Vous êtes ici
[ Plein écran ]

Divers matériaux stockés au rez-de-chaussée du chantier © camille bluteau

Pas de barrière de la langue Khaldi, Okkés et Abdélatif viennent d’Algérie, de Turquie et de Syrie. Ils ont quitté leur pays pour diverses raisons : se marier, fuir le système politique ou échapper à Daesh. Arrivés dans les années 1990 ou plus récemment, aucun d’entre eux ne savait parler français. Malgré les difficultés d’intégration, ils n’ont pas eu de problème pour trouver du travail. Rapidement, ils ont été embauchés en tant qu'ouvriers sur des chantiers dans le Bas-Rhin. Il y a une vingtaine d'années, lors de son recrutement comme salarié chez Eiffage, Khaldi raconte qu’un chef de chantier lui a dit : “Toi, tu ne connais pas le français, mais tu connais ton travail. Le français, ça viendra plus tard.” Aujourd’hui, ce maçon de 55 ans aux yeux pétillants est fier de son parcours et de la valeur du travail qu’il a transmise à ses enfants. Les trois hommes ont suivi quelques cours de français, mais c’est en travaillant qu’ils ont le plus vite appris la langue.

Camille Bluteau et Julie Brault

À Schiltigheim, une école est en construction depuis janvier 2020 sur les fondations d’un bâtiment phare de l’usine Fischer. Un chantier exceptionnel où les ouvriers travaillent avec minutie.

7h30, le chantier s’éveille au bruit assourdissant des perceuses. Casque sous le bras, les derniers arrivants saluent leurs collègues de la main. À l’arrière d’un camion, deux ouvriers déchargent de longues planches en bois. Emmitouflés dans leur habit de travail taché par du plâtre, les deux hommes ne parlent pas. Seul le glissement du bois sur le métal du véhicule couvre leur silence.

Au 7 route de Bischwiller, c’est une vingtaine d’ouvriers qui arpentent chaque jour le sol boueux de l’ancien site de brassage. Jean-Marie Vogt, adjoint au cadre de vie et aux travaux de Schiltigheim, s’enthousiasme qu’un des lieux emblématiques de la ville prenne un second souffle : “Avant, dans ces murs était brassée la bière qui a fait la richesse de notre ville ! Demain, nos enfants y brasseront du savoir pour devenir des citoyens ouverts sur le monde.”

Malgré la proximité d’Auchan, le géant de la grande distribution, les petits commerces résistent bien. Chacun y trouve son compte, sans empiéter sur le terrain des autres.

[ Plein écran ]

Les tournées de Michel Vogler sont rythmées par une quinzaine d'arrêts. © Alexis Cécilia-Joseph

[ Plein écran ]

Mélanie Mathis est gérante de l’entreprise Aux saveurs de Mel située à Hoenheim. © Alexis Cécilia-Joseph

[ Plein écran ]

Par manque de place et de temps, des chauffeurs de camion se garent sur les trottoirs. © Alexis Cécilia-Joseph

© Pierre Frasiak et Quentin Gilles

Véritable enjeu local, la rénovation des friches de Schiltigheim mobilise habitants et municipalités successives. Entre besoin en logements, cadre de vie et intérêt patrimonial, les aspirations sont nombreuses et parfois contradictoires.

Michel Vogler, facteur : Les piétons me respectent

Une passante descend la route de Bischwiller en direction de Strasbourg. À proximité du jardin de la Résistance, Michel Vogler lui bouche le chemin. Ce facteur n’hésite pas à emprunter les trottoirs de Schiltigheim avec son vélo électrique lors de sa distribution du courrier. Elle le contourne sans broncher et poursuit son trajet. “En général, les piétons râlent sur les autres cyclistes mais pas sur les facteurs. On se respecte mutuellement”, explique-t-il.

Après avoir travaillé pour les bureaux de poste de Koenigshoffen et de la Robertsau, ce Strasbourgeois de 29 ans est chargé de la distribution du courrier sur Schiltigheim depuis un peu plus de deux ans. Il ne perçoit pas la route de Bischwiller comme un axe dangereux. “C’est aussi à nous de faire attention quand on emprunte la route. Personnellement, je n’ai jamais vu de gros accrochages”, avance-t-il.

Seul incident qu’il mentionne avec un automobiliste sur une sortie de parking : “On roulait trop vite tous les deux. Je ne faisais pas attention, je regardais le courrier dans mon vélo et lui, il devait regarder un truc dans sa voiture.”

Alexis Cécilia-Joseph

Pages