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À Belgrade, des graffitis au haut-relief politique

30 mai 2025

À Belgrade, des graffitis au haut-relief politique

Dans la capitale serbe, les murs, panneaux et lampadaires témoignent de l’histoire politique du pays. Depuis des mois de manifestations, artistes de rue et activistes y posent graffitis, autocollants et messages de ...

Mobilisés contre la corruption, les Bosniaques de Serbie participent à un mouvement de mobilisation nationale pour la première fois. L'occasion pour cette minorité musulmane, victime de stéréotypes, de renouer avec le reste du pays.

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À 11 h 52, les manifestants bloquent les axes de circulation pendant seize minutes de silence, en hommage aux 16 victimes. © Elsa Rancel

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À Novi Pazar, la population bosniaque représente 80 % de la population locale. © Angellina Thieblemont

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Pour éviter les divisions, le mouvement n'affiche aucune idéologie. © Elsa Rancel

Derrière les protestations en Serbie, l'espoir d'une intégration bosniaque

30 mai 2025

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L'effondrement de l'auvent en béton de la gare de Novi Sad a fait 16 victimes. © Elsa Rancel

Le mouvement étudiant a ainsi fait bouger une partie de la population. Des « Zbor », assemblées citoyennes inspirées des plenums étudiants, émergent dans les quartiers des villes. Mais si cette solidarité permet de maintenir la mobilisation étudiante, elle ne suffit plus. « Les gens viennent en manifestation, c’est super. Mais après, ils rentrent chez eux le soir. Nous, on retourne dans nos universités. C’est énormément de sacrifices, ils n’en ont pas conscience, assène Teodora. Nous ne pouvons pas y arriver seuls. » Les syndicats des travailleurs, mobilisés le 1er mai, n’ont pas embrayé. 

« Les étudiants pensaient pouvoir changer le système. Mais le réformer, ça prend des années. Ils se rassemblent maintenant autour d’un même but : les élections libres [non manipulées par le pouvoir en place, ndlr]. Pour beaucoup, la sortie de Vučić serait une première étape », explique Igor Štiks. Le mouvement bascule dans le champ politique. Devant le refus du gouvernement de satisfaire leurs demandes sur le fond, les étudiants ont appelé le 5 mai à organiser des élections anticipées. Un espoir rejeté par le président Vučić, dix jours plus tard. « Cette histoire est terminée », a-t-il prétendu. À moins qu’elle ne rebondisse une fois de plus.

Elsa Rancel

Une fatigue qui se fait sentir

Mais après sept mois de mobilisation, la fatigue psychologique et physique pèse sur les étudiants mobilisés. Aucun ne souhaite pourtant baisser les bras. Impossible de faire machine arrière. « Si on stoppe tout, ça risque d’être pire », résume Teodora, une étudiante en langue française.

Au deuxième étage de la faculté des sciences techniques de Novi Sad, Milica termine son trait d’eye-liner, emmitouflée dans son plaid en plein mois de mai. Étudiante en management dans l’ingénierie, elle a aménagé son chez-soi dans une petite salle de classe, qu’elle partage avec deux autres colocataires. Cet endroit est plus « cosy » que les autres immenses salles de classe aménagées en dortoir, où une trentaine de matelas sont alignés sur le sol. Milica est épuisée. Elle n’est pas rentrée voir ses parents depuis le début du blocage de sa faculté, en décembre dernier. Elle a ses hauts et ses bas, ses crises de larmes, mais pas question d’abandonner. « J’aurais honte de ne pas être là. Je fais ça pour les gens qui pensent que l’on peut changer les choses. » Milica veut pouvoir marcher dans la rue sans que les bâtiments ne s’écroulent sur elle.

Envers le mouvement, la solidarité est indéniable. Les habitants passent avec des vivres et des couvertures en soutien aux étudiants. Au tribunal de Novi Sad, en ce mois de mai, des étudiants et citoyens se relaient jour et nuit pour dénoncer la détention prolongée, jugée illégale et arbitraire, de six activistes. Liliana et Goldi, deux mamies, servent le café et n’hésitent pas à faire des câlins de réconfort. Sanja, mère de trois enfants, vient tout juste de déposer des œufs durs, quelques spécialités locales et un peu d’argent. « Quand ils donnent de la nourriture, pleurent avec toi, ça donne l’énergie de continuer », partage Nikolina, une étudiante de la faculté de philosophie. Une de ses enseignantes de français, Vanja Manić-Manić, passe de groupe en groupe autour du tribunal pour soutenir ses étudiants. Comme ses collègues et les doyens des facultés, elle est là depuis le début des blocages, malgré la réduction partielle de leur salaire.

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Jelena Kaličanin fait confiance aux hôpitaux et médecins publics. © Kenza Lalouni

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