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« Ghannouchi assassin », « dégage, dégage », ou encore « le peuple veut une nouvelle révolution ». Tels sont les slogans qu'ont scandé ce vendredi les plusieurs dizaines de milliers de manifestants qui ont entouré le cercueil de Chokri Belaïd. Figure de la gauche tunisienne, ce farouche opposant aux islamistes du parti Ennahda a été tué par balles mercredi matin alors qu'il quittait son domicile. 

A l'appel de plusieurs partis politiques et de la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), une grève générale a été lancée ce vendredi en l'honneur des funérailles de ce martyr de la révolution. Sur les 3,5 km qui séparent la maison de la culture dans la banlieue sud de Tunis et le cimetière d'El-Jellaz, des dizaines de milliers de manifestants ont acompagné le cercueil du défunt. Il été inhumé cet après-midi, vers 16 heures.

Les islamistes du parti Ennahda ont par ailleurs refusé la proposition du Premier ministre Hamadi Jebali, pourtant numéro 2 du parti, de former un gouvernement de « technocrates ». Forte de 500 000 membres, l'UGTT a appelé les Tunisiens au calme et au recueillement. Cet appel a été relayé par le ministère de l'Intérieur, après que des heurts ont opposé ces deux derniers jours la police tunisienne et les manifestants dans plusieurs villes du pays.

La dernière grève générale nationale date du 14 janvier 2011. La rue tunisienne avait, ce jour-là, chassé le dictateur Ben Ali du pouvoir, donnant le coup d'envoi du printemps arabe.

Suivez les évènements de la journée heure par heure :

18h15 : Hamadi Jebali persiste et signe. Le Premier ministre tunisien a répété son souhait de former un gouvernement apolitique de 
« technocrates », malgré le désaveu d'Ennahda, son propre parti.

"Je m'en tiens à ma décision de former un gouvernement de technocrates et je n'aurai pas besoin de l'aval de l'Assemblée constituante", a assuré M. Jebali, cité par l'agence officielle TAP.

17h40 : Les chiffres sont tombés. D'après le ministère de l'Intérieur tunisien, 40 000 personnes ont assisté aux funérailles de Chokri Belaïd. Et 132 personnes ont été arrêtées. « Grosso modo, ça va, les manifestations se sont bien passées », a indiqué le porte-parole du ministère, Khaled Tarrouche. Des bâtiments publics et des locaux du parti islamiste Ennahda ont selon lui été attaqués vendredi dans quelques villes, dont Mahdia (est) et Hammam-Lif, dans la banlieue sud de Tunis.

17h15 : Alors que le calme semblait revenu sur l'avenue Bourguiba à Tunis, la police a chargé un groupe de 200 manifestants rassemblés au niveau du ministère de l'Intérieur.

17h00 : Hamma Hammami, le dirigeant du Front Populaire, a prononcé une oraison funèbre : « Repose en paix Chokri, nous continuerons sur ta voie », a-t-il déclaré devant une foule observant un silence solennel. Le Front populaire est une coalition de partis de gauche et d'extrême gauche à laquelle appartenait le défunt.

16h15 : Le corps de Chokri Belaïd vient d'être mis en terre. Au moment de l'inhumation, des milliers de voix ont crié "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) et ont entamé l'hymne national.

14h45 : Des voitures ont été incendiées par des manifestants aux abords du cimetière d'El-Jellaz, où sera enterrée la dépouille de Chokri Belaïd. Voir ci-dessous la vidéo publiée par Tuniscope.

14h25 : La ligue de Siliana, une milice pro-islamiste annonce sa dissolution. « Nous prenons cette décision dans l'intérêt de notre région et de notre pays, où la dissolution des Ligues est devenue aujourd'hui une revendication nationale », a déclaré Chokri Nasri le secrétaire général de la ligue. Accusée de violences politiques, celle-ci appartenait à la « Ligue de protection de la révolution ». La ville de Siliana, située dans le nord-ouest du pays, a connu des affrontements sanglants en novembre dernier.

13h30 : Une foule immense a accompagne le cercueil de Chokri Belaïd, depuis la maison de la culture dans la banlieue sud de Tunis jusqu'au cimetière d'El-Jellaz, aux cris de « Le peuple veut une nouvelle révolution », « Ghannouchi assassin » ou encore « Dégage ». Des slogans qui rappellent ceux scandés lors des grandes manifestations de janvier 2011 à l'issue desquelles le dictateur Ben Ali avait quitté le pouvoir.

12h45 : La député PS Elisabeth Guigou a annoncé sur France 2 que la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale tiendrait une mission sur les révolutions arabes. « Cet assassinat a cristallisé tout ce qui ne va pas en Tunisie : il n'y a pas de constitution » a affirmé la parlementaire. « Nous allons faire une évaluation et nous irons probablement en Tunisie sans tarder », a ajouté l'ancienne garde des sceaux, saluant au passage une "société civile tunisienne extrêmement vivace ».

11h50 : Tous les vols depuis et en direction de la Tunisie sont annulés ce vendredi. Une telle paralysie est une première depuis le 14 janvier 2011, le jour de la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali qui avait déclenché le Printemps arabe.

11h30 : La foule grossit à Djebel Jelloud, dans le quartier de la banlieue sud de Tunis. Le cercueil où repose Chokri Belaïd est exposé devant la maison de la culture. Une moustache noire a été dessinée sur la bâtisse blanche, en hommage au tribun tué mercredi matin alors qu'il sortait de son domicile.

11h00 : L'armée tunisienne a été déployée dans plusieurs villes du pays. A Tunis, des camions de l'armée ont investi l'avenue Bourguiba, haut lieu de la révolution de 2011.

10h30 : Près de 3000 personnes sont rassemblées à Djebel Jelloud, un quartier de la banlieue sud de Tunis, où les funérailles de Chokri Belaid auront lieu en début d'après-midi.

10h15 : Un policier tunisien de Gafsa est dans le coma, après avoir été tabassé dans la nuit de jeudi à vendredi par des manifestants. Ces derniers ont incendié le commissariat de la ville, située dans le bassin minier tunisien.

Rémy Dodet