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Les Républicains échouent même en Alsace
Terre de droite, l’Alsace n’échappe pas à la lame de fond qui emporte Les Républicains partout en France aux élections européennes de 2019. Les écarts de voix pour le parti de droite sont vertigineux. En moyenne, LR perd 54,59% des voix en Alsace. « C’est une logique nationale, reconnaît Florian Colom, délégué LR de la 5e circonscription de Mulhouse. L’Alsace ne fait pas exception : nous perdons des bastions, comme ailleurs. »
C’est le moins qu’on puisse dire : LR a perdu plus de la moitié de ses électeurs dans 599 communes sur les 880 que compte l’Alsace. Dans des fiefs historiques de la droite, c’est souvent la débâcle. À Souffelweyersheim, ville du sénateur André Reichardt, 270 électeurs ont fait le choix de la liste LR en 2019, contre 630 en 2014. À Cernay, où les maires Rassemblement pour la République, UMP, et LR se succèdent depuis 1973, 59% des électeurs de la droite n’ont pas réitéré leur vote en 2019. Même Mulhouse a sa place sur le podium des grandes déroutes : LR y perd plus de 2000 des 3547 voix qu’il comptait en 2014.
Le phénomène est généralisé : zones urbanisées et communes rurales accusent de lourdes pertes. Au cœur des Vosges, dans le petit village d’Aubure, l’ensemble des électeurs LR se sont volatilisés. À Saint-Louis, à la frontière suisse, près de deux tiers des électeurs LR ont boudé le parti de la droite en 2019.
Côté progression, le bilan est maigre. LR ne gagne du terrain que dans neuf communes, et se maintient dans quatre villages. À noter, quand même, un gain de 50% à l’actif de Issenhausen, avec… deux votants en 2019, contre un seul en 2014.
Après la débâcle de François Fillon à la présidentielle de 2017, le parti de droite espérait trouver un nouveau souffle. C'est raté : aux élections européennes du 26 mai 2019, la liste des Républicains (LR), emmenée par François-Xavier Bellamy n’atteint que 8,5% des suffrages exprimés. Loin derrière La République en marche (LREM) de Nathalie Loiseau (22,4% des voix) et le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella (23,3%).
Dans neuf des dix départements du Grand-Est, les Républicains perdent plus de la moitié des voix obtenues par l’UMP en 2014. La Meuse enregistre la plus grosse chute avec 59,03% de voix en moins. En Alsace, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin se classent respectivement en quatrième et neuvième positions des plus grosses pertes (voir classement de gauche à droite sur graphique). Pourtant, l’abstention a baissé. En 2019, 49,9% des électeurs ne s’étaient pas rendus aux urnes contre 56% en 2014.
Alors, où sont passés les électeurs du parti de droite ? En cinq ans, l’offre politique s’est profondément modifiée. La naissance du parti d’Emmanuel Macron, La République en marche, en 2017 et la montée du Rassemblement national sont au coeur de l’éclatement de la droite. Un phénomène que l’on retrouve à l’échelle locale. Ces deux partis ont-ils réussi à récupérer les voix alsaciennes des Républicains dans cette terre historiquement à droite ?
L’Alsace est une région spécifique, l'électorat est plutôt de droite et les scores du Rassemblement national y sont plus élevés que la moyenne nationale. Ce territoire est historiquement de droite de par son histoire, sa position géographique, et le poids de la religion. Jusqu’à l’émergence du Front national à la fin des années 1980, la région limitrophe de l’Allemagne était majoritairement gaulliste. Depuis, la tendance électorale aux européennes s’est transformée. La droite classique, représentée par Les Républicains s'effondre : elle passe de 30,13% en 1994 à 20,54% dix ans plus tard pour atteindre 8,72 % en 2019. Mais à qui profite cette chute ? Quels zones géographiques sont touchées par le recul de la droite ? Où sont passées les voix de l'électorat majoritaire de ce territoire ?
Et le déclin des partis traditionnels a plutôt profité au Front national, ancré principalement dans le Haut-Rhin et dans les régions les moins aisées. Qui sont les électeurs du Rassemblement national ? Quel profil sociologique ont-ils ? Dans quel territoires se situent-ils ? L'érosion du clivage gauche-droite permet également aux écologistes de progresser dans la région Grand-Est, essentiellement dans les villes. En Alsace, les communes proche de Strasbourg ont davantage voté pour EELV, profitant des mobilisations citoyennes pour le climat. Comment expliquer cette évolution du vote Vert ? Quelles sont les tendances ? Europe Écologie les Verts profite-t-il vraiment de la chute des partis traditionnels ?
Localisation géographique, catégorie socio-professionnelle, niveaux de revenus : la sociologie électorale nous apporte des éclairages sur les tendances de vote.
Le vote dans le Grand-Est, région historiquement de droite ne fait pas exception à la règle. Le Rassemblement national, confirme son implantation régionale en prenant la tête de la région avec 28,21 % des voix suivi par la République en Marche et ses 20,6 %.Les écologistes ont progressé de manière fulgurante en se positionnant troisième dans ce territoire avec 11,95 %. Un vote vert hétérogène et concentré dans les grandes villes de l’Est de la France. La droite traditionnelle menée par les Républicains s’est quant à elle effondrée comme le Parti socialiste.
Les élections européennes de 2019 sont marquées par l’effondrement des partis traditionnels déjà visible lors des élections présidentielles de 2017 avec la création de la République en Marche. Un bouleversement politique que l’on retrouve dans la région grand’Est et plus spécifiquement en Alsace. Où sont passées les voix de l’électorat de droite et du parti socialiste ? A qui profite l’érosion du clivage gauche droite ?
En 2019, le scrutin aux élections européennes est marqué par la victoire du Rassemblement national, comme il y a cinq ans, au détriment des partis traditionnels. Un résultat particulièrement visible dans le Grand-Est et plus spécifiquement en Alsace, carrefour européen.
A l'échelle nationale, l'abstention est moins élevée qu’en 2014 (56% en 2014 contre 49% en 2019), le Rassemblement national (RN) et sa tête de liste Jordan Bardella devancent tous les autres partis de ces élections avec 23,31%. Souvent accusée d’absence d’ancrage local, la République en marche (LREM) se hisse en deuxième position avec 22,41% devant la liste d’Europe Écologie les Verts (EELV) menée par Yannick Jadot. Ces élections enterrinent alors les débâcles aux présidentielles du parti socialiste et des Républicains, les partis qui ont dominé la vie politique française jusqu'en 2017.
Dans Le Grand-Est, le Rassemblement national, confirme son implantation régionale en prenant la tête de la région avec 28,21% des voix, suivi par la République en marche et ses 20,6%. Les écologistes ont progressé de manière fulgurante en se positionnant troisième dans ce territoire avec 11,95 %. Un vote vert hétérogène et concentré dans les grandes villes de l’Est de la France. La droite traditionnelle menée par Les Républicains s’est quant à elle effondrée, comme le Parti socialiste.
Souvent qualifiée de carrefour européen, l'Alsace est un territoire avec de fortes disparités régionales et un vote spécifique. Plutôt favorable aux différents référendums européens, les Alsaciens ont pourtant voté différemment selon leur zone géographique. Le Rassemblement national est davantage présent dans le Haut-Rhin, région plus rurale, marquée par la désindustrialisation, avec une large victoire aux élections européennes de 2019, tandis que la République en marche s'impose dans le Bas-Rhin, un territoire davantage urbain et aisé. Comment ces deux forces politiques ont-elles profité de la chute des partis traditionnels ?
Dans les urnes, les partis traditionnels de droite comme de gauche ont été malmenés. Notamment le Parti socialiste, en chute libre : la liste portée par Raphaël Glucksmann n’a recueilli que 5,2% des suffrages. Il perd 61,6% des électeurs par rapport au précédent scrutin européen.
Cet effondrement a-t-il profité à EELV ? Pour Romain Lachat, un transfert de voix s’est bel et bien opéré au sein même des partis de gauche, au profit d’un vote écolo : « La gauche était autrefois pourfendeuse d’un électorat ouvrier. Puis elle a attiré d’autres électeurs, qui correspondent au profil des votants EELV de 2019. »
« Le fait qu’il y ait peu d’offres puissantes à gauche - mis à part la France Insoumise - a sans doute amené à cette hausse des votes EELV », abonde Marine De Lassalle. Mais la chercheuse n’explique pas le succès des Verts par le seul effondrement du PS : « Les électeurs de gauche sont aussi attirés par l’offre écologique, qui est un enjeu grandissant dans la société. » Comme le montrent les récentes manifestations mondiales pour le climat.