Didier Gailhaguet avait déjà était suspendu de la FFSG de 2004 à 2007. / Photo Benjamin Martinez / Cuej
Non, il ne démissionnera pas, ou du moins, pas tout de suite. Pendant une heure et demie, mercredi 5 février, le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet, a affirmé devant la presse qu’il ne prendrait pas de décision sur sa démission avant la fin de l’enquête administrative diligentée par le ministère des Sports concernant les récentes révélations de violences sexuelles qui secouent le monde du patinage.
Fin janvier, L’Equipe et L’Obs ont divulgué les témoignages de quatre anciennes patineuses de haut-niveau qui déclarent avoir été victimes de violences sexuelles infligées par leurs entraîneurs, entre la fin des années 1970 et le début de la décennie 1990, lorsqu’elles étaient mineures. L’une d’entre elles, Sarah Abitbol, médaillée de bronze aux Championnats du monde 2000, a publié un livre intitulé Un si long silence.
Trois entraîneurs incriminés
Si les faits sont prescrits et renvoient à une époque antérieure à la présidence de Didier Gailhaguet, ils le mettent néanmoins en cause envers Gilles Beyer, l’un des trois entraîneurs concernés. Démis de ses fonctions en 2001, il a continué à cumuler plusieurs mandats au bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018. Plus largement, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, mardi 4 février, pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
« Je n’ai absolument pas protégé Gilles Beyer », a déclaré le président, depuis le siège de la fédération, tout en affirmant avoir appris les accusations de viols « il y a une semaine et demi » pour des faits remontants à plus de 20 ans. « Il n’y a pas eu un seul cas [de violences sexuelles] sous ma présidence qui n’ait pas été traité », a-t-il assuré.
Passe d’arme institutionnelle
De quoi prolonger son bras de fer avec la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui a réclamé sa démission, lundi 3 février : « Didier Gailhaguet ne peut se dédouaner de sa responsabilité morale et personnelle, je lui ai donc demandé d’assumer toutes ses responsabilités et de démissionner. »
En poste depuis 21 ans, l’indéboulonnable dirigeant de la FFSG se qualifie « d’homme clean », responsable « d’erreur, mais pas de fautes ». Il a pointé du doigt Marie-George Buffet, alors ministre des Sports au moment des faits. « Le ministère et la ministre de l’époque, par leur lâcheté, leur incompétence et leurs nombreuses volte-face ont permis de laisser des personnes sur la glace », a-t-il accusé.
Ambiance de fin de règne
Une lecture opposée à celle de la ministre des Sports actuelle, qui voit dans ces accusations tues pendant des années et le maintien au contact des athlètes d’un des accusés, Gilles Beyer, « un dysfonctionnement général de la Fédération. »
Malgré sa contre-attaque, Didier Gailhaguet semble de plus en plus fragilisé. Quatre des seizes membres du bureau exécutif de la FFSG ont démissionné, mardi 4 février, dont l’ancien patineur Alban Préaubert, sa caution sportive jusque là.
Benjamin Martinez