La présence du réalisateur Roman Polanski dans la liste des nouveaux membres de l’Assemblée générale des Césars a suscité l’indignation dans le monde du cinéma.
La liste des membres de la nouvelle Assemblée Générale des Césars vient d’être publiée et suscite déjà le débat. En cause : la présence de Roman Polanski, accusé de viol et dont les multiples nominations avaient perturbé la dernière cérémonie du cinéma français, en février. Pour mieux comprendre comment le réalisateur franco-polonais a pu se retrouver à ce poste, Cuej.info décrypte le fonctionnement des instances qui régissent la grand-messe du cinéma français.
Qui vote et comment ?
L’Académie des Césars décide des nominations et désigne les lauréats. Elle est actuellement composée de 4313 membres, tous professionnels du cinéma (réalisateurs, acteurs, techniciens, producteurs, etc.). Pour intégrer l’Académie, il faut pouvoir justifier d’un important parcours professionnel dans le septième art (il faut avoir contribué à au moins deux films) et obtenir le parrainage de deux membres de l’instance. Autre moyen d’intégrer l’Académie: avoir été nommé ou lauréat d’un prix lors des cérémonies précédentes.
Qu’est-ce que l’APC et comment ça marche ?
L’Académie élit également 164 membres qui siègent à l’Assemblée Générale de l’Association pour la promotion du cinéma (APC), qui régit l’organisation des Césars. Cette Assemblée générale, qui doit désormais être paritaire, est élue pour quatre ans. On y retrouve entre autres des personnalités phares du cinéma français comme Marina Foïs, Guillaume Gallienne, Cédric Klapisch. C’est dans cette Assemblée tout juste nommée que figure Roman Polanski. Avec 17 autres, il est considéré comme “membre historique”. Ce statut, réservé notamment aux détenteurs d’un Oscar et anciens président de l’APC lui permet d’intégrer librement l’Assemblée générale, s’il en fait la demande. C’est ce qu’a fait Roman Polanski, mais aussi Thomas Langmann, producteur condamné l’année dernière pour harcèlement envers sa femme.
Quel rôle pour le Conseil d’administration ?
L’Assemblée générale fraîchement nommée, et déjà vivement critiquée, doit désormais élire les 42 membres qui constitueront le Conseil d’administration de l’APC. Ces sont des binômes paritaires (un homme, une femme), qui seront désignés, une preuve peut-être, que l’ouverture d’esprit demandée depuis quelques mois a été entendue. Ces binômes auront pour rôle d’établir un bureau, et de décider du sort des Césars 2021. En parallèle, l’Assemblée générale aura également pour rôle de nommer un président et une présidente pour l’APC. Faille bureaucratique ou provocation ? C’est en tous cas une subtilité dans les statuts qui aura suffi à ruiner en quelques minutes les efforts menés depuis février pour transformer de l’intérieur le monde des Césars. Si la vague Metoo semble avoir été entendue par le cinéma français, la mise en pratique de ses revendications reste encore laborieuse.
Alix Woesteland
L'Académie des Césars est l'instance qui vote pour les nominations et lauréats. ©Alix Woesteland