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Des virements bancaires instantanés et gratuits d’ici fin 2024


09 février 2024

À la fin de l’année, les Européens pourront virer de l'argent en quelques secondes et sans frais supplémentaires dans la zone euro. 

« Tous les Européens pourront virer de l’argent à n’importe quel moment de la journée, même en dehors des heures ouvrées, en quelques secondes », s'enthousiasme l’eurodéputé Michiel Hoogeveen (ECR, conservateur), rapporteur du règlement sur les paiements instantanés en euros. Ce mercredi 7 février, les eurodéputés se sont entendus à une écrasante majorité (599 voix pour, 7 contre et 35 abstentions) pour la généralisation du virement immédiat, d’abord dans la zone euro puis, à terme, dans les 27 pays de l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, ils ne représentent que 11% des transferts d’argent en Europe. L’UE entend favoriser leur développement en garantissant des services sécurisés. Les consommateurs auront la possibilité de virer de l’argent à un bénéficiaire certifié en moins de dix secondes.

S’il est déjà proposé dans certains pays, ce service est souvent payant. Par exemple, un transfert d’argent instantané peut coûter jusqu’à 70 euros en Italie. Désormais, les consommateurs ne seront plus surtaxés par les banques. L’UE cherche à promouvoir une pratique déjà commune dans des pays émergents comme l’Inde. Elle souhaite également affirmer sa souveraineté financière en s'autonomisant des applications tierces souvent américaines, comme Paypal ou Apple Pay.

Un moyen de paiement de la vie quotidienne

À terme, les usagers pourront même payer directement les commerçants avec leur application bancaire sur leur téléphone. Les associations de consommateurs, ainsi que les petites et moyennes entreprises, accueillent avec enthousiasme cette nouvelle mesure. 

Les européens auront accès aux virements instantanés sans frais supplémentaires avant fin 2024. © Yanis DROUIN

Selon Gerhard Huemer, directeur de la politique économique de SME United (Association des PME en Europe), ce règlement offre « la possibilité pour les PME d’user, à la place des cartes de crédit, des services de virements instantanés qui sont moins chers ». Actuellement, le bénéficiaire d’un virement doit attendre jusqu’à 72 heures pour recevoir son argent. Ce délai peut provoquer des difficultés de trésorerie pour certaines PME. Le nouveau dispositif permettra également de renforcer la lutte contre l’économie illégale. « Plus les paiements sont tracés, moins la fraude et le blanchiment ont de place », explique l’eurodéputé Claude Gruffat (Les Verts, écologiste).

La disparition de l’argent liquide ?

La multiplication des moyens de paiement numériques et tracés se heurte cependant à l’attachement tenace de certains pays de l’Union envers la monnaie papier. Un support que quelques eurodéputés ont souhaité défendre, comme Mick Wallace (The Left, gauche radicale). « Je crains que cela ne réduise les disponibilités de structures qui permettent de payer en liquide. C’est encore le moyen le plus inclusif de payer, il permet de rester indépendant. » Le député s’inquiète que le développement des virements numériques n'accroisse la dépendance des citoyens aux banques et autres entreprises privées.

Pour des raisons différentes, les banques ont aussi exprimé certaines réserves face à la nouvelle directive. Jusqu’ici, quand un virement était envoyé, elles disposaient de l’argent du paiement pendant un à trois jours avant que le bénéficiaire ne reçoive son dû. Cet argent en transit représentait 200 milliards d’euros chaque jour, dont elles ne pourront plus user. La Fédération Européenne des Banques regrette également le plafonnement jusqu’à 15 000 euros des virements. Les établissements bancaires ont désormais 9 mois pour appliquer ce service dans la zone euro et jusqu’en 2028 pour le reste de l’Union. 

Lounès Aberkane et Yanis Drouin

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