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Pensée pour le Racing et les événements animés par l’Eurométropole et la Ville, la future fanzone de la Meinau interroge les riverains. Le projet, jugé envahissant, pourrait menacer leur tranquillité.

En Alsace, c’est le chantier de la décennie. Un projet à 160 millions d’euros alors qu’il devait en coûter 100, passé successivement entre les mains de deux équipes municipales depuis 2019. Le stade de la Meinau, antre du Racing club de Strasbourg Alsace (RCSA), va être entièrement restructuré d’ici 2026. À terme, ses tribunes accueilleront jusqu’à 32 000 personnes, soit 5000 de plus qu’à ce jour. Plus globalement, ce sont tous les abords de l’enceinte qui vont être repensés. Au cœur de ce chamboulement : une fanzone d’une capacité de 6000 personnes. Cet espace verdoyant et festif bordera l’entrée ouest du stade. Pour le club et les collectivités, un outil formidable ; pour les riverains, une utilité discutable.

La fanzone est censée servir les intérêts des supporters du Racing aussi bien que ceux des habitants des Villas. Théâtre de la ferveur procurée par les Bleu et Blanc les jours de match, elle doit se muer en lieu de vie la semaine.

Un espace ouvert sur les Villas

"La fanzone va permettre de donner une autre dynamique au quartier, explique Owusu Tufuor, adjoint au maire en charge du sport. Ce sera un lieu fermé seulement lors des matchs et traversant le reste du temps."

Symbole d’un périmètre en pleine restructuration, la fanzone se veut comme le point de rendez-vous de la partie nord des Villas. 

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La fanzone accueillera jusqu'à 5000 personnes, 6000 les jours de match. © Populous

"Ce dont on a besoin, c’est d’avoir un endroit qui soit accessible à tous, rappelle Abdelkarim Ramdane, référent du quartier de la Meinau. On ne peut pas garder un truc aussi horrible que le parvis actuel. Notre objectif, c’est d’avoir un espace qui sera notamment utilisé par les étudiants de l’Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation), et par les enfants qui sortiront de l’école Krimmeri-Meinau (les deux établissements, situés rue de l’Extenwoerth, au nord du stade, sont en chantier jusqu’en 2025, NDLR)."

Réaménagement oblige, les zones de stationnement et la voirie à l’ouest du stade vont être repensées. Les parkings VIP numéro 1, 2 et 3 se déplaceront au nord-est du stade, rue des Vanneaux. La rue de l’Extenwoerth deviendra exclusivement accessible par la rue Maria-Montessori, et se transformera en impasse, avec le nord de la fanzone comme limite. Enfin, le parking du McDonald’s disparaîtra. 

Aux Villas, la future fanzone fait grincer des dents. "On aurait voulu que soit maintenu un accès routier au quartier par le nord de la Meinau. Le stade est déjà une infrastructure qui rentrait au chausse-pied dans le quartier. Avec la fanzone, le pied va augmenter en taille" se plaint Romaric David, président du comité auto-constitué des habitants des Villas, qui, comme les autres riverains, se repliera sur la rue du Général-Offenstein au trafic déjà très dense. "Il y a une poignée de personnes qui veulent garder ce passage. Mais on a une vision de quartier, on ne regarde pas les usages particuliers", répond Abdelkarim Ramdane. 

La partie nord des Villas en 2026, après la restructuration du stade et l'apparition de la fanzone. © François Bertrand et Aryel Camus

Ce quotidien paisible est déjà menacé par le stationnement sauvage, un phénomène - inévitable les jours de match - qui pourrait encore s’accentuer, malgré la campagne de verbalisation menée dans le secteur depuis le début de l’année. "On avait 18 000 places autour du stade, il y en aura moins", confirme Frédéric Thommen, directeur de l’architecture et du patrimoine à l’Eurométropole de Strasbourg.

Les collectivités misent sur l’augmentation de la fréquence des tramways, une meilleure accessibilité piétonne et cyclable au stade et la redynamisation de la gare Krimmeri-Meinau pour diminuer la part de spectateurs venant en voiture, qui s’élève à 71 %. "On fait ce pari parce qu’on est sûr de le gagner", garantit Frédéric Thommen.

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Les travaux de la tribune Sud seront achevés en 2025. © F.B.

Loin d’être séduit par ces animations, la cinquantaine de riverains représentée par le comité des habitants des Villas se soucie de sa tranquillité. "La fanzone doit être utilisée dix fois. À la onzième, on fait quoi ?", interroge Romaric David. "Rien n’empêche, en fonction des projets, qu’il puisse y avoir plus ou moins d’événements", admet l’élu référent du quartier.

Longtemps pointées du doigt par les résidents, les nuisances sonores devraient donc persister. De son côté, l’Eurométropole assure que le bruit "restera à quelques décibels près identiques au niveau actuel".

Cependant, une enquête publique menée à la demande de la région Grand Est, du département du Bas-Rhin et de la commune de Strasbourg publiée en 2022 soutient que ce volet "aurait mérité d’être approfondi en marge de la fanzone extérieure". Le rapport déplore que "l’étude [de l’EMS] s’est focalisée sur le bruit venant du stade pendant les matchs". En cas de gêne, "les habitants des Villas peuvent solliciter le club, l’EMS ou la mairie", certifie Abdelkarim Ramdane.

Point noir : les habitants dénoncent des rapports verticaux dans lesquels leurs revendications sont rarement prises en compte. Alors qu’elle est encore en "work in progress", la fanzone cristallise les tensions.

François Bertrand et Aryel Camus

 

Incertitudes autour du projet

Pour la fanzone, rien n’est joué. Sur le papier, elle abritera un "sport’s bar", une billetterie, une boutique, un espace muséal, un kiosque à musique et un écran géant. Dans les faits, l’existence de ces infrastructures dépend du bon vouloir du RCSA.

"Le contenu de la fanzone, c’est le Racing qui le gère, même si la Ville et l’Eurométropole sont propriétaires", résume Abdelkarim Ramdane.

Concernant son utilisation hors match, "le Racing disposera du droit à cinq exploitations, l’Eurométropole et la Ville de Strasbourg auront droit aux cinq autres", affirme Benjamin Guthleben, directeur marketing et communication du club strasbourgeois.

Au programme ? Là aussi, c’est assez flou : des événements sportifs et musicaux, des brocantes…  

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© Aryel Camus

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