Après un an d’attente depuis son annonce, la suite du manga Death Note a été publiée ce lundi 3 février. Ce chapitre inédit introduit de nouveaux personnages, au coeur d’une intrigue actuelle et ancrée dans l’ère numérique.
À gauche, Light, héros de Death Note et à droite, Minoru, le nouveau protagoniste. Photo : Tsugumi Ohba et Takeshi Obata, Shueisha / Death Note
Quatorze ans après la sortie du dernier tome qui mettait fin à la série, les fans du manga Death Note ont enfin pu découvrir un nouveau chapitre de 87 pages, publié lundi 3 février. Écrit par le duo d’origine, le scénariste Tsugumi Ohba et l’illustrateur Takeshi Obata, ce nouvel opus paru dans le magazine japonais Jump Square compte aussi sa traduction anglaise disponible gratuitement en ligne.
Pour ceux qui ignorent tout de l’oeuvre qui a franchi la barre des 30 millions d’exemplaires vendus dans le monde en 2015, son succès a fait l’objet de nombreuses adaptations : en série, anime, comédie musicale et dernièrement en film sur Netflix, en 2017. Le death note, c’est un carnet noir qui donne à son détenteur le pouvoir de tuer. Un bon nombre de règles encadrent l’utilisation du cahier mais, globalement, il suffit d’y inscrire le nom d’une personne pour qu’elle meure d’une crise cardiaque dans les quarante secondes qui suivent.
Une traque à l’ère numérique
Le nouveau one shot tente de reprendre ces mêmes codes et de les transposer à l’ère numérique. À l’origine, le thriller psychologique de douze tomes relate les aventures de Light Yagami, brillant étudiant en droit, qui s’empare du cahier avec l’objectif utopique de débarrasser le monde des criminels pour recréer un monde parfait. Une activité non sans peine pour ce justicier, surnommé Kira, qui se verra traqué par les meilleurs détectives dont L, son plus redoutable ennemi.
Subtilement installée dans un univers réaliste, le Japon des années 2000, la série a su boucler, entre rebondissements et suspens, cette traque judiciaire et les questionnements moraux qui s’y imposent. Le nouveau protagoniste, Minoru Tanaka, collégien trois fois lauréat d’un concours d’intelligence japonais, semble tout aussi ingénieux, et solitaire, que Light Yagami. À l’heure des smartphones, de Twitter et des caméras de surveillance, omniprésentes, Minoru se trouve confronté à des difficultés dont son prédécesseur n’avait pas à s’inquiéter à son époque. Les risques d’être démasqué sont donc décuplés pour ce nouveau Kira, rebaptisé A-Kira.
Pour le plus grand plaisir des fans du manga originel, des personnages iconiques refont surface. Ryuk, le dieu de la mort en manque de divertissement, gardien du cahier, fait son retour sur Terre. Il accompagne Minoru décidé à vendre le cahier, connu comme l’arme ayant permis à Kira de tuer une décennie plus tôt, aux enchères sur le net.
Une intrigue plus faible
Near, enquêteur et héritier de L, revient également pour tenter d’empêcher la vente du dangereux carnet. Les éléments de la traque sont en place, mais celle-ci s’opère à travers les médias et les réseaux sociaux. Un manque d’action et d’échanges entre les différents personnages créent un manque de dynamisme. Le détective est peu présent et semble mettre au jour les limites de l’investigation liées aux contraintes numériques. Les prises de risques sont minimisées pour Minoru qui passe la plupart de son temps seul, cloitré sa chambre.
Death Note à l’ère d’Internet n’aurait sans doute pas été possible, ce qui se traduit par une intrigue plus faible dans ce dernier opus. Il est cependant amusant de voir les dirigeants internationaux bien décidés à mettre la main sur le cahier. Shinzō Abe, Donald Trump ou encore Xi Jinpin sont facilement rendus identifiables par les traits d’Obata et incarnent avec humour les relations tendus entre les Etats-Unis et la Chine pour la conquête du pouvoir.
Quelques dirigeants politiques font leur apparition dans cette suite du manga. Photo : Tsugumi Ohba et Takeshi Obata, Shueisha / Death Note
Pour les lecteurs francophones, la maison d’édition Kana n’a pour l’instant pas communiqué l’intention de diffuser une version française. « La pagination, 87 pages là où un tome normal en compte plus ou moins 200, rend son édition seule un peu compliquée », indique l’éditeur sur Kana.fr, son site internet.
Loana Berbedj