Pierre de Villiers était invité à la librairie Kléber de Strasbourg, ce lundi 04 février 2019. L’ancien chef de l’état-major, limogé par Emmanuel Macron en juillet 2017, a fait salle comble et a donné un entretien devant un public conquis.
Librairie Kléber, salle blanche. Une demi-heure avant l’arrivée de Pierre de Villiers, les deux-tiers des 300 sièges sont occupés. Le général est arrivé sur le devant de la scène après avoir été limogé en juillet 2017 par Emmanuel Macron, nouvellement installé à l’Élysée, en raison d’une mésentente sur le budget de la Défense.
Cette exposition, il ne l’a jamais voulue : « Je suis un homme public par effraction, je n'ai pas demandé à me mettre en avant. » Depuis, Pierre de Villiers a embrassé une nouvelle carrière d’auteur, avec Servir et Qu’est-ce qu’un chef ?
Même au sein des deux camps, les avis ne sont toutefois pas tous si tranchés. « Les syndicats ne peuvent pas récupérer notre mouvement, assure Béatrice, autre “gilet jaune ” de la première heure. Mais si la CGT peut aider à fédérer, à faire sortir les gens dans la rue c’est bien. » Gilles, 59 ans, venu de Sélestat, voit aussi la manifestation d’un bon œil : « Ils commencent à être solidaires avec nous. Il faut dire qu’on a des revendications communes, comme la hausse du pouvoir d’achat ou la question de la CSG ».
Christophe, représentant de la CGT, a participé à plusieurs rassemblements de “gilets jaunes ”. « Il faut réveiller tout le monde, il faut que tout le monde manifeste ensemble. On est tous dans le même bateau, on veut tous de l’argent à la fin du mois ». Une vision des choses qui n’est pas partagée par tous les manifestants rencontrés ce jour là qui pointent certaines revendications portées par les “gilets jaunes ” qu’ils ne veulent pas porter, comme la demande d’un référendum d’initiative citoyenne. Pour d’autres, c’est la proximité de certains “gilets jaunes ” avec des mouvements d’extrême-droite qui dérange.
En fin de cortège, les manifestants s’arrêtent devant le centre administratif. L’une des “gilets jaunes ” présente prend la parole sur la camionnette de la CGT. Au micro, elle appelle à « créer des comités de représentants “gilets jaunes ” dans les entreprises pour que l’on mène la grève », faisant grincer les dents de certains représentants CGT.
Juliette Mariage
Les “gilets jaunes ” étaient présents en nombre à la manifestation lancée à l’appel de la CGT à Strasbourg, en marge de la grève nationale. Si certaines revendications sont partagées par les deux camps, leurs divergences empêchent leur union.
« On a décidé de défiler à côté de la CGT, mais pas main dans la main », explique Abel Douali, “gilet jaune ” depuis le 17 novembre. Comme lui, ils sont environ 200 à défiler dans les rues de Strasbourg mardi 5 février à l’appel de la CGT. Pour eux, il est important de s’affirmer en ce jour de mobilisation générale. S’ils marchent côte à côte, il n’est pas pour autant question de fusionner les mouvements. Les “gilets jaunes ” sont d’ailleurs principalement placés en tête et en queue de cortège, sans vraiment se mélanger avec les autres manifestants. « La CGT veut s’accrocher aux “gilets jaunes ” pour être plus visible », insiste Abel Douali.