Des supporters anglais ont empêché mardi un homme noir de monter dans le métro parisien, quelques heures avant le huitième de finale aller de la Ligue des champions entre le PSG et Chelsea.
Le football renvoyé à ses vieux démons racistes? Le Guardian a publié mardi soir une vidéo amateur montrant des supporters de Chelsea empêchant un passager noir de monter dans le métro parisien. Une attitude visiblement uniquement motivée par sa couleur de peau. Au début de la séquence de 57 secondes, une dizaine de personnes chantent en anglais à l'intérieur d'un wagon. "L'atmosphère était agressive, alors j'ai sorti mon téléphone pour filmer", raconte Paul Nolan, un Britannique vivant à Paris cité par le journal anglais.
Le témoin explique que la rame était arrêtée depuis trois minutes à la station Richelieu-Drouot lorsque la future victime est arrivée. Tentant d'entrer par la seule porte qui ne s'est pas encore refermée, il reste à quai, bloqué par les supporters qui lui font barrage. L'un d'eux scande un slogan sportif en levant le point à plusieurs reprises. L'individu noir insiste et tente de passer en force. Il arrive à poser un pied dans le métro mais se fait alors violemment éjecter de la rame. Après une vive discussion et la dernière tentative montrée par la vidéo, il se fait à nouveau repousser. "Nous sommes racistes, nous sommes racistes et nous aimons ça", clament en coeur les supporters sur un air sportif connu.
"Ce type de comportement est répugnant et n'a pas sa place dans le football et la société", a condamné le club Chelsea, cité par les médias anglais, ajoutant que le club "soutiendra toute action pénale contre les personnes impliquées". Il s'est aussi dit prêt à prendre des mesures conte eux s'ils sont abonnés. "Y compris des interdictions de stade".
Joseph Blatter, président de la FIFA, s'est offusqué sur Twitter : "Il n'y a pas de place pour le racisme dans le football".
I also condemn the actions of a small group of Chelsea fans in Paris. There is no place for racism in football!
— Joseph S Blatter (@SeppBlatter) 18 Février 2015
Un incident qui survient quelques jours après une nouvelle polémique en Italie, elle aussi pour une affaire de racisme. Lundi Arrigo Sacchi, ex-entraîneur de l'AC Milan et ancien sélectionneur de l'Italie, soutenait que "l'Italie n'a plus aucune dignité ou fierté car elle fait jouer trop de joueurs étrangers (…) Il y a trop de joueurs de couleurs, y compris dans les équipes de la Primavera (ndlr le championnat des moins de 21 ans)". Graziano Delrio, secrétaire d'Etat italien chargé des Sports, s'est indigné : "Aujourd'hui, il y a des jeunes joueurs qui sont citoyens italiens (…) même si leurs parents ont des racines étrangères."
La FIFA et l'UEFA sont engagées depuis plusieurs années contre le racisme. Des banderoles "Say no to racism" sont réguliérement déployées devant les équipes avant les matches internationaux ou de Ligue des champions. La campagne mobilise également des joueurs reconnus dans des spots de sensibilisation. Les supporters racistes encourent des poursuites pénales et des interdictions de stade. Les clubs peuvent aussi être poursuivis pour les actes de leurs fans et risquent un match à huis clos, des retraits de points ou une amende.
Le parquet de Paris a ouvert mercredi une enquête pour "violences volontaires en raison de la race dans un moyen de transport collectif".
Samuel Bleyne