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« Si l’Union européenne n’est pas exemptée des taxes douanières que veut mettre en place Donald Trump, nous devrons réagir de façon ferme. » Dans un langage direct, Cecilia Malmström s’est exprimée, mercredi 14 mars au Parlement européen, sur les taxes annoncées par Donald Trump. La commissaire suédoise au commerce n'entend pas courber l'échine face au président des États-Unis qui veut imposer des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium. Selon les calculs de la Commission, le manque à gagner pour l’Union européenne pourrait être de 2,8 milliards d’euros.

Le 8 mars dernier, Donald Trump a officialisé la mise en place de ces taxes à hauteur de 25% sur les importations d'acier, et de 10% pour l'aluminium. La mesure ne s’appliquera qu’à partir du 23 mars. Le pensionnaire de la Maison-Blanche a précisé que certains pays pourraient y échapper. Le Mexique et le Canada en sont « pour le moment exemptés », a-t-il ajouté. L’Union européenne espère parvenir à un accord similaire, mais a tout de même élaboré une stratégie en cas d’échec dans les négociations.

Mercredi 14 mars, le Parlement européen, réuni à Strasbourg, a adopté à une large majorité deux propositions sur le budget de l’UE post-2020. Des textes ambitieux qui relancent le débat sur l’avenir financier de l’Union, sur fond de Brexit.

Le Parlement veut un budget plus grand. Et l’a réaffirmé ce mercredi 14 mars à Strasbourg en adoptant deux propositions, l’une sur le plan budgétaire et l’autre sur ses moyens de financement. D’ici 2021, les textes proposent une augmentation nette des recettes de l’Union en misant sur un vieux rêve européen : les ressources propres.

Les ressources propres, ce sont des taxes dont les recettes vont directement dans la poche de l’Union européenne, sans passer par celle des Etats membres. A l’heure actuelle, elles représentent moins de 30% des 157,9 milliards qui constituent le budget de l’Union. Mais les eurodéputés souhaitent voir cette part augmenter, en créant de nouvelles taxes. Premières mesures annoncées : prélever 5% des revenus des géants du numérique comme Amazon et Google, taxer la production de plastique, imposer les transactions financières... 

De l’autre côté, le Danemark, la Suède, les Pays-Bas et l’Autriche font bloc. « Mon but n’est pas d’augmenter les contributions, mais d’obtenir de meilleurs résultats avec un budget moindre », a déclaré début mars le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. La position de la France sur le sujet reste pour le moment floue. Si Emmanuel Macron entend pousser, avec Angela Merkel, à un effort collectif, le président n’a pas détaillé comment.

Entre les deux, une autre position se dessine : la Pologne, le Portugal et les trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) soutiennent la nécessité d’augmenter le budget coûte que coûte, y compris grâce à de nouvelles formes de recettes. Une volonté réaffirmée mercredi lors du discours d’Antonio Costa au Parlement : « le Portugal est disponible pour augmenter sa contribution et soutient la création de nouvelles ressources propres ».

Le consensus entre tous les pays sera compliqué à trouver. Si la proposition de la Commission et du Conseil est trop éloignée de leurs revendications, certains europarlementaires envisagent d’aller jusqu’au bras de fer et de ne pas accepter le texte. « Il faut savoir utiliser les outils mis à disposition par les traités ! », insiste Isabelle Thomas. Alors que l’UE doit valider son plan pour le budget avant la fin 2020, les débats s’annoncent houleux.

Marianne Naquet et Corentin Parbaud

En marge du sommet à Bruxelles fin février, c’est l’hypothèse d’une augmentation de la participation directe des Etats membres qui semblait la plus populaire auprès des chefs d’État. Avec ces « contributions nationales », qui constituent 70% du budget de l’Union, chaque pays donne un pourcentage fixe de son Revenu National Brut (RNB) à l’UE, chaque année. Le Parlement souhaite s’éloigner de ce mode de financement, pour ne plus dépendre des Etats.

La question brûlante des contributions nationales

Pourtant, certains pays ont clairement laissé entendre qu’ils voulaient contribuer davantage. Le nouveau gouvernement allemand s’est engagé sous la pression du SPD (sociaux-démocrates) à augmenter la contribution nationale. Huit pays d’Europe de l’Est se sont également prononcés en ce sens lors d’un sommet à Budapest début février. « Je suis extrêmement reconnaissant à ces États membres d’avoir accepté de contribuer un peu plus », a salué Günther Oettinger.

Des arguments balayés par l’autre camp, ressorti largement victorieux des scrutins (458 et 442 voix en faveur des deux textes pour seulement 177 et 166 voix contre), qui défend un budget adapté pour l’Europe. « Plus personne ne peut prétendre qu’avec ce budget, il est possible de financer les politiques européennes et les futures priorités », a souligné Alain Lamassoure (PPE, droite). « Avec un budget moins important, l’Union ne sera pas à la hauteur de ses ambitions. Elle perdrait son sens aux yeux des gens », a renchéri Jordi Solé, un eurodéputé espagnol (Verts, ALE).

Conjuguer anciennes et nouvelles priorités

Concrètement, les eurodéputés veulent profiter de l’argent supplémentaire engrangé pour continuer à financer les priorités traditionnelles de l’UE : la politique régionale et la PAC (Politique agricole commune). Les textes proposent aussi de renforcer certains programmes, en triplant le budget d’Erasmus ou encore en doublant les fonds destinés aux PME. « Nous avons plus à faire avec moins », estime Isabelle Thomas. Réchauffement climatique, réfugiés, les nouveaux dossiers s’accumulent.

Si le Parlement a arrêté sa position, il doit désormais trouver un terrain d’entente avec la Commission et le Conseil, c’est-à-dire les États. Si Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, indique « être d’accord à 90% » avec les propositions du Parlement, la position du Conseil est loin d’être arrêtée. D’autant que les Etats doivent adopter le texte à l’unanimité. Or, les divisions vont bon train.

Combler le trou budgétaire du Brexit

Pour l’un des rapporteurs belges Gérard Deprez (député PPE, droite), il est urgent de repenser le financement de l’UE. « On ne peut pas demander à certains États endettés de contribuer davantage. Les ressources propres peuvent prendre le relais. » D’autant que le départ imminent du Royaume-Uni va entraîner une baisse du budget annuel, de l’ordre de 12 à 14 milliards. « Avec le Brexit, la situation n’est plus tenable », explique la co-rapporteuse française, Isabelle Thomas (S&D, sociaux-démocrates). « Il faut doter le budget pour atteindre ses objectifs. » 

Dans l’hémicycle, les parlementaires se sont emparés du sujet. Deux camps se dégagent. D’un côté, les conservateurs et les eurosceptiques sont contre l’augmentation du budget, qu’ils jugent inutile. « Si un pays sort, il faut réduire la voilure. Les citoyens souhaitent une Europe économe », a réagi l’eurodéputé allemand, Bernd Kölmel (ECR, conservateurs). Le texte ne remporte pas non plus une totale adhésion auprès des libéraux : 20 europarlementaires ALDE, dont le président Guy Verhofstadt, se sont abstenus mercredi. La raison : un amendement sur la flexibilité budgétaire aurait été rayé des textes finaux.

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Chaque jour, des tonnes d'acier transitent par le port de Kehl. L'Union européenne exporte 5 millions de tonnes d'acier aux États-Unis chaque année. © Worldsteel Association

Le Parlement s’est réuni mercredi 14 mars pour débattre des mesures à mettre en place après les taxes annoncées par Donald Trump. Le président américain veut imposer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium.

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L'eurodéputé danois Anders Primdahl Vistisen, mardi au Parlement européen. © Louay Kerdouss

Lors du débat du 12 mars à Strasbourg sur la situation en Syrie, le vice-président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, le Danois Anders Primdahl Vistisen (CRE, conservateurs) a insisté sur l’importance du rôle américain pour trouver une solution à la crise.

Que faut-il faire pour débloquer la situation en Syrie ?

On manque d’un réel leadership. L’administration Obama n’a pas su faire respecter les lignes rouges qu’elles avaient posées. Cela a affecté la position des Etats-Unis au Moyen-Orient et leur crédibilité en tant qu’acteur pour la paix dans la région. Il faut absolument que les Etats-Unis reprennent les choses en mains. C’est indispensable pour arriver à un accord en Syrie.

L’Union européenne est incapable d’agir seule ?

On a besoin d’un pays disposant d’une forte crédibilité militaire pour contrebalancer la présence russe. L’Union ne dispose pas de cet atout, mais peut bien aider autrement comme sur le plan humanitaire. On a déjà voté des résolutions mais leur impact reste minime. La preuve, la trêve humanitaire décidée récemment pour acheminer les aides à la Ghouta n’a pas été parfaitement respectée. On a besoin d’être plus actif sur le terrain et réunir toutes les parties concernées sans exception autour de la même table.

Le départ d’Assad est-il toujours une priorité selon vous ?

Je comprends parfaitement qu’une partie du peuple syrien veuille le départ d’Assad. Mais je pense que l’Europe doit être réaliste. Même si Assad chute, ses partisans seront toujours là. Ils font partie des composantes de la société syrienne. On ne peut pas reproduire le scénario irakien après 2003, lorsqu’on a essayé de remodeler la société locale.Un accord qui respecte la composition ethnique de la Syrie est la bonne issue.

Propos recueillis par Louay Kerdouss

 

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