Les affrontements entre policiers et manifestants ont continué ce jeudi après midi en réaction à la mort de l'opposant Chokri Belaïd. Le principal syndicat UGTT, a par ailleurs lancé un appel à la grève générale vendredi.
Les heurts ont repris ce jeudi en Tunisie, au lendemain de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. A Tunis, après une nuit et une matinée calme, les affrontements ont recommencé ce jeudi après-midi entre policiers et manifestants sur l'avenue Habib Bourguiba. Les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants alors que ces derniers tentaient d'approcher le ministère de l'intérieur. A Gafsa, région connue pour sa production de phosphates, des centaines de manifestants anti-islamistes et la police s'affrontaient à coup de cocktail molotov et bombes lacrymogènes. La manifestation était organisée par le Front populaire, une alliance de partis de gauche et d'extrême-gauche à laquelle appartenait Chokry Belaïd. Selon News of Tunisia, cinq manifestants et trois policiers de Gafsa seraient à l'hôpital.
A Sillana, les manifestants ont incendié le local d'Ennahda. Le bâtiment du parti islamiste a connu le même sort à Kelibia selon une radio tunisienne.
Selon une blogueuse, les députés de l'opposition ont suspendu leur participation au sein de l'Assemblée nationale constituante.
Mercredi, de violents affrontements ont opposé manifestants et forces de l'ordre à Tunis. Ces heurts ont fait un mort dans les rangs de la police alors que plusieurs locaux du parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement depuis des élections en octobre 2011, ont été incendiés et saccagés par les manifestants. Cette flambée de violence faisait suite à l'assassinat de l'opposant politique à Ennadha Chokri Belaïd, tué de plusieurs balles dans la tête le matin même. Les proches de la victime avaient de suite réagi, en accusant le parti au pouvoir d'être responsable du meurtre, ce qui avait provoqué la colère de la population.
En signe de protestation,magistrats et avocats étaient en grève ce jeudi. L'Union tunisienne générale du travail (UGTT), principal syndicat du pays, a elle appelé à une grève générale vendredi, jour des obsèques de Chokri Belaïd. La centrale syndicale historique, qui peut mobiliser un demi million de membres dans tout le pays, a aussi appelé à « une journée de deuil national »vendredi. D'après l'entourage d' Hassine Abassi, secrétaire général de l'UGTT, ce dernier aurait reçu des menaces de mort après cette annonce. Plus tôt dans la matinée, le chef du Parti républicain, Ahmed Nejib a lui aussi été touché par des menaces de mort. En réaction à cela, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (LTDH) a appelé jeudi les autorités à protéger les personnalités politiques
L'annonce faite par le premier ministre Hamadi Jebali mercredi soir, de vouloir former un gouvernement de technocrates non affiliés à un parti politique, n'aura donc pas suffi à apaiser la situation. D'autant qu'Ennahda a rejeté ce jeudi la proposition du ministre.
Pour protéger ses quelques 25 000 ressortissants, l'ambassade de France a décidé de fermer les écoles françaises vendredi et samedi.
Quentin Thomas (avec AFP)