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Avec La Mer à Boire, le réalisateur Jacques Maillot met le spectateur face à une réalité, celle de la crise. Daniel Auteuil interprète un petit patron qui, lâché par les banques, doit licencier ses salariés.

Jacques Maillot propose un drame social sur la crise économique. (crédit : Marion Michel)

La salle est comble ce vendredi 22 février à l'UGC de Strasbourg. Le réalisateur, Jacques Maillot, vient présenter son dernier film La Mer à Boire, accompagné de l'acteur principal du film Daniel Auteuil. Jacques Maillot propose ici un drame social. Georges Pierret, interprété par Daniel Auteuil, est le patron d'une petite entreprise de chantier naval marseillaise. Un jour, sa banque le lâche. Georges tente de sauver l'entreprise qu'il a passé sa vie à bâtir. C'est pour lui le début d'un long combat.
Jacques Maillot dessine le portrait d'un homme de cinquante ans, petit chef d'entreprise sur lequel s'abat la dure réalité du monde économique. C'est là, l'une des originalités du film. Le cinéma actuel présente peu ce point de vue :

Ainsi, Georges se retrouve au milieu de tous ces rouages de l'entreprise. Le choix de ce personnage principal permet au réalisateur de "faire le portrait de plein d'autres réalités."
A la lecture du pitch de La Mer à Boire, on se trouve en présence d'un film sur la crise économique. Pourtant, ce n'est pas ce thème qui a inspiré Jacques Maillot. Mais lors de l'écriture, "elle [la crise] s'est imposée".

La Mer à Boire est un entrelacement de destins. Celui des salariés qui, du jour au lendemain, perdent tout. Celui de banquiers et d'actionnaires qui ont pour seul objectif l'avidité de l'argent, du bénéfice et du gain. Et celui d'un homme pris au milieu de tous. Cet homme, Georges, se bat pour sauver son entreprise, "sa vie". Jacques Maillot prend à contre-pied le cliché du patron tout puissant à travers cet homme prêt à tout.  Daniel Auteuil offre à Georges sa modestie et son charisme.

Jacques Maillot propose ici un film à la frontière du documentaire. Il se sert d'un cinéma pour décrire la société actuelle : les entreprises qui ferment, les salariés qui occupent leurs usines, la pression des actionnaires… Si La Mer à Boire semble à ce point réaliste, c'est parce que Jacques Maillot s'est inspiré de "beaucoup de choses réelles". Il s'est avant tout inspiré d'un fait divers. Alors qu'il commençait l'écriture de son scénario, le patron d'un chantier naval de la Rochelle s'est suicidé. C'est à partir de cet événement qu'il a décidé de situer son histoire dans cet univers. Par ailleurs, Jacques Maillot est un réalisateur engagé. En 2003, il s'est investi aux côtés des intermittents du spectacle. Cette lutte a nourri sa mise en scène.

Jacques Maillot dresse ainsi un dur constat de la société. Pris dans la vague de la crise, les individus se replient sur eux-mêmes, ne laissant aucune place à l'espoir. Aucun se trouve digne d'être respecté ou aimé. Lors de la séance de questions qui suit les avant-premières, les spectateurs ont mis en avant ce côté réaliste qui donne au film sa dimension dramatique, voire tragique. Jacques Maillot a reconnu que son film laissait peu d'espoir mais c'est sa vision de la réalité.

Le réalisateur a confié qu'il se trouvait en état de "révolte" lors de l'écriture de La Mer à boire. Malgré quelques faiblesses scénaristiques, ce film bouscule le spectateur en lui montrant les conséquences parfois tragiques de la crise économique.
 

Marion Michel.

La Mer à Boire, sortie le 22 février. Durée : 1h 38. Avec Daniel Auteuil ( Georges Pierret), Maud Wyler (Jessica), Yann Tregouët (Luis), Alain Beigel (Yannick), Moussa Maaskri (Hassan), Patrick Bonnel ( Richard), Carole Frank ( Hyacinthe), Marc Chapiteau (Claude), Xenia Buravsky ( Elena), Guillaume Marquet ( Louis Vendeuil), Lydia Andréi ( Mathilde) et Michel Voïta ( Alexandre Cervier).