16 mars 2017
Frachement réélu, le président du Conseil européen Donald Tusk est venu présenter le 15 mars les conclusions de la dernière réunion des chefs d’Etat et de gouvernement. La plupart des groupes politiques lui ont réaffirmé leur soutien, sans pour autant être d’accord sur l’orientation à donner à l’Union européenne.
Le gouvernement de son pays voulait sa tête, et c’est peut-être ce qui l’a sauvée. L’obstination de Beata Szydlo, la Premier ministre polonaise, a conduit les 27 autres Etats membres à se serrer les coudes pour la réélection de Donald Tusk à la présidence du Conseil européen, le 9 mars. Venu présenter les conclusions de ce sommet au Parlement européen à Strasbourg le 15 mars, le Polonais a été plutôt bien accueilli par les chefs des différents groupes politiques.
Après les félicitations du président du Parlement Antonio Tajani, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a également complimenté Donald Tusk. Il s’est aussi essayé à l’humour : « C’était la première réunion du Conseil dans le nouveau bâtiment. Je pense que c’était la Tusk tower, et je préfère la Tusk tower à l’autre tour » a-t-il plaisanté, en référence à la « Trump Tower » du nouveau président des Etats-Unis. Manfred Weber (PPE, centre-droit) s’est quant à lui particulièrement réjoui de la réélection du président du Conseil.
Des conclusions décevantes sur le fond
Ces paroles de bienvenue n’ont toutefois pas pu faire oublier un Conseil européen décevant. Les conclusions présentées par Donald Tusk portaient sur trois axes : le libre-échange et la croissance au sein de l’Union, la défense et la sécurité, et enfin la gestion des flux de migrations. Il s’est d’abord félicité de la reprise de la croissance « partout en Europe », et d’un chômage « à son plus bas niveau depuis 2009 ». Concernant la crise migratoire, il a invité les acteurs européens à accélérer la mise en place de la déclaration de Malte, signée le 3 février. Le texte prévoit des mesures pour tenter de fermer la route de la Méditerranée centrale, empruntée par plus de 180000 migrants en 2016. Le temps presse selon le président du Conseil : l’été est en effet une saison propice aux traversées. Au sujet de la défense enfin, le président du Conseil a rappelé qu’il s’agissait d’un domaine stratégique, tout en expliquant que les chefs d’Etat et de gouvernement reviendraient dessus en juin, lors du prochain Conseil.
« Serez-vous l’homme de ces défis ? »
L’avenir de la construction européenne a particulièrement fait réagir Gianni Pittella (S&D, sociaux-démocrates). Le président du groupe socialiste du Parlement s’est interrogé sur la direction prise par l’Europe, et la rapidité de l’intégration européenne : « Le problème de l’Europe ce n’est pas d’avancer à 2, 3 ou 4 vitesses, c’est son orientation : où souhaitons nous aller ? ». Un questionnement partagé par la gauche radicale (GUE/NGL) et les écologistes. Philippe Lamberts (Verts/ALE) a d’ailleurs interpellé personnellement Donald Tusk à ce sujet : « On se demande si vous êtes l’homme de la situation, si vous avez le leadership et la vision qui permettront de sortir l’Europe de l’ornière. » Le co-président des Verts a ensuite évoqué la nécessité de mieux gérer la crise migratoire et de développer une Europe de la justice sociale, avant de mettre en garde contre une dérive sécuritaire de l’Union. A l’issue de son discours, il s’est tourné une dernière fois vers Donald Tusk :« Serez-vous l’homme de ces défis ? »
Texte: Anne Mellier
Photos: Maxime Bossonney