Twitter s'est une fois de plus invité à l'Assemblée nationale pour le débat sur le mariage gay. L'utilisation tout azimut par les députés a viré au pugilat. A tel point, que l'utilisation de Twitter a fait l'objet d'une suspension de séance mais surtout d'un rappel au règlement qui propulse la plateforme de microblogging dans le droit parlementaire.
Les débats virulents sur le mariage gay qui se sont déroulés ce week-end ont relancé la polémique sur l'utilisation de Twitter au sein de l'Assemblée nationale. Face à une opposition jouant la carte de l'obstruction, les députés de la majorité, se sont fait une joie de répliquer sur Twitter. Une utilisation, jugée abusive par certains députés, qui a conduit Patrick Hetzel, élu UMP du Bas-Rhin, à remettre en question le bien-fondé de l'utilisation des réseaux sociaux : « Il faudra que nous nous interrogions sur la pertinence de maintenir les tweets à l'intérieur de l'hémicycle.» Petit précis des arguments invoqués par l'opposition.
• La politesse
Une suspension de séance, un rappel au règlement, les tweets n'ont cessé de perturber les débats de vendredi à dimanche. Chez un certain nombre de députés, de droite comme de gauche,Twitter a joué le rôle de trompe l'ennui voire de défouloir face à la longueur des échanges. Ainsi, les internautes ont pu suivre le remake de « Desperate Housewives » réalisé par le député EELV Sergio Coronado. Ce dernier a comparé certains députés aux héroines de la série. Une « attaque personnelle » qui n'est pas du goût du président de l'UMP Christian Jacob qui a obtenu une suspension de séance de 10 minutes. Plus tard, c'est au tour de Philippe Gosselin, député UMP, de prendre la parole pour s'insurger contre un tweet de Jérôme Guedj dont il juge les termes « inadmissibles » :
Je rejoins l'hémicycle, déprimé par avance de devoir supporter tant d'inepties et de mauvaise foi : ils voulaient un débat, ils le souillent
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) 1 février 2013
L'élu UMP a obtenu un rappel au règlement de la part du président de l'Assemblée Claude Bartolone.
• Une dérive narcissique
Pour Hervé Mariton, député UMP, attaqué par Sergio Coronado, la mise en scène des députés comporte un risque de dérive narcissique mais surtout que le débat se déroule en vase clos à l'intention des internautes.
• Les débats doivent être coupés du monde
L'utilisation de Twitter crée un débat parallèle public. Un argument pour ses détracteurs car, historiquement, le travail parlementaire a été conçu de manière à ce que le temps des débats et des votes, l'hémicycle soit coupé du monde pour en préserver l'intégrité et éviter tout risque de pression de la part des groupes d'intérêt ou des lobbies.
Pour Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des lois, Twitter peut être un outil d'amélioration du dialogue avec les citoyens :
Pour ce dernier, la première du rappel au règlement en raison de Twitter « fera l'objet d'un antécédent et rentrera sans doute désormais dans le règlement parlementaire ». De là à dire que Twitter est déjà entré dans les moeurs, il n'y a qu'un pas que 227 députés ont déjà franchi. La question de l'interdiction de Twitter à l'Assemblée nationale n'a pas fini de faire polémique. Pour Claude Bartolone, c' est une « question plus facile à poser qu'à résoudre ».
Jessica Trochet