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L'association Seerawier anime des ateliers pour initier les particuliers aux logiciels libres et à Linux. Ils proposent de les découvrir collectivement lors d'une « Install party ».

Bibliothèque Malraux, Strasbourg, quatrième étage. Dans une salle avec vue sur l’Esplanade et les deux bras du canal qui entourent la presqu'île, des murs en béton, un plafond en grilles de fer et surtout un carré de tables blanches avec des ordinateurs. Sur un côté de la salle un grand écran tactile sert de support à la présentation réalisée par « Tesla » et « John », de l'association Seeraiwer (dont le nom signifie « brigand des mers » en alsacien), groupe de réflexion créé en 2012 par des membres du Parti Pirate pour promouvoir une utilisation du numérique au service de la démocratie. L'atelier est intitulé « Libérez votre vie numérique ». Ce samedi 10 mars, il s'agit d'une « Install party », une installation collective de Linux sur des ordinateurs portables personnels, ouverte à tous. Ces systèmes d'exploitation alternatifs s'installent à la place ou en parallèle de la version de Windows déjà présente sur la machine. Les distributions Linux et les logiciels qui les accompagnent sont appelés « libres » car ils sont utilisables et modifiables légalement et gratuitement.

[ Plein écran ]

L'installation de Linux Mint se présente sous la forme d'une série d'étapes à suivre. En bas, la barre des tâches ne dépaysera pas les habitués de Windows. Capture d'écran : Cuej / Pierre-Olivier Chaput.

Comme la formation s'adresse à des novices, l'après-midi commence par une présentation. Tesla explique aux sept personnes présentes le poids de Microsoft dans le marché de l'informatique, ses problèmes de sécurité récurrents et les différences fondamentales du constructeur étatsunien avec le logiciel libre. Pour lui, « Microsoft c'est beaucoup de budget et d’ingénieurs bien payés pour faire des belles interfaces » tandis que Linux, à ses débuts, est créé « par des informaticiens, pour des informaticiens ». Il détaille ensuite l’évolution et la diversification des distributions libres et compare le manque de contrôle des utilisateurs de Windows sur ce qui se passe dans leur ordinateur, par rapport à celui d'un utilisateur de Linux averti.

Les animateurs ont préparé des clefs USB contenant la distribution Linux qu'ils comptent installer : Mint, un dérivé d'Ubuntu, la version de Linux la plus populaire dont la présentation rappelle les environnements Windows, afin que les « néo-libristes » ne perdent pas tous leurs repères. Les deux formateurs courent d’un poste à l’autre en essayant de répondre aux questions et résoudre les problèmes techniques.

Le public se déplace pour voir et comprendre ce qui se passe sur les autres postes. Pendant les temps de chargement et d'installation, les participants échangent sur la raison qui les pousse à utiliser Linux. L'un s'oppose à la collecte de données opérée par Microsoft, tandis que sa voisine de tablée, elle, aimerait pouvoir ressusciter un vieil ordinateur pour que ses enfants puissent s'en servir sans risquer un engin neuf. Peine perdue : l’appareil est trop vieux et a trop de problèmes techniques. Pour d’autres, il est au contraire trop récent et se révèle incapable de reconnaître la clé USB contenant la distribution Linux. Cela ne les empêche pas de continuer le débat sur l'intérêt de « reprendre le contrôle de son PC », longtemps après que les clapets des ordinateurs aient été refermés.

Pierre-Olivier Chaput

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