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"Ici c'est un peu Berlin Est"

15 octobre 2018

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Personne ne sait jusqu'où vont ses souterrains, l'association la Fabrique est installée dans l'ancienne glacière de la brasserie Grüber. Ce lieu à part peut se visiter chaque jeudi soir. 

Ce qu’ils y font n’a rien de confidentiel mais les membres de la Fabrique sont bien cachés. Celui qui veut les rencontrer doit remonter la route des Romains, dans le quartier de Koenigshoffen, puis pénétrer dans le parc Grüber sur le site de l’ancienne brasserie industrielle.

Une fois descendu la côte le long de la voie ferrée, on arrive dans une cour où une vieille bâtisse est collée à un édifice industriel.

Chaque jeudi soir, dans les entrailles de cette usine désaffectée, ont lieu les portes ouvertes de l’association née il y a quatre ans.

Ateliers sous terre

« C’est un lieu ouvert à tous, débute Manuel Simoes en nous accueillant. Ici on mutualise les moyens, la seule obligation, c’est de s’entraider. » La structure propose à ses adhérents d’échanger leurs connaissances et d’utiliser du matériel selon leurs envies. Electronique, couture, menuiserie… Les activités naissent en fonction des idées de chacun, à l’image des forgerons qui battent le fer depuis un an.

Manuel Simoes s’engouffre dans la bâtisse. A l’intérieur, les parois en contreplaqué et des objets de récupération forment un curieux ensemble. « C’est un espace en continuelle transformation », précise notre guide en passant à côté de machines à coudre d’usine jouxtant un salon improvisé fait de canapés en cuir démodés.

Sans nous en rendre compte, nous passons sous terre dans des travées semblables à des couloirs de métros en plus hauts. Du temps de la brasserie, elles servaient à stocker la glace qui permettait de contrôler la fermentation de la bière. « Grüber a été le premier en Europe à industrialiser la bière », explique Manuel Simoes, intarissable.

Chacune des neuf travées souterraines a son atmosphère. Dans la première, on trouve un grand atelier pour les vélos, on sent le cambouis et on entend les cliquetis raisonner. Quelques pas plus tard, c’est l’odeur du bois, que l’on perçoit, en pénétrant dans la menuiserie installée dans le second tunnel. « C’est un lieu impressionnant », observe Caroline, une touriste venue par curiosité.

Impossible de savoir jusqu'où vont les souterrains

L’exploration se poursuit par la découverte d’une maison sous terre en toile. « On utilise cet endroit pour stocker le bois, explique Manuel Simoes. Il y a une machine pour le préserver de l’humidité. »
Les galeries se poursuivent sur des dizaines de mètres où sont stockés à perte de vue divers objets de récupération.

L’expédition se termine dans l’obscurité, éclairés par un téléphone portable. Nous arrivons alors au pied d’un mur de briques; impossible de savoir jusqu’où vont les tunnels de l’ancienne brasserie. « Des travées ont été localisées jusqu’à l’entrée du centre-ville », rapporte notre hôte.

Les coups de marteau des forgerons accompagnent notre retour à la surface alors qu’un brasero réchauffe les spectateurs assis dans des sièges en morceaux de vélos.

A mi-chemin entre un laboratoire et un décor de cinéma, la Fabrique de Grüber est un lieu indescriptible. « Ici, c’est un peu Berlin-Est »: note Manuel Simoes. On ne saurait dire mieux. 

Texte Thibaut Chéreau, photos Emilie Sizarols

Infos pratiques :  La Fabrique, portes ouvertes gratuites tous les jeudis de 18h30 à 22h, 91 route des Romains, 67200 Strasbourg, , 03 88 12 23 87.

 

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