L'antenne Wifi, un lien vers Internet essentiel pour les hackeurs. Crédit photo : Cuej / Pierre-Olivier Chaput.
Chaque vendredi soir, les hackeurs du Hackstub ouvrent leurs portes aux curieux. Dans les locaux du Shadok, le collectif s'adonne autant à l'informatique qu'à la cuisine et au débat éthique.
Sur des canapés bas dans un angle sombre du premier étage du Shadok de Strasbourg, une poignée de personnes discutent doucement. En s'approchant, on peut entendre des termes comme « clés de chiffrement », « tunnel VPN » ou encore « certificat SSL ». Tous les vendredis soirs, le Hackstub ouvre ses portes, ou plutôt celles de l'ancienne usine Bischwiller, sur la presqu'île Malraux. C'est là que se trouve le « hackerspace », sorte de laboratoire communautaire où les passionnés et les amateurs bricolent et mettent en commun leurs savoirs, le plus souvent dans l'informatique. Depuis que la fédération alsace.netlib.re a obtenu son petit coin à elle dans l'espace de travail partagé strasbourgeois, les hackeurs ont pris leurs aises. À l'approche du week-end, ils arpentent souvent seuls cet espace au décor encore essentiellement constitué de béton armé.
Ce 17 mars, l'étage est occupé par une exposition, reléguant le collectif de bidouilleurs dans ce recoin peu éclairé. On y retrouve Valentin, d'Alsace Réseau Neutre, qui discute avec deux nouvelles têtes des difficultés à établir un véritable anonymat sur Internet. De l'autre côté de la table, une étudiante en art raconte son expérimentation intitulée #BalanceTonPortable (lire notre reportage). Plus tard, la petite troupe monte d'un étage jusqu'à l'espace de coworking déserté et rejoint les habitués qui y ont déjà déployé leurs ordinateurs. Dans la cuisine commune voisine, la « stammtisch », table des rencontres où l'on partage à boire et à manger, se met en route. Irina et Jérémie, membres actifs du collectif, passent derrière les fourneaux. Au menu : spätzle aux pruneaux tandis que la discussion dérive doucement entre la configuration d'antennes radio et les dernières avancées en matière d'intelligence artificielle.
Vers minuit, Jérémie raccompagne les visiteurs. Pour lui, le premier jour du week-end ne va pas rimer avec « grasse matinée » mais plutôt avec « atelier à préparer ». Samedi, il doit animer un Network and magic, « jeu de rôle sérieux » qui vise à faire comprendre le fonctionnement d'Internet.
Pierre-Olivier Chaput