18 septembre 2015
Dès le 6 décembre, un service de navettes reliera les quartiers de Schiltigheim au centre-ville. Mais l'opposition municipale remet encore en question tout ou partie du projet.
On connait maintenant le nom du futur service de navettes de Schiltigheim : les Schilikois, invités à voter cet hiver, ont plébiscité la « Navette de Schilick », devant Via Schilick, Brasséo ou Schil'link. Le service, promesse de campagne pour les dernières élections municipales, « sera lancé le 6 décembre », déclare le maire Jean-Marie Kutner.
Initialement annoncé pour septembre, sa mise en place a été reportée à la fin de l'année. « Il y a eu quelques problèmes administratifs. Des opposants ont contesté la décision et le préfet a voulu observer la délibération. » Raphaël Nisand, ancien maire socialiste et conseiller municipal d'opposition, confirme avoir écrit au préfet. « Nous avons répondu au préfet en début d'année. Celui-ci a deux mois pour adresser un recours, au-delà la délibération est acquise, affirme le maire. Il n'y a donc aucune procédure en cours. » La voie est libre pour une mise en service prochaine. « Tout est déjà en route. Les véhicules sont commandés. » Malgré tout, les groupes de l'opposition municipale soulèvent encore plusieurs questions à quelques semaines du lancement.
Un réseau de bus insuffisant
Danielle Dambach, élue écologiste d'opposition, interroge la pertinence d'un réseau limité à la commune. « Les transports sont de la compétence de l'Eurométropole, souligne-t-elle. Il ne faut pas en faire une affaire schiliko-schilikoise. » Pour la municipalité, ces navettes viennent pallier les insuffisances du réseau CTS. « Les lignes circulent du nord au sud, mais pas d'est en ouest. On peut se rendre à Strasbourg, mais on ne peut pas se déplacer dans Schiltigheim », déplore le maire. Même si la ligne B du tramway dessert quelques stations à l'est de la commune, la voiture est indispensable pour les habitants des quartiers périphériques qui souhaitent accéder aux commerces et services du centre-ville. « Ce type de navettes existe dans de nombreuses villes de France. »
Deux lignes se rencontreront au centre-ville. A l'ouest de la commune, la navette s'arrêtera dans le quartier du Mont des Alouettes sans desservir l'Espace européen de l'entreprise. Les deux parcours seront effectués par deux minibus de neuf places qui peuvent circuler « dans les petites rues ». « Des employés municipaux conduiront les navettes. Ils n'auront aucune formation », reproche Raphaël Nisand. « Le véhicule neuf places ne demande qu'un permis B et une connaissance des rues. Les chauffeurs auront bien une formation », répond le maire.
Un service gratuit ?
La gestion du dispositif, réservé aux Schilikois, est confiée à un prestataire privé, Infocom, une société d'Aubagne (13) qui a remporté l'appel d'offres cet été. Gratuit pour les usagers, le service sera financé par des publicités affichées sur les véhicules. « Avec le monopole de la CTS, on ne pouvait pas proposer un service payant, concède Jean-Marie Kutner. Et on ne voulait pas faire payer aux Schilikois un service qui ne coûte rien à la mairie. » L'élue écologiste pose cependant la question de l'amortissement du véhicule, qui sera probablement « facturée par le prestataire ». « Il faut de la logistique, du carburant, des chauffeurs », complète Raphaël Nisand. « L'entretien sera fait par nos ateliers, qui fonctionnent de toute façon », admet le maire. Il explique que deux personnes seront issues des services municipaux et que deux autres seront embauchées en CAE (contrat d’accompagnement dans l’emploi) qui fait l'objet de subventions.
La navette sera réservée aux Schilikois, ce que le conseiller municipal socialiste considère comme « discriminatoire ». « On ne peut pas faire autrement, sinon ce serait de la concurrence à la CTS, explique le maire. Mais si une personne extérieure à la commune accompagne un Schilikois, nous ne lui refuserons évidemment pas l'accès. »
Repenser les mobilités
Le nouveau service de transport, qui a reçu un « très bon accueil » selon Jean-Marie Kutner, devrait assurer une meilleure liaison entre les quartiers de la commune. « L'intention est louable d'offrir un nouveau service à la population. La ville est coupée par deux, voire trois radiales », expose Danielle Dambach. Mais l'élue juge prioritaire l'optimisation du réseau existant. « Il semble plus urgent d'améliorer la fréquence sur la ligne 6, qui est hyper saturée. » Pour la conseillère municipale, c'est aussi toutes les « mobilités douces » qu'il faudrait repenser sur le territoire schilikois. « Trois nouvelles pistes cyclables seront prochainement créées. Nous travaillons sur des itinéraires, des pistes cyclables est-ouest et nord-sud pour circuler en sécurité, répond l'édile. Notre but est d'inciter à prendre la navette plutôt que la voiture. »
La « Navette de Schilick » passera toutes les heures en périphérie et chaque demi-heure aux arrêts du centre-ville. Ce qui ne devrait pas, pour le moment, remettre en cause l'hégémonie de la voiture en ville.
Jérémy Bruno