La Cour d'appel de Paris rejugera mercredi le rappeur, condamné en première instance pour injure et provocation à la violence envers les femmes. En cause, les textes de huit de ses chansons.
Le rappeur Orelsan conteste la décision du tribunal correctionnel. (Photo Flickr/CC Kmeron)
"Ferme ta gueule ou tu vas t'faire marie-trintigner", "Les féministes me persécutent (...) comme si c'était d'ma faute si les meufs c'est des putes". Ce genre de provocations sont fréquentes dans les chansons d'Orelsan. Alors pure création artistique ou infractions pénales ? La Cour d'appel de Paris rejugera mercredi le rappeur, condamné en 2013 en première instance à 1.000 euros d'amende avec sursis pour injure et provocation à la violence envers les femmes pour huit de ses chansons.
Les juges de la 17e chambre du tribunal correctionnel avaient alors souligné le néologisme "marie-trintigner", employé dans la chanson "Saint-Valentin" marque le point culminant de la "banalisation des violences faites aux femmes".
"Les gens aiment trop censurer ou boycotter le rap"
En réaction, Orelsan avait fait valoir sa liberté de création, expliquant qu'il s'agissait bien de "fiction". Pour l'avocat du rappeur, Me Simon Tahar, la justice a ouvert une "voie large, grave, à la censure de la création artistique". Le parquet était allé dans son sens, soulignant que la lecture intégrale des textes permettait bien de comprendre que "chacune des chansons" racontait une "histoire particulière".
Orelsan parle de ses textes et de la censure en septembre 2012. (Source RAPELITE)
Une polémique qui démarre en 2009
Ce n'est pas la première fois que le rappeur est attaqué en justice à cause des textes de ses chansons. Depuis 2009, Orelsan est au centre d'une polémique, débutée avec la chanson "Sale Pute". Les associations de défense des droits des femmes décident de le poursuivre, et les politiques s'emparent du sujet. Le Parti socialiste juge les paroles "odieuses" et Ségolène Royal va jusqu'à faire déprogrammer le rappeur des Francofolies. Mais contre toute attente, Orelsan est relaxé en 2012.
Rassemblement Féministe Paris - Bataclan... par kelbofilm
Rassemblement de protestation avant le concert d'Orelsan au Bataclan en 2009.
Dans la tourmente, Orelsan avait quand même pu compter sur le soutien du milieu musical. Cali, Olivia Ruiz, Benabar ou encore Oxmo Puccino, Sefyu et Soprano s'étaient opposés à sa déprogrammation des Francofolies. Et effectivement, l'artiste reste présent dans les grands événements musicaux, comme le festival des Vieilles Charrues, qui annonçait lundi 17 février qu'Orelsan participerait à l'édition 2014.
Hélène Faucher (avec AFP)