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Les cycles éphémères d'un brasseur authentique

11 octobre 2013

Dans la vitrine, seules quelques bouteilles empoussiérées trahissent l'activité du lieu. Derrière elles, la brasserie Bendorf se dérobe à la curiosité des regards. Ni enseigne, ni écriteau pour ce lieu singulier, niché dans un recoin du quartier de Neudorf. De la rue, on peut épier les va-et-vient ininterrompus de Benjamin Pastwa, entre  quatre murs carrelés d'un blanc givré. Depuis huit mois, cet œnologue de formation œuvre, dans le doux tintamarre des cuves à fermentation, à l'élaboration de bières originales.

« Jusqu'à l'année dernière, je brassais chez moi durant mes temps de repos. Après mon licenciement, il y a quelques mois, j'ai pu assouvir pleinement ma passion. J'ai tenté quelques concours et, le succès venant, je me suis installé dans ce local pour faire de la brasserie mon métier à part entière. » Lorsqu'il évoque son travail, aucune prétention ne vient bousculer la justesse et la simplicité de son récit. Une modestie que ce tout juste trentenaire continue de cultiver malgré sa récente récompense : un Fourquet d'Or et d'Argent au dernier festival du brasseur de Saint-Nicolas de Port. 

« En plus des bières ambrées, blondes ou au miel, l'idée de varier les saveurs m'a progressivement séduit. J'ai créé une gamme de "cycles éphémères". Passé les expérimentations, je réalise, tous les mois, un brassin unique que je ne reproduirai pas forcément par la suite. La toute première était une brune au pinot noir, la seconde à la cerise puis à la framboise. La dernière, une ambrée aux fleurs de sureau. »

A peine auront-ils franchi les portes de la brasserie que les quelques litres de ces créations iront s'écouler dans les gosiers les plus proches. Une production limitée, comparée aux 800 litres hebdomadaires que le jeune entrepreneur produit et déverse dans plusieurs bars et commerces de la cité strasbourgeoise. Leur créateur a pour le moment soif de nouveauté. « Les gens viennent me voir pour m'en proposer des nouvelles. Une au géranium devrait venir. J'en crée perpétuellement ! »

Thomas Arrighi

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