06 octobre 2016
A la frontière de Schiltigheim, Hoenheim et Bischheim, l'épicerie sociale intercommunale propose plusieurs ateliers, dont des cours de français.
Crédit photo : Cuej/Simone Ahrweiler
14h30, la classe commence. Dix participants sont venus aujourd'hui pour un cours de français à l'épicerie sociale intercommunale, qui s'adresse aux habitants de Schiltigheim, Hoenheim et Bischheim. La plus jeune a 20 ans, le plus âgé 74. La salle est petite mais il y a assez de places pour chacun. Jean-Pierre débute le cours en se présentant. Ensuite, c'est au tour des élèves. Chacun énonce son prénom, son âge, depuis quand il est en France et son pays d'origine. Le niveau de langue est très variable. Certains formulent une phrase avec peine. D'autres savent déjà bien s'exprimer et expliquent la raison de leur présence à ce cours : « Je suis ici parce que je suis obligé », dit un monsieur de 74 ans. Pour bénéficier des produits vendus à bas prix dans l'épicerie, la participation à un atelier une fois par mois est obligatoire. « Ils viennent une fois et après, quand leur contrat est fini, je ne les revois plus jamais. Souvent ils viennent contraints, alors il faut que je les attire », précise Jean-Pierre, le professeur.
Jean-Pierre Dupuis est un des 30 bénévoles qui s'investissent dans le travail social de l'épicerie. Il y a dix ans, au moment où il prend sa retraite, il découvre l'épicerie sociale et accepte tout de suite de donner des cours de français. Même après toutes ces années, il a conservé sa motivation : « J'habite le quartier et je souhaite rendre service aux gens. Particulièrement à ceux qui viennent à l'épicerie parce qu'ils sont en difficultés », dit-il. Passer un bon moment ensemble, c'est son but lors des deux heures de classe.
De ses cours bimensuels, Jean-Pierre dit qu'ils ne sont pas « très conventionnels ». « Parfois ils se développent de façon très imprévisible. Donc on improvise ! », raconte-t-il avec un sourire.
Parmi les élèves réguliers, Feiru, chinoise. Elle comprend déjà bien le français, mais a encore des difficultés en prononciation. La gratuité des cours de l'épicerie sociale l'incite à revenir même si elle n'y est plus obligée.
« Je veux donner aux gens l'impression qu'ils ont appris aujourd'hui un petit quelque chose », remarque Jean-Pierre une fois le cours terminé. Les participants se lèvent et quittent la salle. Chacun prononce différemment son « Au revoir ». Feiru reste encore un peu pour s'inscrire au prochain cours de français. « On se voit dans deux semaines », dit Jean-Pierre. Les autres, il ne les reverra probablement pas. Peu importe qui viendra, Jean-Pierre accueillera tout le monde avec gentillesse et patience. « Je suis tout à fait ravi de faire ça, d'avoir une utilité sociale. »
*nom changé
Simone Ahrweiler