Ce vendredi 23 mai se tient le conseil de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Au programme notamment, la généralisation d’un nouveau mode de collecte pour les poubelles jaunes dans les communes de moins de 10 000 habitants. Suivez le tout en direct avec les étudiants du Cuej à partir de 9h !
Avant de commencer sa carrière de berger en 2020, le Normand a été animateur pendant deux ans pour la Confédération paysanne, syndicat d’exploitants agricoles. De quoi affûter son regard sur les liens qui unissent les gardiens de troupeaux aux propriétaires de bétail. « Tu n’es pas vraiment dans un rapport patron-salarié dans ce milieu. Parfois, tu as de la sympathie pour la personne qui t’emploie. Quand tu bosses pour des petits éleveurs, tu acceptes plus facilement de rogner sur ton salaire. »
Selon le jeune berger, les négociations individuelles sont complexes à mener. Dans les Cévennes d’autant plus, où le contrat va à celui qui réclame le moins. « Ici, il n'y a pas beaucoup d'offres d'emploi et les éleveurs jouent là-dessus. Il y a des bergers qui n’ont pas de conscience politique, qui entretiennent le discours du patronat, celui du métier passion », témoigne-t-il. Revendiquer de meilleures conditions de travail est d’autant plus délicat que les berger·es se retrouvent parfois en infériorité numérique lors des négociations, certains exploitants unissant leurs troupeaux lors des estives.
Avant de penser à adhérer, Raythe Banare a donc préféré s’assurer une certaine stabilité. « Il y a des gens qui craignent de se syndiquer parce qu'ils ont peur de la réaction des éleveurs. C'est un petit milieu. Si tu te grilles, ça devient compliqué. Ça ne m'inquiète plus, car j’ai mon carnet d’adresses. »
*Les prénoms ont été modifiés.
Tristan Vanuxem
Mais le mot « proximité » prend un tout autre sens en zone rurale. Les six membres du SGT-CGT Cévennes vivent pour la plupart à plus d’une heure de route les uns des autres. Pour développer des projets en commun, les réseaux sociaux et les réunions virtuelles s’avèrent des solutions bien pratiques.
Ces salariés ne sont cependant pas prêts à se passer complètement du contact humain. « C'est hyper précieux. Le côté social, c'est ça la partie fun. Comme on vit dans des territoires qui sont très isolés, on est super contents de se retrouver. Et ça fait du bien car quand on échange, on peut vraiment se dire qu’on vit la même chose. »
La menace d'une cible dans le dos
Vachers, bergers, chevriers vont de massif en massif, au gré des contrats qu’ils et elles décrochent. Les plus chanceux parviennent à se créer un réseau solide qui leur permet de travailler dans des conditions acceptables. D’autres, de peur de ne pas retrouver de troupeaux les saisons suivantes, hésitent parfois à monter au créneau. Se syndiquer, c’est se mobiliser pour défendre ses conditions de travail. Dans le cas des gardiens de troupeaux, c’est aussi risquer d’être marqué d’une croix rouge par les éleveurs.
En ce mois de décembre, comme souvent à cette époque de l’année, il a neigé dans l’ouest des Cévennes. Raythe Banare est installé à Meyrueis (Lozère), village perché à 700 mètres d’altitude, à environ une heure de Millau. Assis au coin du feu, ses deux borders collies à ses côtés, le berger de 30 ans se roule une cigarette. Il est de ceux et celles qui se sont joint·es à la création du SGT-CGT Cévennes, lui qui avait abandonné l’idée de se syndiquer au sein de l’antenne départementale en Paca. « J’avais plus de cinq heures de route pour aller aux réunions. Je ne me voyais pas m'investir », raconte-t-il.
En plus de Marion, la création du SGT-CGT Cévennes a permis l’adhésion de trois nouveaux membres, basés dans l’Hérault, le Gard et en Lozère. De nouveaux porte-paroles pour le syndicat, en vue de potentielles négociations. Même si le dispositif est encore en rodage dans les Cévennes.
"Le côté social, c'est ça la partie fun"
À Saint-Jean-du-Gard, la plupart des boutiques hibernent en attendant le retour de la saison touristique. Ce mardi de décembre, Claire* et son chien sont venus profiter d’un après-midi ensoleillé pour faire une balade en bord du Gardon de Saint-Jean. La bergère habite un peu plus haut, non loin du bourg de 2 500 habitants. Syndiquée depuis deux ans en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur (Paca), elle a été à l’initiative de l’antenne des Cévennes qui a vu le jour fin novembre, notamment pour des raisons logistiques : « Faire cinq heures de route pour chaque réunion, même si je ne les faisais pas toutes, c'était lourd. »
Pour le syndicat, qui cherche à se faire connaître des gardiens de troupeaux de la région, la communication de proximité est le nerf de la guerre. « On a commencé l’édition de cartes postales. Au printemps, on organisera une rencontre avec des gardiens de troupeaux, ici, à Saint-Jean-du-Gard », annonce Claire.