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Malgré la circulation, se garer sur le trottoir reste l'option la plus simple. © Mado Oblin

En devenant plus attractif, le quartier devrait également devenir plus propice à l’activité touristique, qui va se regrouper sur le môle de la Citadelle. Batorama, qui fait voyager 800 000 touristes par an à bord de ses bateaux-mouche, a d’ores et déjà ses locaux sur place. Il devrait y être rejoint par CroisiEurope, un poids-lourd de la croisière fluviale, installé depuis 2002 à un kilomètre en amont du bassin. Le tour-opérateur cherche ainsi à se recentrer et à améliorer l’expérience de ses voyageurs qui pourront plus facilement accéder aux nouveaux hôtels qui viendront garnir les berges. Quant au sud du môle, il accueillera un port de plaisance flambant neuf, que pourront découvrir les 150 000 croisiéristes qui débarquent chaque année à Strasbourg.

L’association des Compostiers du Landsberg s’apprête à ouvrir son jardin partagé rue du Ballon. Un pari dans un secteur où les jardins collectifs ont du mal à trouver leurs adeptes.

Une trentaine de personnes de l’association et du quartier se sont déjà manifestées pour participer au projet Lands’herb. « Ce ne sera pas fermé à clé pour que tout le monde puisse venir quand il veut », précise Maxime Pomiès qui se veut optimiste : le vandalisme n’entachera pas l’esprit des jardins.

Séverine Agi, Louise Claereboudt, Tifenn Clinkemaillié

 

Le vandalisme, frein à l’engouement  

Ce manque d’engouement est exacerbé par les dégradations, monnaie courante dans les carrés potagers. « Il y a eu des voleurs vendredi dernier [le 19 octobre NDLR], regrette Aydin Huseyn, locataire aux jardins du Heyritz 2.  Ils ont volé des tomates, c’est déjà arrivé trois ou quatre fois. » Le retraité pointe le manque de protection des cultures : seule une barrière d’environ un mètre sépare les jardins du parc. Même constat au jardin partagé des Deux-Rives, victime en octobre d’un incendie volontaire. Les enfants du centre socio-culturel géré par l’association Au Delà des Ponts avaient construit un espace convivial composé de bancs et de palettes qui permettait de se réunir. Aujourd’hui, les chaises en plastique calcinées s’entassent dans un coin.

C’est le cas par exemple des cafés Sati, présents depuis 1965 le long du pont Vauban. « Au début des discussions en 2009, les cafés Sati étaient seuls sur cet espace et aucune contrainte particulière ne pesait sur leur fonctionnement. Avec les constructions le long de la route du Rhin, la pression est devenue plus forte », explique Stéphanie Treger, membre du Groupement des usagers du port (GUP). Longtemps isolée, l’entreprise sera bientôt cernée par des habitations. Elle devra revoir l’acheminement de ses matières premières et l’expédition de ses produits transformés.

Pour limiter ces nuisances, le GUP propose de mettre en place sur le port « un projet d'économie circulaire ». Depuis 2013, une vingtaine d’entreprises a déjà entamé des démarches dans ce sens : elles achètent des produits en commun, recyclent ensemble, échangent des matières premières… « Ce qu’une entreprise va considérer comme un rebut de sa production va être vu par une autre comme une matière première dont elle pourra tirer bénéfice et qu’elle pourra exploiter » espère Stéphanie Treger. Résultat attendu : les trajets routiers diminuent, les coûts aussi.

Chaque année, ce sont environ 18 millions de tonnes de marchandises qui sont acheminées en camion vers le Port. Un flux ininterrompu entrainant son lot de nuisances, du bruit à la pollution. Autant d’éléments à priori incompatibles avec l'avenir résidentiel promis au deuxième port fluvial de France. Pour que les entreprises historiques cohabitent avec ces nouveaux venus, elles doivent évoluer.

 

Un concept incertain

Ces boutiques éphémères sont encore au stade d’expérimentation. Les enseignes ne sont là que temporairement, ce qui limite leur visibilité. On entre dans ces magasins plus par hasard que par habitude, au grand dam de Marion qui constate que Monsieurtshirt.com cartonne tandis que les visiteurs de sa boutique jouent à cache-cache. Les enseignes  doivent donc miser sur des campagnes de communication pour se faire connaître. Mais ce n’est pas toujours suffisant : malgré une forte présence sur les réseaux sociaux, c’est avec le temps que l’Appart Leroy Merlin a réussi à trouver sa clientèle. Le magasin éphémère qui était censé rester six mois restera finalement jusqu’en août 2018. « C'est encore en phase de test, on ne sait pas si ce sera prolongé à nouveau, et si le concept sera étendu à d'autres villes ou non », précise Nina.

 

Rivétoile, terrain propice à l’innovation

A l'étage supérieur, l'espace Christmas So British est installé pour seulement trois mois. Une femme s’exclame en entrant : « Waouh, il y a même un salon de thé ! » Vestes au motif tartan, chapeaux melon, décoration, cupcakes et même un tatoueur sont réunis dans un lieu unique décoré à la mode britannique : des commerçants aguerris cohabitent avec de nouveaux créateurs alsaciens. Au total, une quinzaine d’exposants ont été invités par Mina Grendelbach à participer à l’expérience. 

La gérante, passionnée de l’univers d’Alice au pays des merveilles, avait commencé par organiser un salon à Ittenheim avant de proposer le concept à Rivétoile, quartier qu’elle considère « jeune et branché ». Séduit par l’idée de ces pop-up stores, le centre commercial les incite même à s’installer en leur proposant des loyers réduits.

La marque cultive le « cool » sur ses T-shirts (slogans humoristiques : « Appelle-moi Dieu », ou encore « C’est qui l’patron ? »), mais aussi à travers sa politique de vente et de management. Les vendeurs sont jeunes, 25 ans en moyenne, et ont l’habitude de tutoyer les clients. Marion a été recrutée puis formée par Skype. « Le reste, je l'ai appris sur le tas avec mes collègues. Il n'y a pas de responsable en magasin », nous indique-t-elle. Par courriel, son directeur rappelle régulièrement l’objectif : « Décoincer des culs ». En d'autres termes, un rapport détendu à la clientèle.

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