streaming l'a popularisée. Moi j'ai 30 ans, ça fait presque 10 ans que je regarde des films X , depuis la création du désormais célèbre Youporn en 2006.

En vérité, c'est la même logique qui est à l’œuvre quand on dit que ce sont les jeux vidéos qui rendent violents. C'est totalement absurde. Donc non, le porno ne rend pas déviant. Il y a des addictions, que ce soit au sexe globalement ou au porno plus spécifiquement, mais comme toutes addictions, elles s'expliquent parce que la personne malade souffre d'une fragilité. Je ne doute pas que des gens  "soient malade du porno", ça doit exister. Mais comme il y a des gens qui sont accros au Coca-Cola... Et ils ne sont qu'une extrême minorité. Des experts de la question en parleraient mieux que moi. »

Dans l'imaginaire collectif, le porno est souvient synonyme de violence. Or, le sondage révèle que 47% des Français (52% des hommes) ayant déjà vu un film X disent avoir reproduit des positions vues à leur écran. Vous y croyez ?

« C'est l'exemple parfait du chiffre qui me semble sur-évalué. Une question se pose : les personnes qui disent cela, reproduisent-elles ces positions de manière consciente, délibérée ? Parce que moi, je n'ai pas eu besoin de voir un film porno pour essayer la levrette... Le porno n'a rien inventé !

Ceci étant dit, il y a un autre cliché qu'il faut battre en brèche : non, le porno n'est pas nécessairement violent. Il y a une dimension poétique incontestable. Beaucoup d'amateurs, ou simples consommateurs, regardent des scènes douces, proches d'une sexualité "quotidienne" si je puis dire. La réalité est un formidable levier d'excitation. Pour preuve, l'image de la porn-star aux proportions irréelles se perd. La starlette aujourd'hui, c'est la fille qui vit sur ton palier, c'est ta voisine d'immeuble ou la fille de ta concierge. A cet égard, l'essor, assez récent d'ailleurs, des "sex-cams" montre bien que le réel excite. Et puis il ne faut pas faire du porno ce qu'il n'est pas : le porno ne cherche pas à être pédagogique, les acteurs et les réalisateurs ne cherchent pas à véhiculer une vision particulière du sexe. Pour eux, c'est un travail comme un autre. Il n'est pas question d'idéologie. Bref, le porno n'est rien d'autre qu'un spectacle, un support masturbatoire. "

 

Propos recueillis par Olivier Mougeot

 

1 Site qui permet de visionner en streaming des vidéos pornographiques sur le même principe que le célèbre Youtube.

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[ Plein écran ]

Juillet 1924, Etudiants ouvriers chinois à Paris. Premier rang à partir de la gauche : 4ème, Zhou Enlai. Dernier rang, 3ème à droite : Deng Xiaoping.

Des mandarins en Alsace

19 mars 2014

Des mandarins en Alsace

Maintenant, en Chine, environ 100 000 personnes apprennent la langue française. En même temps, plus de 35 000 étudiants chinois font leurs études en France. A Strasbourg, les étudiants chinois seraient au moins ...

Gu Xiaonan et sa femme Wang Jin, à l'intérieur de leur magasin de sac.

Au début, Gu Xiaonan ne pensait pas rester en France. Comme la plupart des étudiants de sa génération, il escomptait retourner en Chine pour servir l’Etat, comme il l’avait promis avant son départ. Cependant, à la fin de ses études, huit ans plus tard, sa pensée a changé. En 1992, il a ses diplômes et sa carte de résident permanent en poche. Son professeur français lui propose alors de rester en France, bien que Gu Xiaonan prépare déjà son retour en Chine pour l’année suivante. En 1993, Gu est de retour à Hangzhou pour visiter sa famille. Il est alors frappé par l'ampleur des changements : « L’économie chinoise a beaucoup évolué durant mes huit années d’études tandis que Strasbourg a seulement ajouté des trams. Mais au début des années 1990, l’économie chinoise n’était pas encore comparable à celle de la France ». C’est pour cette raison qu’il décide de retourner en France, pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Gu Xiaonan avoue pourtant son regret: « C’était peut être un mauvais choix. Si j’avais su que la Chine se développerait aussi rapidement, je ne serais pas reparti ».

1996 marque un autre tournant dans la vie de Gu Xiaonan. Il choisit d’abandonner l’architecture pour devenir commerçant et ouvre une boutique de sacs. Il semble le regretter maintenant. Ses camarades ont pu saisir des opportunités et beaucoup d'entre eux sont devenus professeurs. « Aujourd'hui en Chine, il y a beaucoup d'étudiants qui sont revenus de l'étranger – on les appelle les « tortues de mer » – ils ne sont plus une exception. Ils ne sont plus une petite élite. » explique Gu Xiaonan. Grâce à internet, les jeunes Chinois sont plus informés et arrivent à faire des choix plus justes, « Je les envie ». Il pense qu'il est trop tard pour lui pour rentrer en Chine et recommencer une nouvelle vie.

Comme Rao Bopeng, il conseille aux étudiants actuels de se concentrer davantage sur leurs études même si leurs conditions matérielles sont plus confortables. Etudier à l’étranger n’a pas pour but de « se couvrir d’or ». C’est une expérience difficile qui doit être préparée psychologiquement et physiquement.

Avant de venir, il n'avait aucune attente particulière envers la France et s'intéressait beaucoup plus aux Etats-Unis : « malheureusement je ne parle pas bien anglais et l'école française n'a pas demandé un très bon niveau de langue pour les étudiants en doctorat de notre spécialité ». Dès son arrivée, à la fin de l'année 2011, il a pourtant été séduit par des différences avec la Chine : le développement du pays, le fait que les produits alimentaires soient de bonne qualité ainsi que par la qualité de l'air. Par contre, il voit aussi très vite les inconvénients : « La vie est trop calme et trop routinière ici, moins dynamique et les possibilités d'avenir sont étroites », continue commente Zhu Wenwu.

Durant l'été 2013, il a fondé une société à responsabilité limitée d'import-export avec la Chine qu'il gère tout seul pendant son temps libre. Cette opportunité lui apporte l'expérience de l'entreprise, car il voudrait se consacrer à l'économie pour sa carrière professionnelle. Ses autres loisirs sont consacrés à des voyages en Europe. Il aime aussi jouer au badminton avec ses amis une fois par semaine.

Zhu Wenwu avoue finalement : « Pour moi, personnellement, je préfère rentrer en Chine. Je pense que la Chine est meilleure que la France. Le marché de la France est trop petit. En plus, les gens ne parlent pas chinois. En tout cas, mes racines sont en Chine. »

 

 

On ne peut pas parler des étudiants chinois sans mentionner Monsieur Dong Jiaqi, l’un des Chinois les plus connus à Strasbourg. Dans son livre, intitulé « Pensées du pays natal sous le Ginko Biloba », inspiré de l’arbre mythique du jardin de la citadelle, il raconte sa vie et celle des chinois expatriés en Alsace.

Sa propre existence l'a conduit à travailler dans la pharmacopée. Son arrivée à Strasbourg a eu lieu le 14 juillet, 1989. Il s'y est marié à une soprano de Guangdong. En 2001, il a créé l'association des Chinois d’Alsace, et depuis son arrivée, il est actif dans l’église protestante chinoise de Strasbourg. Ces différentes fonctions lui ont permis de rencontrer des chinois de tous les milieux. Il en sait long sur l’histoire de chacun, notamment sur celles des étudiants chinois de Strasbourg. 

Q1 : Pourriez-vous nous présenter un peu l'histoire des étudiants chinois de Strasbourg ?

A partir des années 1980, au début de la politique de la réforme et de l'ouverture de la Chine après les dix ans de la révolutions culturelle (1966-1976), les premiers étudiants venus comme Rao Bopeng et Gu Xiaonan, sont envoyés par le gouvernement chinois pour faire des études en doctorat. Cette sélection a eu lieu tous les ans jusqu'à l'année 1995. Quand je suis venu à Strasbourg en 1989, il n'y avait que 80 ou 90 étudiants chinois ici. Ensuite, à partir de 1999, des étudiants financés par leurs parents sont arrivés avec l'aide d'agences intermédiaires. A ce moment-là, le niveau d'étude s'est diversifié : il y a à présent des lycéens, des étudiants en licence, en master et en doctorat. La qualité des étudiants a baissé évidemment.

Q2 : Pourquoi la qualité des étudiants a baissé ?

Aujourd'hui, le niveau de la vie a augmenté en Chine, étudier à l'étranger n'est plus autant difficile. Plus d'étudiants viennent en France, dont une partie n'a pas réussi le gaokao (examen d'entrée à l'Université chinoise).

Q3 : Pourriez-vous nous donner un exemple concret ?

Je me rappelle en 1999, 54 étudiants sont arrivés à Strasbourg. Une agence intermédiaire leur a raconté que ce serait facile de gagner de l'argent en France. Finalement, la majorité de ces personnes sont rentrées en Chine sans diplôme, ni compétence linguistique.

Q4 : Cette situation dure combien de temps ?

La situation a changé ensuite, peut-être les gens se sont rendus compte qu'il vaut mieux que les étudiants sortent du pays durant la phase universitaire. Du coup depuis 2003, la qualité des étudiants remonte.

Q5 : Que pensez vous des anciens étudiants en doctorat?

Les anciens docteurs n'avaient pas besoin de travailler durant leur temps libre, ils avaient le soutien économique du gouvernement chinois. Leurs buts étaient très claires : obtenir le diplôme, bien finir les études, rendre service à l'Etat chinois dans l'avenir. Les étudiants à l'époque formaient une élite.

Q6 : Et les nouveaux étudiants, qu'en pensez-vous ?

Par rapport aux anciens étudiants, les nouveaux ne sont pas aussi studieux, ceux qui n'ont pas assez de moyens, il leur faut travailler en dehors des études pour gagner leurs vies. Cela influence leurs études et, des fois, ils sont obligés de redoubler une ou deux années et même plus.

Mais par contre, c'est toujours une bonne chose de sortir de la Chine et d'ouvrir les yeux. C'est de toute façon une expérience impressionnante pour les jeunes. Il y a aussi beaucoup de bons étudiants, et vu que le nombre total augmente, le nombre de bons étudiants augmentent également. Je suis pour l'augmentation du nombre d'étudiants. En fait la proportion des étudiants chinois reste encore inférieure à celle des pays occidentaux. Je pense que cela favorisera le développement économique et culturel de la Chine, et aussi la communication et la coopération franco-chinoise.

Q7 : Est-ce que vous avez des conseils pour les étudiants chinois qui veulent étudier en France dans l'avenir?

Si tu as décidé d'étudier à l'étranger, précise ton but et ta motivation. Tu viens pour étudier mais pas pour t'amuser. Des étudiants ont gaspillé l'argent de leurs parents et sont rentrés de temps en temps en Chine, ça sert à quoi ? Donc je pense qu'il faut donner la priorité aux études, mais il faut aussi connaître la France, communiquer avec les Français, et c'est comme ça que tu prépares bien ton avenir.

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