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Pour un créateur de start-up, la proximité de l'Allemagne offre des opportunités alléchantes. Mais si la frontière du Rhin est aisément franchie, la langue reste une barrière réelle.

« Quand on se lance avec une idée de start-up, on veut conquérir le monde », lance Frédéric Munch avec un grand sourire. Le jeune entrepreneur de 28 ans est à la tête de Test mon job, une start-up strasbourgeoise. Son projet est de mettre en relation des professionnels de tous horizons avec des gens qui veulent découvrir de nouveaux métiers, via une plateforme en ligne. Pour 129 euros, les intéressés peuvent passer une journée aux côtés d’un berger et garder les moutons avec lui. Pour 85 euros, c’est la journée dans l’atelier d’un sellier. Dans la catégorie « Insolite », la start-up annonce l’expérience astronaute comme « bientôt disponible ».

Test mon job est accessible en ligne depuis une quinzaine de jours seulement mais l'entrepreneur se projette déjà dans l’avenir. Il veut commencer sa conquête du monde par l’Allemagne. « Chaque pays est un marché et les 80 millions d’habitants en Allemagne représentent une clientèle potentielle énorme, s’enthousiasme-t-il. En Alsace, on est dans une position avantageuse, au coeur de l’Europe. » Pour développer ses relations outre-Rhin, il vient de participer à un atelier franco-allemand, organisé par deux incubateurs de start-up de la région : Semia, basé à Strasbourg, et StartUp.connect, basé à Offenburg. « La scène start-up strasbourgeoise est beaucoup plus active que celle de l’Ortenau, explique Florian Appel, le responsable de StartUp.connect. Grâce à l’échange avec les Français, notre petit écosystème gagne en vitalité. »

Parcours semé d'obstacles

Pour nourrir cet échange, de nombreuses initiatives ont vu le jour, sous forme d’ateliers, de week-ends geek, ou de rencontres. Knot, par exemple, est un projet né d’une coopération transfrontalière. À l’instar des vélos de location, leur idée est un réseau de trottinettes. Be-Lingui, une autre start-up, s’est spécialisée dans les formations interculturelles pour mieux préparer les entreprises françaises à l'environnement de travail franco-allemand. Mais tous les projets n’ont pas abouti. Par exemple Start’Hop, créée en 2009, avait pour but de conseiller d’autres start-up transfrontalières dans leur gestion en leur donnant les bons contacts en Allemagne et en France. Aujourd’hui, l’entreprise qui avait pour slogan prometteur « Entreprendre durablement » est en liquidation judiciaire.

« Il y a plusieurs obstacles pour se lancer de l’autre côté du Rhin, analyse Uwe Baumann, mentor du programme Black Forest Accelerator à Lahr. Quand on n’est pas familiarisé avec le cadre juridique, politique et culturel de l’autre pays, cela peut avoir un effet déstabilisant. Et avoir des compétences dans les deux langues est vraiment important. » Pourtant, même si Frédéric Munch prévoit de rafraîchir son allemand scolaire, il ne pense pas que ce soit un frein à son succès. « Heureusement, les Allemands sont beaucoup moins réticents à parler l’anglais, comparé aux Français. »

Frédéric Munch est à la tête de la start-up strasbourgeoise Test mon job. Crédit photo : Cuej / Franziska Gromann

Beaucoup de jeunes entrepreneurs ont déjà fait des expériences dans l’interculturel, lors de séjours Erasmus ou d’autres programmes d’échange européens. « On a grandi avec cette vision d’une Europe des opportunités. On ne voit plus les frontières, aujourd’hui on a une monnaie commune, un marché unique. C’est une question de mentalité partagée. » Un optimisme caractéristique d’une nouvelle génération d’entrepreneurs.

Franziska Gromann et Clara Surges

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