Les professionnels du livre préfèrent miser sur la période des remises de prix littéraires en novembre et la période de Noël.
Une librairie touche entre 30% et 40% sur la vente d'un livre. / Photo Robin Magnier
Véritable tradition française, la rentrée littéraire, qui a commencé le 18 août, est un rendez-vous incontournable, presque inconscient, pour les lecteurs qui attendent les nouveautés avec impatience. Un événement longuement préparé dans le secteur de l’édition et un véritable enjeu pour les librairies, sans toutefois présager des retombées économiques.
« Ça frémit déjà », s'exclame Jennifer, gérante de la librairie La Tache Noire, rue de Zurich à Strasbourg, ce mercredi 11 septembre. La rentrée littéraire, qui va s'étendre encore jusqu'en novembre, n’a démarré qu’il y a un mois à peine, mais les premiers effets s’en ressentent déjà. « La rentrée attire les gens », affirme Jennifer dont la boutique a accueilli pas moins de 80 ouvrages inédits. Car les plus grandes nouveautés sortent à cette période de l’année, notamment les « grands noms » comme Amélie Nothomb ou Marie Darrieussecq qui veulent entrer dans la course aux prix.
Un attrait des lecteurs pour la nouveauté qui engendre inévitablement une demande des libraires beaucoup plus forte qu’en temps normal : « On doit doubler voire tripler la la distribution sur le marché », explique Jean-Luc Barré, directeur de la collection Bouquins au sein de la maison d'édition Robert Laffont.
Un travail de sélection
Cette année, la production de nouveaux romans enregistre une légère diminution : 524 ouvrages font leur apparition dans les rayons contre 567 en 2018. Evidemment tous ne s’attirent pas les faveurs des libraires qui, pour éviter les invendus ou les ruptures de stock, doivent procéder à un vrai travail de sélection. « On doit faire des choix », justifie Jennifer. Les vendeurs de livres préparent donc la rentrée à la fin du printemps. A partir de juin ils reçoivent chacun leur tour les représentants commerciaux qui les guident dans leurs catalogues.
Au Quai des Brumes, situé Grand’Rue à Strasbourg, Sébastien l’un des deux gérants privilégie les auteurs qu’il suit et défend depuis longtemps comme Laurent Mauvignier auteur de Continuer en 2016 : « On aime les livres qui sont en adéquation avec l’image de la librairie », raconte t-il. Pour le reste, il s’autorise parfois quelques prises de risques avec des nouveaux écrivains: « On se demande toujours si le livre peut durer, s’il sera encore là dans 10 ans. »
Tariq Ramadan, Abd Al Malik ou Amélie Nothomb sont parmi les auteurs les plus demandés. / Photo Robin Magnier
Noël fait grimper les ventes
Si la rentrée littéraire reste l’un des moments forts pour les libraires en terme de ventes, elle fait surtout office de rampe de lancement pour les quatres plus importants mois de l'année qui s’annoncent, avec en ligne de mire les fêtes de fin d’année : « On réalise plus d’un quart de notre chiffre d’affaires seulement sur le mois de décembre », s’enthousiasme t-il.
« Ce sont les prix littéraires attribués en novembre qui font vendre », analyse l’éditeur Jean-Luc Barré. Forts d’une nouvelle médiatisation, les livres consacrés par les jurés vont alors réapparaître en haut des étals. Du côté des éditeurs, on confirme cette tendance : « Les ventes de Noël sont considérables, sans aucun doute les meilleures que nous réalisons », confie Jean-Luc Barré. L’ancien écrivain l’affirme, le livre fait partie des valeurs sûres que l’on retrouve régulièrement sous le sapin. « C’est un produit que les gens veulent et aiment offrir », affirme l’ancien écrivain.
Robin Magnier