Dans un communiqué, le 2 février, la Ligue d'Alsace de Football association (LAFA) a annoncé que plusieurs fraudes aux certificats médicaux ont été découvertes. La commission de discipline instruit le dossier.
"En Alsace, six à sept clubs amateurs de football sont concernés par la falsification de certificats médicaux", déclare Ilan Blindermann, directeur général de la LAFA. Devant la recrudescence du phénomène, la commission de discipline de la ligue a lancé une enquête il y a quelques semaines. Et l'affaire est en instruction.
Pour jouer au football, le cachet du médecin est obligatoire pour valider sa licence. Une étape indispensable pour contrôler la bonne santé physique des joueurs, selon l'article 46-1 des règlements généraux de la Fédération française de football. "Aucun licencié ne peut pratiquer le football s'il n'a, au préalable, satisfait à un contrôle médical donnant lieu à la délivrance d'un certificat médical de non contre-indication à la pratique du football."
Six ou sept clubs de football alsaciens sont concernés par la falsification des certificats médicaux. (Crédit Photo : CC Ludo29)
Cette fraude peut avoir de lourdes conséquences pour les dirigeants de club d'après l'article 46-7 : "En cas d'accident survenant au joueur, le non- accomplissement des formalités de contrôle médical entraîne la responsabilité du président du club dont relève le joueur." Certains clubs, comme celui de Sarre-Union, ne prennent pas de risques. "Nous avons un médecin chargé de contrôler le groupe en début de saison", déclare Olivier Froemer, entraîneur du club de CFA, visiblement pas au courant de ces fraudes.
La méthode permet à certains joueurs et aux clubs amateurs de gagner du temps et de l'argent. Pourtant, une visite médicale chez le médecin ( 23 euros) est remboursée par la sécurité sociale. D'où l'incompréhension du directeur adjoint de la LAFA, Gérard Seitz : "Pourquoi faire cela ? Cela nous a interpellés. La seule explication plausible, c'est la paresse de patienter une heure dans la salle d'attente. Je ne vois pas d'autres hypothèses ". D'autant que la fraude est tellement visible qu'il est facile de la repérer : "Souvent ces faux tampons de médecins sont gros comme une maison. Lorsque l'on cherche à contacter un praticien pour lever le doute, on se rend compte qu'il n'existe même pas", précise Gérard Seitz.
Ces fraudes ont été détectées par le changement de procédure de contrôle des licences. Il y a deux ans, le tampon du médecin était apposé après réception de la licence par le club. Désormais, c'est sur la demande de licence auprès de la Ligue que doit figurer le cachet médical. C'est le cas dans d'autres sports comme le rugby ou le basket.
Cependant, la LAFA s'interroge aussi sur le nombre de joueurs concernés de cette pratique au sein du même club : s'agit-t-il d'un acte isolé ou plusieurs personnes ont-elles bénéficié de cette pratique ? "Actuellement un seul club dans le Bas-Rhin est visé. Plusieurs joueurs sont d'ailleurs impliqués, explique Gérard Seitz. Pour Ilan Blindermann, s'il y a des fraudeurs, on ne fera pas de cadeaux". Le joueur resquilleur risque de la simple suspension à une radiation définitive de la pratique du ballon rond.
Benjamin Edgard