Encensé par le grand public avec plus de 12 millions de tickets vendus, le loto du patrimoine a rapporté plus de 21 millions d’euros à la Mission Bern, une somme répartie entre 270 sites. La deuxième édition a été lancée le 1er février.
Sauver le patrimoine français en grattant un ticket de loto, c’était le pari fou de Stéphane Bern. Le loto du patrimoine, lancé en septembre 2018, avait pour objectif de récolter des fonds pour rénover des monuments français considérés en péril. Le pari s’est révélé gagnant puisque le jeu a fait 200 millions d’euros de recettes, dont 144 millions sont allés aux joueurs, mais seuls 21 millions à la Mission Bern. Stéphane Bern a d’ailleurs regretté que 22 millions d’euros aillent à la Française des jeux et 14 millions à l’État.
La Fondation du patrimoine, chargée de la distribution des fonds entre les 270 sites, a annoncé le montant des sommes au mois de janvier. Un véritable casse-tête de chiffres qui a suscité des réactions plus ou moins enthousiastes. La répartition s’est révélée très inégale, avec des sommes allant de 96 000 à 480 000 euros pour les 18 sites « emblématiques ». Beaucoup moins pour les autres.
Certaines voix ont reproché à Stéphane Bern de ne pas s’être limité à 120 sites, comme prévu, afin de mieux répartir les sommes. Ce dernier a assumé son choix dans une interview au Parisien : « C’était une volonté. Plus vous découpez le gâteau, plus la part est petite dans l’assiette… Mais il fallait frapper un grand coup pour cette première année et montrer qu’il y avait des centaines de monuments en péril en France. Après, certains ont dû nous prendre pour le Père Noël. L’an prochain, nous continuerons d’aider ceux que nous avons soutenus cette année. Mais nous serons aussi plus sélectifs sur les nouveaux projets. »
Des espoirs déçus
Une part de gâteau pas assez grosse aux yeux de certains porteurs de projets. En Alsace, parmi les 13 sites retenus, tous n’ont pas atteint les objectifs fixés. « Le château de Wesserling avait besoin de plus de deux millions d’euros pour procéder à des travaux. Il a perçu 40 000 euros, donc bien sûr, ça paraît peu », remarque Pierre Goetz, directeur régional de la Fondation du Patrimoine Alsace. Dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, le propriétaire du château a confié qu’il ne comptait pas en rester là, et envisage de participer au deuxième loto du patrimoine.
Pour Pierre Goetz, personne ne peut se permettre de faire la fine bouche : « Il ne peut pas y avoir de levées de boucliers parce que là, c’est de l’argent tombé du ciel ». En tout, 539 000 euros ont été attribués aux sites alsaciens.
Dominique Mangeot, propriétaire de l’Abbaye de Fontmorigny, à Menetou-Couture (Cher) préfère également relativiser : sur les 120 000 euros espérés, il n’a obtenu que 12 000 euros. « La somme est moindre de ce qu’on imaginait, mais cela reste une opportunité », tempère le septuagénaire. Dans les départements plus isolés, comme le Cher, Dominique Mangeot souligne la difficulté à réunir des fonds pour le patrimoine : « Pour qu’il y ait de la culture, il faut que les conditions soient réunies. Les gens ne vont pas nous faire des dons comme ça. Dans des régions comme la nôtre, ce n’est pas possible. » La Mission Bern apparaît d’autant plus comme une chance : « C’est une bonne initiative. Cela réveille les uns et les autres. Le patrimoine fédère. C’est très positif ».
Le deuxième loto du patrimoine a débuté le 1er février et devrait recevoir les candidatures de nombreux sites en péril, dont celles de plusieurs participants de la première édition. Mais le comité de sélection de l’appel à projets retiendra 18 projets emblématiques de chaque région, et cette fois seulement 100 projets sur tout le territoire de métropole et d’Outre-mer. Une plateforme en ligne permet à chacun de signaler un site patrimonial, jusqu’au 28 février.
Phœbé Humbertjean