8h13. Le silence s’est à nouveau installé entre les longs murs de béton et les colonnes penchées. Les lycéens n’ont laissé que l’écho de leurs rires. Quelques voyageurs attendent le passage du prochain tramway ou du bus.
8h28. Au milieu de la gare déserte, on ne voit que Dominique Bottichio et son grand sac à dos bleu. Pour faire passer le temps, l’homme regarde la carte de la ligne 201 qui circule entre Hoenheim et Pfaffenhoffen. Ce Nancéien passe une fois par mois par Hoenheim Gare. Il emprunte le car de la région pour se rendre dans la zone industrielle de Hoerdt située à une dizaine de minutes. “Avant, je prenais un taxi à la gare de Strasbourg, ça me coûtait 38 euros. Depuis quelques mois, je prends la ligne 3 puis le 201 et j’en ai pour 4,50 euros. C’est mon patron qui est content !”, ironise-t-il avant que la porte du bus ne s’ouvre.
7h59. “Mais pourquoi tu lui as pas dit?”, “Pourquoi tu me saoules avec cette histoire?”, chicanent des adolescents. Hoenheim Gare est submergée par plus de 70 élèves emmitouflés. À ceux qui viennent de descendre du TER s’ajoutent leurs camarades arrivés dans différents bus. Sur le quai de la ligne B, Nisrine et Madison, 17 ans toutes les deux, discutent en attendant leurs amis. Ensemble ils vont en tram au lycée Marc-Bloch à Bischheim. “J’habite à Souffelweyersheim. Je prends la ligne 3 qui est plus fréquente que la ligne 6. On est très nombreux à passer par Hoenheim Gare, environ 75% du lycée”, estime Nisrine. Les rames de tramway se succèdent toutes les cinq minutes et ne désemplissent pas.
Entre 1878 et 1960, une ligne de tramway parcourait la route de Bischwiller. Retour en photos sur les temps forts de son histoire.
Les années 1950 signent le déclin du tramway. Si la fréquentation a augmenté pendant la Seconde Guerre mondiale, elle baisse de nouveau ensuite. Moins cher, plus rapide et surtout moins encombrant, le bus vole peu à peu la vedette au tramway. Alors que la voiture se démocratise, la priorité est de lui réserver l’espace de circulation. Les lignes ferment les unes après les autres et la dernière, circulant du Neuhof à Hoenheim, est arrêtée le 30 avril 1960.
Photo prise en août 1958 à l’actuel 73, rue de la République (Hoenheim)
© Strasbourg-Tramway © Emma Steven
Les tramways de Strasbourg ne conduisent pas que des voyageurs. Dans les années 1890, des motrices sont affectées au transport de marchandises (bétail, pommes de terre, foin, charbon, engrais, etc.) quand d’autres livrent lettres et journaux. En 1925, 182 000 tonnes de marchandises sont acheminées dans Strasbourg et ses environs. Mais peu à peu, le transport routier, moins coûteux, est privilégié. Du côté des voyageurs, la fréquentation baisse aussi. Entre 1930 et 1938 elle passe de 54 à 32,8 millions de voyageurs par an.
Photo prise entre 1918 et 1933 à l’actuel croisement de la rue du Souvenir et de la route de Bischwiller (Bischheim).
© Archives de la ville de Bischheim © Elia Ducoulombier