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Si la crise sanitaire a marqué un coup d’arrêt dans les interactions entre les humains, la relation avec les animaux, elle, n'a pas ralenti. Refuges et associations du Bas-Rhin ont reçu de nombreuses demandes d’adoption, donnant lieu à de belles histoires.

Sushi et Murphy ne sont plus les seuls félins sur leur territoire. “La nouvelle, la petite Luna, c’est mon ombre”, rigole Marie-Julie Legrand-Moser, 27 ans. Dès la première semaine de confinement, cette jeune Strasbourgeoise a tout mis en œuvre pour sauver une boule de poils de seulement huit mois. “C’est un monsieur qui est allé se confiner ailleurs et qui a abandonné son petit chaton dans la rue, près de Wolfisheim, sans nourriture, sans eau”, déplore-t-elle. La compagnie de ses chats et en particulier de la petite dernière l’a bien occupée pendant ces 55 jours.

“J'étais déjà très à l'écoute de leurs besoins, mais avec le confinement ça a carrément été l'aménagement de l’appartement. Il est conçu pour eux !”, affirme-t-elle. Banc, balancelle, hamac, mur d’étagères, cabanes en carton, jouets, Marie-Julie et son mari ont tout fabriqué, pour le plus grand plaisir de leurs trois chats. La jeune femme a eu une longue phase de réflexion grâce à la présence de ses matous. “Le confinement m’a permis de savoir vraiment ce que je voulais faire : je vais reprendre des études en éthologie et me spécialiser dans les félins”, explique l’ancienne étudiante en master d’histoire. Une décision à laquelle ne sont pas étrangères les particularités de chacun de ses animaux : “J’ai un chat qui est obèse et un qui est asthmatique et angoissé, parce qu’il a été maltraité.”

© Paul Decanter / © Cuej.info

Réagir face aux abandons

Outre les adoptions, il y a aussi eu de belles initiatives pour venir en aide aux refuges et aux associations. À Sélestat, alors que Christophe Brochet et sa femme venaient d’adopter un chien en octobre, ils sont quand même devenus famille d’accueil pour la première fois. Le déclencheur : “On a vu des articles sur les Chinois qui se débarrassaient des chiens à cause de la peur du Covid”, explique Christophe Brochet. Le couple a ouvert sa porte à Darbi, un chien de chasse qui patientait à la SPA d’Ebersheim. “Certains bénévoles qui ne pouvaient plus se rendre au refuge ont souhaité accueillir ces animaux. Par la suite, des gens se sont aussi proposés spontanément pour que les chats ne restent pas seuls trop longtemps”, développe Anaïs Loas, secrétaire de l’association strasbourgeoise Éthique et respect animal (ERA) qui a déjà recueilli près de 220 chats abandonnés depuis le début de l’année.

© Stéphanie Loos / © Cuej.info

© Marie-Julie Legrand-Moser / © Cuej.info

Apprivoiser la solitude

Marie-Julie n’est pas passée par une association de protection animale pour sauver Luna, mais de leur côté les refuges du Bas-Rhin n’ont pas été ménagés pendant cette période. Le nombre de demandes d’adoption est resté quasiment le même dans certains sites, comme à la SPA de Strasbourg qui a comptabilisé 132 adoptions contre 144 l’année dernière, à la même période. Paul Decanter, y a adopté son nouveau matou. “Peu de temps avant le confinement, on s’est séparé avec ma copine et du coup je me suis retrouvé très très seul”, précise le Strasbourgeois de 26 ans. Le couple possédait deux chats qui ont grandi ensemble; c’est finalement l’ex-compagne du jeune homme qui les a gardés.

Pour apprivoiser cette nouvelle solitude, il a profité de la dérogation d’ouverture des refuges afin de se trouver une nouvelle compagnie. Le chat qu'il a ramené chez lui s’appelait Perlin, il l'a rebaptisé Loki. “Ça fait de la présence dans l’appartement, il me donne un rythme de vie. Le matin, par exemple, il me réveille car il me réclame à manger. Et même si en ce moment je travaille à distance, je ne suis pas en retard grâce à lui”, sourit Paul, qui s’étonne du lien qu’il a tissé, si rapidement, avec ce chat âgé de 9 ans.

© Christophe Brochet / © Cuej.info

À Breuschwickersheim, Stéphanie Loos, elle, a proposé son aide à une autre association strasbourgeoise, les Chats’sociés, qui ne possède pas de refuge et fonctionne habituellement avec une trentaine de familles d’accueil. “C’était au tout début du confinement, l’association avait posté une annonce sur Facebook pour un chaton aperçu dans le patelin d’à côté. C’était notre première expérience en tant que famille d’accueil”, expose cette secrétaire de 41 ans qui, avec son compagnon, a déjà quatre chats dans son duplex. Baptisée Karma, la petite nouvelle devra devenir plus sociable avant de quitter son nouveau domicile et de pouvoir être adoptée. “C’est une expérience à part et c’est intéressant, même si parfois c’est frustrant parce que le chat ne vient pas vers nous, qu’il nous crache dessus… Pour l’instant, Karma est sociable avec mes chats, mais avec nous c’est plus compliqué, la relation est un peu tendue”, s'amuse Stéphanie.

Amélie Rigo
Valentin Naturel


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"Pendant le confinement, on a eu énormément de gens qui se sont dit 'on va prendre un chien pour pouvoir aller se promener'." C'est ce qu'affirme Sabine Chapuis, présidente de l’association Galgos Angel, basée à Strasbourg, qui ramène en France des chiens actuellement en refuge en Espagne à des fins d'adoption. © Alexis Fuchs

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