16 mars 2017
L'eurodéputée nord-irlandaise Martina Anderson (GUE/NGL, gauche radicale) est membre du Sinn Féin (parti pour l'unité de l'Irlande). Après la décision du Parlement britannique d'autoriser le Brexit lundi 13 mars, elle s'inquiète des répercussions sur les rapports entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.
Quel impact peut avoir le Brexit sur la relation entre les deux Irlande ?
Le Brexit va être un désastre, un fiasco, c'est de la folie. Il va mettre en danger un accord international de paix, qui est l'accord du Vendredi saint, voté en 1998 entre les deux Irlande et soutenu par les Nations Unies. Nous ne pouvons tolérer une situation où de nouvelles frontières seraient érigées en Irlande. Le gouvernement anglais dit qu'il y aura des frontières « frictionless » (sans frictions), mais on ignore encore ce qu'il entend par là. Je vous rappelle qu'il existe encore chez nous des groupes armés qui n'ont toujours pas signé l'accord de paix !
Que doit faire l'Union européenne ?
L'Union européenne doit s'assurer qu'aucune frontière ne soit rétablie au sein de l'Irlande. Ce serait une violation des traités européens qui impose le respect du droit international. L'Europe doit également se pencher sur la création d'un statut particulier pour l'Irlande du Nord afin que nos relations avec les Etats membres restent inchangées. Les Irlandais doivent rester libres d'aller et venir entre le Nord et le Sud de leur île. Nous sommes toujours dans une situation de post-conflit, malgré la vingtaine d'années écoulées. Ces 20 ans ont été marqués par des tensions, l'Union européenne doit donc nous garantir un statut particulier.
Cela pourrait-il mener à un référendum comme celui prévu en Ecosse ?
Pour la première fois, les Unionistes ne sont plus majoritaires en Irlande du Nord. Depuis les élections législatives du 2 mars dernier, le Sinn Féin est même devenu le deuxième parti, à seulement un siège du Parti unioniste démocrate. De plus, l'Irlande du Nord a voté à 56 % contre le Brexit. Je ne dis pas que les 56 % étaient pour l'unité, mais cela pourrait faire bouger les lignes, surtout chez les agriculteurs avec la disparition de la PAC.
Hugo Laridon