La Fédération du libre et du hack en Alsace est née en 2017 de la coopération entre sept associations locales. Elle promeut les principes du logiciel libre, de la neutralité du Net et de la défense de la vie privée en ligne.
« Ne nourrissez pas le Google ! » L'autocollant qui orne l'ordinateur de Valentin Grimaud, président de l'association Alsace Réseau Neutre, est sans équivoque. Tout comme « Je bloque les publicités », « I <3 free software » (« J'aime le logiciel libre »), ou encore « Je chiffre mes communications ». « Notre ligne, c'est la technologie au service de l'humain », explique le hackeur. « Nous », c'est la Fédération du libre et du hack en Alsace.
Décorer le dos de son ordinateur est une tradition chez les militants. Et les « hacktivistes » ne font pas exception. Crédit photo : Cuej / Pierre-Olivier Chaput.
Formée en 2017 par sept associations locales, elle promeut les principes du logiciel libre, de la neutralité du Net et de la défense de la vie privée en ligne. Des valeurs essentielles à Strasbourg, et depuis longtemps ; dans la capitale alsacienne, le numérique était déjà présent il y a un demi-siècle. De l'Amicale des informaticiens de l'Université de Strasbourg, qui existe depuis 1969, préhistoire de la discipline, à la Flammekueche Connection, le groupe local d'utilisateurs de Linux qui organise des événements sur le logiciel libre depuis les années 1990, les terrains de jeux pour informaticiens engagés ne manquent pas. Paradoxalement, ces associations dont la raison d'être tourne autour d'Internet, réseau mondial, avaient beaucoup de mal à communiquer entre elles.
« C'était très désorganisé », confirme Damien Gleitz, dans un diagnostic largement partagé par ses comparses. Le co-créateur de Desclicks, association basée à Schiltigheim qui propose des formations grand public au numérique et vend des ordinateurs reconditionnés à bas prix, poursuit : « Nous n'étions souvent même pas au courant de ce que faisaient les autres », alors que nombre de ces associations ont plusieurs membres en commun. D'où le besoin de se réunir dans une structure commune. Mais celle-ci ne s'est pas construite du jour au lendemain. « Cela faisait par exemple deux ans qu'on participait ensemble au week-end des associations », évoque Valentin Grimaud. Avec ce nouveau cadre, les échanges sont désormais plus simples. « La fédération permet de se coordonner, de se structurer et aussi de mieux accueillir les personnes qui viennent nous voir, en nous permettant de les rediriger vers l'association dont les activités les intéresseront le plus », détaille Damien Gleitz.
De la coordination et de la coopération, cette alliance d'associations en aura bien besoin. La jeune fédération alsacienne s'est engagée à organiser l'édition 2018 des Rencontres mondiales du logiciel libre (RMLL). Celles-ci se tiendront sur le sol de l'Université de Strasbourg du 7 au 12 juillet. D'ici là, les hackeurs ont du pain sur la tablette.
Pierre-Olivier Chaput