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Lucas*, militant à la Fédération syndicale étudiante (FSE), vit une rentrée chargée. Demain, 18 septembre, il sera dans la rue, à l’occasion de la journée de grève lancée par l’intersyndicale. Assis dans un café situé à côté du campus central de l’université de Strasbourg (Unistra), il prend son temps pour trouver les bons mots, très souvent issus du jargon militant. “Faire tomber le projet impérialiste et capitaliste du gouvernement, ça se fait par les masses”, assure-t-il, déterminé à maintenir la pression sur le gouvernement. La semaine dernière, il était aussi dans le cortège “Bloquons tout”. 

“J’ai dû arrêter mes études pour les financer”

Pour lui, la présence des étudiants dans  la mobilisation est nécessaire “pour assurer des conditions d’études viables”, soutient-il. Les coupes successives dans le budget de l’enseignement supérieur rendent la vie étudiante de moins en moins supportable. Son coût a augmenté de 4,12% selon l’enquête annuelle de l’Unef diffusé en août dernier, dépassant les 1000 euros par mois : “A la rentrée, on a des étudiants qui n’ont toujours pas de logement ou pas de bourse. Les institutions ne remplissent plus leur mission de solidarité.” Alors, certains se tournent vers des boulots alimentaires : “Ça fatigue, ça fait louper des TD, et parfois ça fait arrêter les études. Il faut reprendre la main sur notre travail.” Lui-même en a fait les frais. Après une année de droit et trois de sociologie, cette année, il ne s’est pas réinscrit à l’université et travaille en restauration. “J’ai dû arrêter mes études pour les financer”, déplore-t-il.

Lucas s’est politisé tardivement. Avec ses parents, un journaliste “de gauche républicaine” et une monitrice d’auto-école “apolitique mais assez progressiste”, il ne parlait presque jamais politique. Son lycée de la campagne alsacienne, “plutôt petit et conservateur”, ne l'a pas non plus poussé dans cette voie. Ce sont plutôt les manifestations contre la réforme des retraites, au printemps 2023, qui sont ses premiers contacts avec le militantisme. L’engagement qu’il pratiquait était alors bien différent de celui qu’il pratique aujourd’hui : “J’étais seul, pas organisé. C’était compliqué de rejoindre une organisation dans un tel climat de tension.” L’été suivant, il travaille à l’usine pour financer ses études. Une expérience qui lui montre “la dureté et la pénibilité du travail” et le convainc définitivement de se syndiquer. 

Sous le coup d’une exclusion

De la détermination, il n’en manque pas. Et il en a besoin en ce moment : celui qui milite depuis deux ans à la FSE est visé par une procédure disciplinaire qui pourrait conduire à son exclusion de l’université. L’Unistra lui reproche, ainsi qu’à cinq autres étudiants, des “faits graves ayant troublé le fonctionnement normal de l’université” et “des menaces explicites de nature à créer un climat d’insécurité” durant des manifestation contre la présence de l’UNI, un syndicat étudiant d’extrême droite, sur le campus. Les six étudiants ont été convoqués le lundi 22 septembre devant une commission qui décidera leur sort. C’est pour cette raison qu’il souhaite rester anonyme. Il affirme toutefois que cette menace ne l’ébranle pas et ne veut pas entendre parler d’une potentielle sanction : “On ne veut pas partir sur le principe qu’on sera exclu, Avec notre avocate, on fait tout pour que les convocations n’aboutissent à rien.”  

Que ce soit pour sa situation personnelle ou sur l’avenir du mouvement social à l’échelle du pays, il se montre imperturbable et ne se détache pas de son jargon : “Cette répression montre qu’on est sur le bon chemin. Il faut avoir confiance en nos revendications et en nos camarades pour construire l’entraide et la solidarité. Peu importe l’issue, on continuera.”

Titouan Catel--Daronnat

Edité par Zoé Fraslin

*Nom d’emprunt

 

Une mobilisation sociale d’ampleur s’annonce le 18 septembre. A Strasbourg, ce militant à la FSE sera dans le cortège étudiant. Parallèlement il fait l’objet d’une procédure disciplinaire et pourrait être exclu de l’université pour une action militante contre un syndicat d’extrême droite. 

Dans la rue ou à la fac, Lucas continue la lutte

17 septembre 2025

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À Strasbourg, ce militant à la FSE sera dans le cortège étudiant de la mobilisation du 18 septembre. Parallèlement, il fait l’objet d’une procédure disciplinaire et pourrait être exclu de l’université pour ...

Deux mois après son lancement, quel avenir pour la pétition contre la loi Duplomb ?

17 septembre 2025

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Lancée après l’adoption controversée de la loi Duplomb, le 8 juillet, la pétition contestant le texte a été présentée ce mercredi 17 septembre en commission à l’Assemblée nationale. 

Des photos de Donald Trump et Jeffrey Epstein ont été diffusées dans la nuit du mardi 16 septembre sur une tour du château de Windsor. On vous explique la provenance de ces images et la raison de cette action.

La famine comme arme de guerre

Pour le Think Tank recommandé sur X par l’Ambassade d’Israël, la gravité de la malnutrition à Gaza aurait été largement surestimée. La Commission de l’ONU n’est pas de cet avis. Elle pointe par exemple du doigt le refus d’autoriser l’entrée de lait pour nourrisson à Gaza comme « une preuve flagrante de l’intention de détruire une population ». Le rapport regrette également la maigre proportion de camions d’aide humanitaire autorisés à entrer dans l’enclave après 11 mois de blocus, arguant qu’Israël aurait levé le blocage principalement pour redorer son image face à une communauté internationale de plus en plus critique.

En outre, l’État hébreu chercherait à « paralyser » l'aide humanitaire. En octobre 2024, la Knesset adopte deux textes de lois qui handicapent grandement l’activité de l'UNRWA, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. Quelques mois plus tard, en février 2025, la Fondation humanitaire de Gaza est créée. Soutenue par Donald Trump et par Benyamin Netanyahou, elle obtient le monopole de la distribution de l'aide par le gouvernement israélien. De nombreuses ONG prétendent toutefois que des civiles auraient été ciblée par des tirs lors des distributions chapeautées par la fondation.

« L’intention génocidaire » d’Israël

L’enquête onusienne rappelle que les exactions évoquées ne sont constitutives du crime de génocide que si elles sont perpétrées avec une « intention génocidaire ». Sur ce point, le rapport est sans équivoque : « La Commission conclut que les autorités israéliennes et les forces de sécurité israéliennes ont l’intention génocidaire de détruire, en tout ou en partie, les Palestiniens de la bande de Gaza ». Pour corroborer leurs dires, les experts se basent sur les déclarations répétées de représentations politiques et militaires. Parmi elles, Yoav Gallant, ex-ministre de la Défense, qui affirmait qu’Israël combattait à Gaza « des animaux humains ». De même, le 15 août 2025, l’ancien chef des renseignements militaires lâchait dans un enregistrement : « Le fait que 50 000 personnes aient été tuées à Gaza est nécessaire et indispensable pour les générations futures », concluant cyniquement : « ils ont besoin d’une Nakba de temps en temps ». Enfin, pour étayer sa thèse, le rapport soutient que Benjamin Netanyahou dressait une parallèle entre les Palestiniens et les Amalécites, peuple ennemi des Israélites dans la bible hébraïque que Dieu aurait appelé à massacrer. 

Tom Soriano

Édité par Maud Karst

Navi Pillay a dirigé la Commission d'enquête de l'ONU qualifiant de génocide l'action de Tsahal à Gaza. Photo : UN/Jean-Marc Ferre

Mieux vaut prévenir que guérir. L’adage s’applique parfaitement aux résultats de l’étude de la Cour des comptes sur le coût de l’inaction climatique. Dans rapport inédit, paru mardi 16 septembre, l’institution appelle à « une action urgente » de la France, au risque de payer la facture de l’immobilisme dans quelques années. Le dérèglement climatique, induit par les activités humaines, a des conséquences sur les populations et aura des effets directs sur l’économie. Baisse des émissions de gaz à effet de serre, coût de l’inaction, montant des investissements…Webex fait le point sur ce rapport en trois chiffres clés.

  • 56% de l’empreinte carbone des Français provient des importations 

Dans son rapport, la Cour des comptes souligne la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (Ges). La France devra en priorité faire des efforts sur les importations, qui représentent 56% de l’empreinte carbone des Français. Ce taux, « bien supérieur à la moyenne des pays de l’Union européenne », selon le rapport, s’explique en partie par la désindustrialisation de l’Hexagone. 

Le tableau n’est cependant pas totalement noir. Entre 2019 et 2023, la France a respecté le plafond d’émissions de Ges fixé par la stratégie nationale bas carbone. Cette dynamique a continué en 2024 avec une baisse de 1,8% des émissions brutes de Ges par rapport à l’année 2023.

Sans occulter ces avancées, la Cour des comptes nuance ce que le gouvernement présente comme un « bilan très positif ». Le rapport met en exergue l’écart entre la baisse actuelle des émissions de gaz à effet de serre et les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas-carbone. À l’heure actuelle, la France a réduit de 30% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Dans 5 ans, pour répondre à la stratégie nationale, il faudrait réduire de 55% ces Ges.

  • 11,4 points : la baisse du PIB en 2050 en cas d’inaction

Si le constat n’est pas une grande surprise, le chiffre permet de mieux visualiser, sur le temps long, les bénéfices liés aux investissements dans la transition climatique. Selon un scénario réalisé par la Banque de France, la non prise en charge de la transition se traduirait par une baisse de 11,4 points du PIB en 2050, contre 7 points dans le cas de la mise en place des politiques de transition.

Ces chiffres s’expliquent par le coût des dommages écologiques. À titre d’exemple, le cyclone Chido qui a dévasté Mayotte en 2024 a entraîné un coût d’environ 700 millions d’euros d’indemnisation par le régime des catastrophes naturelles, selon la caisse centrale de réassurance. De son côté, le réseau France Assureurs estime à 4,7 milliards le coût annuel moyen des sinistres climatiques sur la période 2020 à 2050 contre 2,5 milliards entre 1989 et 2019.

  •  200 milliards d’euros : le montant des investissements pour faire face au changement climatique

De 2022 à 2024, de 100 à 110 milliards d’euros par an ont été investis dans la transition écologique en France. Si les montants semblent très élevés, la Cour des comptes estime que les efforts doivent doubler dès à présent pour financer tous les volets de la transition écologique, à l’instar de la préservation de la biodiversité et des ressources hydriques ou de la lutte contre les pollutions.

Alors que la dette est dans tous les esprits et dicte les choix gouvernementaux, l’objectif fixé par le rapport semble assez éloigné des réalités budgétaires. Mais pour parvenir à y répondre, le rapport insiste sur la nécessaire répartition des efforts. Pour l’instant, selon une étude d’I4CE publiée en 2024, 78% des investissements bas-carbone étaient assurés par les entreprises et les ménages, l’État a seulement pris part à 22% de ces investissements. Le rapport préconise donc d’évaluer correctement les capacités d’investissement des différents acteurs, et particulièrement ceux des ménages les plus modestes afin de mettre en place une « transition juste ».

Anouk Seveno

Edité par Eva Lelièvre

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