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Pour Milica Naumov, militante du mouvement de contestation Most Ostaje, la démolition du pont historique Old Sava n'était pas justifiée. © Mélissa Le Roy

« De Loznica à Laznica, nous ne vendrons pas nos mines. » Sur cette affiche accrochée à la rambarde d’un balcon décrépi, une lettre sépare ces deux communes qu’a priori tout différencie. La première, dans l’ouest du pays, est implantée dans une vallée jeune, aux terres agricoles et fertiles. Dans la seconde, en Serbie orientale, les rides de la population se creusent, au même rythme que les mines à ciel ouvert de Majdanpek et Bor qui grignotent les montagnes environnantes. D’un paysage à l’autre, un même fil rouge : des multinationales minières convoitent ces sous-sols.

Dans l'est de la Serbie, les terres de la vallée d’Homolje sont riches en minéraux et pauvres en habitants. En roulant à flanc de coteau, on arrive à Laznica, petite ville de 1 700 âmes. Une société canadienne, Dundee Precious Metals (DPM) y fouille le sol. Depuis avril 2023, DPM a creusé 1 277 trous d’exploration dans un rayon de dix kilomètres autour des villages de Zagubica et de Zdrelo . « Ce sont des forages qui descendent à plusieurs centaines de mètres », explique Ivan Milosaveljević, membre des Gardiens d’Homolje, collectif qui se bat contre le projet aurifère qui devrait voir le jour à l’horizon 2026.

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Isidora Jovanović travaille dans l'hôtel de luxe St Régis, situé dans la Tour de Belgrade. © Mélissa Le Roy

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À Bor, où la mine de cuivre et d'or à ciel ouvert est l'une des plus grande d'Europe, l'espérance de vie y est inférieure de dix ans à la moyenne nationale.  © Adèle Pétret

De part et d'autre de la Serbie, des habitants tentent de résister aux projets miniers de multinationales étrangères. À l'ouest, la lutte contre le lithium rassemble et porte ses fruits. À l'est, les habitants peinent à défendre un des derniers joyaux de biodiversité face à la ruée vers l'or. 

De part et d’autre du pays, des habitants locaux tentent de résister à des projets miniers exploités par des entreprises étrangères. Des luttes auxquelles les étudiants veulent apporter leur soutien.

Les campagnes serbes défendent leurs terres face aux géants miniers

30 mai 2025

Les campagnes serbes défendent leurs terres face aux géants miniers

De part et d'autre de la Serbie, des habitants tentent de résister aux projets miniers de multinationales étrangères. À l'ouest, la lutte contre le lithium rassemble et porte ses fruits. À l'est, les habitants ...

Depuis mars, un petit groupe né du blocus universitaire a lancé le collectif « Un étudiant dans chaque village ». Organisés en équipes mobiles, ils annoncent chaque semaine leurs tournées sur Instagram, détaillant les villages visités et les horaires de passage. Leur objectif : contrer l’offensive des médias progouvernementaux en sillonnant la campagne serbe. 

Ce matin-là, Milan et Veljko, 21 et 22 ans, prennent la route vers Takovo, un hameau de 500 habitants. Une fois sur place, ils montent deux tables pliantes, quelques chaises et des pancartes. Quelques klaxons de soutien résonnent, des passants offrent des boissons et des bureks…La journée commence bien. 

Ksenija, professeure de russe, reconnaît volontiers que la RTS penche vers le président. « Je regarde aussi des chaînes qui soutiennent l’opposition, mais elles ne sont pas toujours objectives. La vérité doit se trouver entre les deux…» Sur Nova S, par exemple, des étudiants sont souvent invités sur le plateau de l’émission culte « Utisak nedelje » [Impression de la semaine, ndlr].

Comme Ksenija, la plupart des curieux sont déjà convaincus. Les pro-Vučić passent sans un mot et détournent le regard. Au bout de deux heures, Veljko réussit à arracher quelques minutes d’attention à un fermier. L’homme redoute l’engorgement des établissements scolaires, par effet domino, après cette année de blocage. « Ce sont les médias qui présentent la situation ainsi, explique Veljko. Je lui ai dit que nous ne pouvions pas lutter autrement. »

Quatre heures de route, et trois heures d’attente dans un village quasi désert, pour rassurer un seul homme. Le travail est titanesque, mais Veljko compte bien poursuivre ces actions auprès de ses concitoyens. Ne serait-ce que pour ce moment, à la fin de la discussion, où « quelque chose s’allume au fond de leurs yeux, où le scepticisme se transforme en : bonne chance ».

 

Abel Berthomier

Clara Lainé

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Milan et Veljko discutent avec Ksenija et son mari, à Takovo, dans le cadre de l'action « Un étudiant dans chaque village », le 13 mai 2025. © Clara Lainé

La lutte contre la désinformation au cœur de l’action étudiante  

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