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Autre raison évoquée, le manque de bénévoles : une pénurie qui ne permet pas d’attirer un public nouveau. Yael Ross, membre de l’association Don des dragons, structure qui organise un jeu de rôle géant, soutient la Maison des Jeux mais ne la fréquente pas : « Ils n’organisent pas d’événements, je ne vois rien passer sur les réseaux sociaux. À la Sauce aux jeux, il y a trois événements par mois. » Une remarque confirmée par Didier Cottel : « De notre côté, nous fonctionnons uniquement avec des bénévoles. Une vingtaine sont actifs. L’association Ludus nous met des locaux à disposition gratuitement. Nous avons peu de charges, c’est pour cela que notre structure a du succès », explique-t-il.
Face à la concurrence, une communication inexistante
Basée à l’entrée de la route de Schirmeck à Montagne-Verte, à quelques centaines de mètres de l’arrêt de tramway Montagne-Verte, la Maison des jeux souffre d’une localisation peu avantageuse. « Je n’en ai jamais entendu parler, ça me viendrait pas à l’idée d’aller à cet endroit pour jouer », explique une cliente du bar à jeux les Tricheurs, situé dans le centre-ville.
Depuis deux ans, les établissements de ce type se développent à Strasbourg: « Ils poussent comme des champignons », affirme Robin Didierjean, président d’une association de jeu de rôle. Il en existe désormais six, tous concentrés dans le centre-ville. Un facteur aggravant pour la Maison des jeux qui, actuellement, ne compte que 680 likes sur sa page Facebook, quand celle du bar les Tricheurs en affiche plus de 2 630 et celle de la Sauce aux jeux 1 810. « La communication, c’est un vrai métier et nous n’avons pas assez de bénévoles pour gagner en visibilité », décrit Vincent Ritt.
La structure aimerait se diversifier en ouvrant une ludothèque. Un projet toujours dans les cartons, au vu des sombres perspectives.
Maxime Arnoult
Créée il y a vingt ans, la Maison des jeux est la première association dédiée aux jeux de société à Strasbourg. Sa situation financière est particulièrement difficile, avec un déficit de 38 000 euros au dernier bilan 2018. Si le déclin financier a été depuis légèrement enrayé, la situation reste préoccupante. « Nous avons jusqu’à décembre pour trouver 20 000 euros, sans quoi nous déposerons le bilan. Nous avons lancé un appel aux dons en juillet mais à ce jour, seuls 1 000 euros ont été récoltés », explique Vincent Ritt, salarié de la Maison des jeux.
En février 2019, la structure a été contrainte de licencier un salarié. Mais les difficultés ne datent pas de cette année. « Il y a cinq ans, nous avons quitté les locaux de la Maison des jeux car le président de l’époque voulait déjà arrêter l’activité et déposer le bilan », se souvient Didier Cottel, vice-président de la Sauce aux jeux, une association proposant des jeux plus longs et plus difficiles, située rue du Doubs à Strasbourg. Jusqu'à aujourd'hui, la Maison des jeux a réussi tant bien que mal à se maintenir à l’équilibre grâce aux 15 700 euros de subvention annuels de la Ville. « C’est insuffisant », déplore Vincent Ritt.
Des charges trop élevées
Les prestations de découverte de jeux à différentes associations alsaciennes, qui constituaient une activité rémunératrice, est en perte de vitesse. Selon le salarié, la baisse généralisée des subventions accordées au monde associatif explique le recul des demandes. Aujourd'hui, les bénéfices limités ne suffisent pas à payer les huit salariés et les frais locatifs. « Nous sous-louons nos locaux à des associations à prix réduits. Nous ne pouvons acheter qu’une vingtaine de jeux par semestre », regrette Lise Aurore Michel, l’autre employée.
Aurélien Gerbeault et Marine Godelier
Démolir les logements sociaux les plus vétustes de la Canardière est l’une des grandes lignes du projet de renouvellement urbain de la Meinau. Les premiers concernés, ceux qui vivent entre ces murs condamnés ou ceux qui les font vivre, témoignent de leurs craintes et de leurs attentes quant à un relogement aux contours incertains.
Photos Aurélien Gerbeault, Marine Godelier, William Mercier
Il est 18h30, les adolescents arrivent au compte-goutte dans la salle à manger. Certains proposent leur aide, d'autres s’impatientent, s’installent sur leur chaise et jouent sur leur téléphone portable, les écouteurs dans les oreilles. Charlotte et Gautier apportent deux grosses marmites, prêts à servir les douze convives du soir. « Vous voulez manger avec nous ? », propose Ibrahim aux bénévoles. Tous dînent dans le calme, la plupart sont silencieux.
19h15, il est temps de débarrasser la table. « Il faut les aider à faire la vaisselle et à ranger la cuisine, car ça reste des adolescents », sourit Charlotte. Abdoulaye, qui est de corvée ce soir, fait la vaisselle en fredonnant « Ville de lumière », une chanson du groupe Gold. Avant de partir, les deux bénévoles mettent de côté les restes pour les retardataires.
20h. A l’étage, quelques jeunes traînent dans le hall. Trois d’entre eux, installés à une table, discutent foot. A côté, un garçon écoute de la musique assis sur un banc, alors que Ibrahim envoie des messages vocaux dans sa langue natale. Ici, pas de télévision, ni d’ordinateur, alors il faut s’occuper autrement. Le jeune Guinéen s’éclipse un instant pour aller prier dans le réfectoire. Puis, le hall se vide progressivement. Certains relisent leurs cours avant de rejoindre l’Agora, d’autres y sont déjà, profondément endormis.
Laurie Correia et Mickaël Duché
Dans la cuisine, les deux garçons établissent le menu en fonction des stocks de denrées livrées chaque mercredi par la Banque alimentaire. Ce soir, ce sera lentilles corail au curry, riz blanc et salade. Gautier suit religieusement les instructions de Ibrahim, qui vient d’intégrer un CAP cuisine à Strasbourg. « Tu dois laisser les lentilles tremper dans l’eau », lance-t-il au bénévole. Quelques minutes plus tard, une jeune femme déboule dans la cuisine : « Salut, désolée pour le retard ! ». Charlotte, 23 ans, étudiante en école d’architecture, connaît bien le centre Bernanos, puisqu’elle est membre de la paroisse catholique qui jouxte l’établissement. C’est la deuxième fois qu’elle vient aider à préparer le dîner. « Ce n’est pas grand-chose, regrette l’étudiante. J’aimerais avoir le temps de donner des cours de français, mais c’est compliqué avec mes études. » L’ambiance est détendue. Les jeunes échangent, plaisantent et apprennent ainsi à se connaître. Ibrahim confie avec nostalgie : « J’aimais faire la cuisine avec ma mère ».