L'Union européenne et plusieurs gouvernements européens se sont exprimés sur la proposition de la ligue arabe de former une force "arabo-onusienne" pour le maintien de la paix en Syrie. Moscou et Pékin, alliés du régime syrien, sont restés quant à eux très prudents.
Les premières réactions sont tombées ce lundi matin au souhait, exprimé dimanche par la Ligue arabe dans un communiqué à la sortie de sa réunion au Caire, de "demander au Conseil de sécurité (de l'ONU) d'adopter une résolution pour la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne conjoint pour superviser l'application d'un cessez-le-feu" en Syrie.
Dimanche soir, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a répondu à son homologue de la Ligue arabe Nabil al-Arabi "qu'il appartiendra au Conseil de sécurité d'envisager la suite à donner aux demandes spécifiques de la Ligue". Il a une nouvelle fois appelé le gouvernement syrien à cesser immédiatement l'usage de la force contre les civils, et pris contact avec le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu pour évoquer la situation humanitaire en Syrie.
Juppé contre l'intervention des casques bleus, L'Europe favorable à une résolution rapide
Plusieurs gouvernements ont réagi lundi à cette proposition. Alain Juppé s'est exprimé contre une intervention des casques bleus en Syrie lors d'un point-presse dans l'après-midi: "Nous pensons qu'aujourd'hui toute intervention à caractère militaire extérieure ne ferait qu'aggraver la situation." Avec cette position, Paris se place à contre-courant de ses principaux partenaires européens.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a salué lundi matin les propositions de la Ligue arabe et affirmé que Londres allait "discuter de manière urgente" avec ses partenaires sur une force de maintien de la paix. Il a rajouté que l'intervention ne devrait pas inclure de forces occidentales: "Je ne crois pas qu'avoir des bottes occidentales sur le terrain, quelle qu'en soit la forme, y compris une force de maintien de la paix, soit une voie à suivre en Syrie."
Le ministère des Affaires étrangères allemand a déclaré que "la proposition d'une mission conjointe de la Ligue arabe et des Nations-Unies doit aussi rapidement que possible être soumise au conseil de sécurité." Quatre employés de l'ambassade de Syrie avaitent été expulsé en raison d'une affaire d'espionnage contre des opposants Syriens à Berlin la semaine prochaine. Nabil Al-Arabi doit se rendre demain en visite officielle en Allemagne.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton (par le biais de son porte-parole), et le ministre des Affaires étrangères italien ont également exprimé leur soutien aux propositions de la Ligue arabe.
Moscou veut un cessez-le-feu préalable
Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Russie, alliée de Damas, a déclaré que Moscou étudie la proposition de la Ligue arabe. Il a précisé qu'un cessez-le-feu préalable est nécessaire: "Pour déployer une force de maintien de la paix, il faut l'autorisation de la partie qui la reçoit, tout d'abord. Deuxièmement, pour envoyer une mission de maintien de la paix (...) il faut qu'il y ait une paix à maintenir. En d'autres termes, il faut quelque chose qui ressemble à un cessez-le-feu." Il a également mis en cause l'opposition: "Les groupes armés qui combattent le régime syrien n'obéissent à personne et ne sont contrôlés par personne."
Enfin, Pékin s'est exprimé en faveur d'une solution par "le dialogue" et "la médiation politique". "La Chine soutiendra les actions de la communauté internationale qui sont compatibles avec les positions de la Chine", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Liu Weimin. La Chine, tout comme la Russie, avait opposé début février son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant les actions des forces du régime syrien.
(Photo d'appel: Daniel Košinár / wikimedia commons)
Cedric Dolanc