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08/09/17
15:58

« On a pas beaucoup d'argent, mais on ne manque pas d'envie »

Dans le petit théâtre du Cube nOir, une petite troupe s'active. Les acteurs amateurs s'apprêtent à virevoleter entre les mutiples personnages qui composent la pièce du soir, le succès états-unien Angels in America : Perestroïka.

Ce soir, une trentaine de personnes sont présentes, dès 20h30, pour assister à la mise en scène d'Angels in America : Perestroïka, par Gilles Kammerer. Diplômé de Lettres modernes et maître en littérature comparée, ce jeune homme de 24 ans a décidé de monter ce grand classique américain. La pièce de Tony Kushner a remporté un énorme succès outre-Atlantique lors de sa sortie, en 1991, bien qu'elle ait eu moins d'échos en Europe. Il faut dire que ce spectacle en deux parties, dont la première mise en scène durait sept heures, est à l'image des Etats-Unis de la fin des années 80, en pleine guerre froide : une pièce complexe, dans laquelle les histoires des nombreux personnages se croisent et se lient. Pourtant, quand on lui demande de résumer l'argument de l'ouvrage, Gilles Kammerer se lance sans hésiter.

 

 

Une affaire de famille

Angels in America : Perestroïka est la deuxième partie du spectacle. La première, Millenium Approaches, jouée en juin, avait réunie "environ 250 spectateurs, à peu près autant que celle-ci", indique Martine, la mère de Gilles, qui s'occupe de la billetterie ce soir. "Il vous a dit que sa sœur tenait aussi un rôle dans le spectacle ?"

Sur scène, les huit acteurs sont amateurs, même si on l'oublie vite. Certains jouent plusieurs personnages, bien souvent aux antipodes les uns des autres. Gilles Kammerer, qui a déjà onze spectacles à son actif, revendique ce choix de distribution : "Je travaille toujours avec des amateurs, seule la maquilleuse est pro. Mais chacun a parfaitement réussi à s'approprier son ou ses personnages, malgré la difficulté de certains rôles."

Le cahier des charges d'une telle pièce est en effet très fourni. Les personnages passent par une vingtaine de lieux différents, d'un lit d'hôpital à Central Park, en passant par un cinéma mormon ou encore le paradis. Carrément. Et finalement, le décor réalisé "avec trois bouts de ficelle" réussit à embarquer les spectateurs, par sa symétrie fascinante, ses accessoires simples mais équivoques, et l'ambiance portée par des jeux de lumières superbement maîtrisés. "Tout l'intérêt de ce genre de création, c'est qu'on a pas beaucoup d'argent, mais qu'on ne manque pas d'envie. On avait donc pas mal de contraintes, mais on a réussi à produire un spectacle très visuel." Le maquillage finit de poser les bases d'une intrigue dans laquelle on se laisse immerger sans rechigner. Le fameux ange de l'Amérique, incarné par Marie Kammerer, la sœur de Gilles, arbore un maquillage très inspiré de ceux de David Bowie, lui donnant un air éthéré, presque terrifiant. La figure de Lazarus, la comédie musicale de Bowie, mais aussi celle de la résurrection, s'impose au spectateur.

Les dialogues sont assez froids et crus. Les personnages tirent le portrait d'une Amérique qui a perdu ses repères, au milieu d'un conflit qu'on croie sans fin ; Dieu a déserté le Paradis, laissant les Hommes livrés à eux-mêmes et à leurs désirs. Certains s'emparent de cet état de fait comme une légitimation de leurs pulsions, d'autres noient leur désespoir et leurs craintes dans des anxiolytiques. Au final, tous cherchent à se restructurer, comme le nom de la pièce, Perestroïka, le laisse entendre.

 

Samedi 9 et dimanche 10 septembre, à 20h30, Angels In America : Perestroïka. Au théâtre du Cube nOir, 4 allée du Sommerhof, à Strasbourg. Renseignements ou réservations au 06.85.39.70.32. Tarifs : 10€, réduits 8€, étudiants 6€.

Victor Guillaud-Lucet

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