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Au bord du gouffre financier, la Maison des jeux risque de fermer

03 octobre 2019

La Maison des jeux a lancé en juillet 2019 une cagnotte en ligne pour combler son déficit. Confrontée de longue date à plusieurs difficultés, l'association de promotion des jeux de société espère éviter le dépôt de bilan avant la fin de l'année. 

Créée il y a vingt ans, la Maison des jeux est la première association dédiée aux jeux de société à Strasbourg. Sa situation financière est particulièrement difficile, avec un déficit de 38 000 euros au dernier bilan 2018. Si le déclin financier a été depuis légèrement enrayé, la situation reste préoccupante. « Nous avons jusqu’à décembre pour trouver 20 000 euros, sans quoi nous déposerons le bilan. Nous avons lancé un appel aux dons en juillet mais à ce jour, seuls 1 000 euros ont été récoltés », explique Vincent Ritt, salarié de la Maison des jeux. 

En février 2019, la structure a été contrainte de licencier un salarié. Mais les difficultés ne datent pas de cette année. « Il y a cinq ans, nous avons quitté les locaux de la Maison des jeux car le président de l’époque voulait déjà arrêter l’activité et déposer le bilan », se souvient Didier Cottel, vice-président de la Sauce aux jeux, une association proposant des jeux plus longs et plus difficiles, située rue du Doubs à Strasbourg. Jusqu'à aujourd'hui, la Maison des jeux a réussi tant bien que mal à se maintenir à l’équilibre grâce aux 15 700 euros de subvention annuels de la Ville. « C’est insuffisant », déplore Vincent Ritt.

Des charges trop élevées

Les prestations de découverte de jeux à différentes associations alsaciennes, qui constituaient une activité rémunératrice, est en perte de vitesse. Selon le salarié, la baisse généralisée des subventions accordées au monde associatif explique le recul des demandes. Aujourd'hui, les bénéfices limités ne suffisent pas à payer les huit salariés et les frais locatifs. « Nous sous-louons nos locaux à des associations à prix réduits. Nous ne pouvons acheter qu’une vingtaine de jeux par semestre », regrette Lise Aurore Michel, l’autre employée.

Les bars à jeux se concentrent dans le centre-ville de Strasbourg tandis que les associations sont excentrées.

Autre raison évoquée, le manque de bénévoles : une pénurie qui ne permet pas d’attirer un public nouveau. Yael Ross, membre de l’association Don des dragons, structure qui organise un jeu de rôle géant, soutient la Maison des Jeux mais ne la fréquente pas : « Ils n’organisent pas d’événements, je ne vois rien passer sur les réseaux sociaux. À la Sauce aux jeux, il y a trois événements par mois. » Une remarque confirmée par Didier Cottel : « De notre côté, nous fonctionnons uniquement avec des bénévoles. Une vingtaine sont actifs. L’association Ludus nous met des locaux à disposition gratuitement. Nous avons peu de charges, c’est pour cela que notre structure a du succès », explique-t-il. 

Face à la concurrence, une communication inexistante

Basée à l’entrée de la route de Schirmeck à Montagne-Verte, à quelques centaines de mètres de l’arrêt de tramway Montagne-Verte, la Maison des jeux souffre d’une localisation peu avantageuse. « Je n’en ai jamais entendu parler, ça me viendrait pas à l’idée d’aller à cet endroit pour jouer », explique une cliente du bar à jeux les Tricheurs, situé dans le centre-ville.

Depuis deux ans, les établissements de ce type se développent à Strasbourg: « Ils poussent comme des champignons », affirme Robin Didierjean, président d’une association de jeu de rôle. Il en existe désormais six, tous concentrés dans le centre-ville. Un facteur aggravant pour la Maison des jeux qui, actuellement, ne compte que 680 likes sur sa page Facebook, quand celle du bar les Tricheurs en affiche plus de 2 630 et celle de la Sauce aux jeux 1 810. « La communication, c’est un vrai métier et nous n’avons pas assez de bénévoles pour gagner en visibilité », décrit Vincent Ritt. 

La structure aimerait se diversifier en ouvrant une ludothèque. Un projet toujours dans les cartons, au vu des sombres perspectives.

Maxime Arnoult

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