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Les lignes rouges du Royaume-Uni
La résolution du Parlement prend en considération les « lignes rouges » du gouvernement britannique qui exige de sortir de l’union douanière et du marché intérieur européen. Bien qu’elle n’ait pas donné de propositions concrètes sur les futures relations avec l’Union, Theresa May, la première ministre britannique, souhaite « un partenariat le plus vaste et le plus profond possible ».
Autrement dit, elle voudrait que certains secteurs qui exportent en Europe ne soient pas soumis à une tarification douanière et à des contrôles supplémentaires. Cela prendrait la forme d’un accès libre au marché intérieur. Seraient concernées les entreprises transnationales, qui possèdent des usines partout en Europe et au Royaume-Uni, comme dans l’aéronautique et l’automobile. Les banques, elles aussi préfèreraient ne pas être écartées afin de préserver la possibilité d’honorer leurs clients en Europe.
Pas de choix à la carte
Au cours du débat de ce mardi 13 mars, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker a rappelé qu’aucune concession concernant ces secteurs ne serait faite, car il veut préserver l’intégrité du marché unique européen. « Le choix à la carte ne sera pas possible, » a-t-il déclaré. Son discours a été largement applaudi par les eurodéputés.
« On ne peut être en et hors de l’Union, » a également insisté Michel Barnier, en charge des négociations pour le Brexit, lors du débat. « Les pays tiers ne peuvent pas bénéficier des mêmes droits que les pays membres de l’Union européenne. »
Une position partagée par certains élus britanniques. « Les conservateurs veulent le beurre et l’argent du beurre, » explique Richard Corbett (S&D, sociaux-démocrates) leader du parti travailliste au Parlement. « Ils veulent sortir de l’Union douanière et du marché intérieur, mais ils veulent quand-mêmes pouvoir exporter leurs produits sans entrave et sans barrière. »
Un autre député britannique, l’Ecossais Alyn Smith (Verts/ALE, écologistes), approuve l’accord de libre échange mais regrette que les propositions concrètes viennent seulement de l’Union européenne. « Rien du côté britannique. Cela prouve que Londres ne prend pas le Brexit au sérieux. »
Le problème de la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord
Pour Philippe Lamberts (Verts/ALE, écologistes), aucun accord commercial ne peut être conclu tant que le problème de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord n’est pas résolu. Si le Royaume-Uni sort de l’union douanière, la République de Belfast en sortira aussi automatiquement. Ainsi, un contrôle douanier serait installé entre le Nord et le Sud. Ni Bruxelles, ni Londres ne souhaitent un tel scénario. Par ailleurs, depuis 1998, l’accord du Vendredi-saint interdit la création de cette barrière pour ne pas diviser l’île.
Face à ce dilemme, Philippe Lamberts n’envisage qu’une seule solution raisonnable : « Il faut que les Britanniques restent à l'intérieur de l’union douanière et du marché intérieur. »
Ce point bloque les négociations car à ce jour il n’y a pas de propositions concrètes de la part de Downing Street. « S’ils veulent une frontière douanière sans contrôle, qu’ils nous expliquent comment le faire », interroge Richard Corbett (S&D, gauche).
« Le temps est court pour la négociation », selon Michel Barnier. Un compromis devra toutefois être trouvé avant le 19 mars 2019, la date effective du Brexit, sinon les relations commerciales seront réduites au minimum. L’Europe réclame donc « plus de clarté » au gouvernement d’Outre-manche qui, pour le moment, refuse toutes les propositions sans rien offrir en retour.
Mado Oblin et Konstantin Manenkov
Le Parlement européen a adopté mercredi 14 mars, une résolution pour définir les futures relations entre l’UE et le Royaume-Uni. Les eurodéputés se sont prononcés en faveur d’un accord de libre échange, et ont appelé le pays sortant à proposer des solutions concrètes.
Le Parlement européen ouvre une enquête sur la Commission. Jean-Claude Juncker a nommé Martin Selmayr, son propre chef de cabinet, au poste de secrétaire général de la Commission. Furieux que les procédures n’aient pas été respectées, les eurodéputés s’insurgent. Il faut marquer les esprits, montrer que le Parlement pèse sur les décisions. A plus d’un an des élections européennes, l’ombre du scrutin plane, à Strasbourg sur cette session parlementaire de mars.
Les eurodéputés cherchent déjà à séduire leurs futurs électeurs avec leur proposition de budget post-2020. L’objectif serait de combler le trou économique laissé par le Brexit en taxant les multinationales, et non les citoyens. Une proposition de réforme ambitieuse, qui ne sera peut-être pas appliquée, mais véhicule au moins l’image d’une Europe plus juste.
Il faut rassurer les citoyens, alors que le navire européen tangue sous la menace populiste, qu’elle soit européenne ou américaine. Déjà affaibli par les résultats des élections italiennes, le Parlement tente de tenir la barre face à Donald Trump. Le président américain a annoncé une hausse des taxes douanières sur l’acier. L’UE y exporte 5 millions de tonnes par an, ce qui pourrait menacer l’équilibre de la production, et par conséquent les emplois. L’enjeu est de taille. Il faut, déjà, commencer à limiter la casse.
Marie Dédéban
Choqués par le meurtre du journaliste d’investigation slovaque Ján Kuciak, les eurodéputés demandent à la Commission européenne de mettre en place une législation plus protectrice.
Il avait 27 ans. Le journaliste slovaque Ján Kuciak a été retrouvé mort, tué d'une balle dans la poitrine le dimanche 25 février, aux côtés de sa compagne Martina Kusnirova, touchée à la tête. Ils ont été assassinés dans leur maison à Velka Maca, à environ 65 kilomètres à l'Est de Bratislava. Ján Kuciak enquêtait sur des possibles liens entre le gouvernement et le réseau de la mafia italienne N’drangheta ainsi que sur des présumés détournements de fonds européens.
Ce double meurtre a bouleversé la société slovaque, menant plus de 40 000 personnes dans les rues d’une quarantaine de villes le 9 mars. « C’était la plus grande manifestation depuis les protestations contre le communisme en 1989 », raconte le journaliste Michal Katuska, employé de la Radio et Télévision de Slovaquie. Au même moment, six eurodéputés se trouvaient dans le pays pour une mission de deux jours envoyée spécialement après le meurtre. Cette délégation a rencontré le président de la République Andrej Kiska, le premier ministre Robert Fico, plusieurs autres ministres, la police, mais aussi des ONG et des journalistes.
« Une protection universelle en Europe »
Mercredi 14 mars, les parlementaires réunis en session plénière ont débattu de ce que devrait être la réaction de l’UE après le meurtre de Ján Kuciak, perpétré moins de 5 mois après celui de Daphne Caruana Galizia. Cette journaliste maltaise dénonçait des affaires de corruption dans son pays.
La plupart des eurodéputés ont insisté sur le besoin de protéger les journalistes d’investigation dans toute l’Europe. « La protection des lanceurs d’alerte est faible, aussi bien au niveau de la législation européenne que dans les Etats membres », a déploré l’eurodéputé grec Stelios Kouloglou (GUE/NGL, gauche radicale).
Une résolution sur la sécurité des journalistes en Europe sera votée lors de la prochaine session plénière en avril. Pour l’eurodéputé slovaque de droite Eduard Kukan (PPE), cette résolution devra garantir une protection universelle en Europe à tous les journalistes dans tous les Etats membres. « L’UE fonctionne très lentement. Le Parlement doit donc faire pression sur la Commission pour mettre rapidement en application les nouvelles règles qui seront adoptées », ajoute-t-il.
Dans un an, le Royaume-Uni ne fera plus partie de l’Union européenne. Pourtant, l’avenir des relations entre les deux parties n’est toujours pas défini. Le destin des échanges commerciaux restant incertain, le Parlement européen veut accélérer sur cette question. Pour faire avancer les négociations, il a adopté un accord bilatéral, mercredi 14 mars, sous la forme d’un « accord d’association ».
« On a proposé cet accord d’association pour éviter de multiplier les traités sans consistance ni gouvernance. » explique Guy Verhofstadt (ADLE, libéraux), négociateur en chef du Parlement pour le Brexit.
Ce texte englobe différents domaines de coopération, à savoir les relations économiques, la sécurité intérieure, les affaires étrangères et la défense. Le volet commercial est le point le plus débattu du dossier. Il définit un accord de libre échange qui se traduit par une réduction des tarifs douaniers sur les marchandises.
Priorité à la négociation
« Nous sommes partenaires de longue date avec les États-Unis, je ne vois pas pourquoi nous devrions justifier que nous ne sommes pas une menace. L'Union européenne devrait être exemptée de ces taxes », a énoncé Cecilia Malmström devant le Parlement européen. Le 10 mars, la commissaire européenne a pourtant subi un premier revers. Elle rencontrait à Bruxelles Robert Lightizer, représentant au commerce américain pour s’entretenir sur ces taxes. Leur conversation s’est révélée infructueuse pour l’Union européenne. « Une guerre commerciale serait néfaste pour les relations transatlantiques et l’ordre mondial bâti avec les partenaires américains, a-t-elle détaillé. Il faut éviter que les choses ne dérapent, manoeuvrer de façon prudente. » Donald Trump accuse l'Union européenne de taxer, elle aussi, les produits qu'elle importe d'une manière qu'il juge injuste.
« Pendant les quinze jours à venir, la priorité de l’Union européenne, c’est de parvenir à être exemptée de ces taxes », rapporte une source européenne. Lors du débat, les députés ont rappelé l’importance d’éviter une guerre commerciale. « Le Parlement soutient pleinement la Commission », a sobrement annoncé le bavarois Manfred Weber au nom du PPE (droite). Même son de cloche pour l’ALDE (libéraux) : « Nous n’avons pas besoin de guerre commerciale, nous allons faire notre possible pour l’arrêter », a précisé la députée néerlandaise Martieje Schaake. « Nous devons ensemble dire à M. Trump que nous tenons au respect du droit international et non au seul droit du plus fort qui prévaudrait sur tous les autres », a complété l’allemand Bernd Lange du S&D (Sociaux-démocrates)
Une taxe contre les Harley Davidson ?
En cas de maintien de la taxe sur les exportations d’acier et d’aluminium, trois axes de riposte sont possibles. L'Union européenne envisage, en premier lieu, d’intenter une procédure devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). À plus court terme, elle mettrait en oeuvre des mesures de sauvegarde. À la suite de l’augmentation des droits de douane américains, de nombreux pays pourraient chercher à exporter leur production vers l’Union européenne. Bruxelles mettrait ainsi en place des quotas d’importation, afin d’éviter une concurrence subite pour les producteurs européens.
Le troisième axe consiste en des mesures de rééquilibrage pour combler le manque à gagner. L'Union européenne travaille à l'élaboration d'une liste de produits taxés à leur importation des États-Unis. Seront concernés des articles typiquement américains, tels que les motos Harley Davidson, les jeans Levi’s, ou encore le beurre de cacahuètes. La liste pourrait être publiée par Bruxelles avant le 23 mars si les États-Unis n’ont pas reculé d’ici là. Les différents États membres en discuteront lors du « trade barriers committee ».
La liste se veut très symbolique, ce que conteste le député français Yannick Jadot (Verts/Ale) : « On exporte pour 6,4 milliards d’euros vers les États-Unis (dont 5,3 sur l’acier et 1,1 sur l’aluminium). On ne sait pas encore ce qui va être couvert par le dispositif américain. Il ne faut donc pas être dans le symbolisme mais dans la rétorsion commerciale à hauteur du préjudice subi.»
« On pourrait perdre jusqu’à 20 000 emplois »
Chaque année, l'Union européenne exporte 5 millions de tonnes d'acier aux États-Unis. « Avec 25% de droits de douane, on aura ces millions de tonnes d’acier qu’on ne pourra plus vendre à un prix compétitif sur le marché », explique Charles de Lusignan, porte-parole d'Eurofer. « L'industrie de l'acier est très présente en Europe, avec 320 000 employés », précise-t-il. Le secteur représente 1,2% du PIB de l'Union européenne. « Si les taxes entrent en vigueur, on pourrait perdre jusqu'à 20 000 emplois », ajoute-t-il. L'Allemagne serait la plus touchée : elle assure un quart des exportations vers les États-Unis avec 1,3 million de tonnes chaque année. La France se classe au 7e rang avec 277 000 tonnes.
Jeudi après-midi, Cecilia Malmström s'est entretenue par téléphone avec Wilbur Ross, le secrétaire d'état américain au commerce. Ils devraient se rencontrer la semaine prochaine pour poursuivre les négociations.
Nicolas Grellier et Mathilde Obert