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04/02/13
17:50

Mali: "Ansar Dine est traqué par les Touaregs, les Africains et les Occidentaux"

Pour Emmanuel Grégoire, l'armée malienne aura gagné la guerre qui l'oppose aux islamistes au printemps. Crédits photo : Flickr/U.S. Army

Mohamed Moussa Ag Mouhamed, haut responsable d'Ansar Dine ("défenseurs de l'islam"), l'un des trois mouvements islamistes en guerre contre la France et le Mali, avec Al-Qaida au maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), a été arrêté près de la frontière algérienne, dimanche soir. Les autonomistes Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui ont pris le contrôle du Nord-Mali en janvier 2012 avant de se faire confisquer le pouvoir par les islamistes, ont revendiqué sa capture ainsi que celle d'un membre du Mujao.

Emmanuel Grégoire, spécialiste des mouvements touareg, géographe à l'Écoles des hautes études en sciences sociales (EHESS), revient pour Cuej.info sur les conséquences de ces arrestations sur les groupes islamistes au Mali. Interview.

Quel rôle Mohamed Moussa Ag Mouhamed jouait-il au sein d'Ansar Dine ?

C'est une personnalité importante de ce mouvement. Mouhamed est un idéologue, un partisan d'une application stricte de la Charia. Il est aussi le responsable des massacres qui ont eu lieu à Tombouctou. Son arrestation est la preuve qu'Ansar Dine est en sursis.

Le MNLA a revendiqué son arrestation. Cela vous surprend-il ?

Non, le MNLA, veut aujourd'hui faire bonne figure auprès des occidentaux. Avec cette arrestation, il veut prouver qu'il est un interlocuteur fiable, crédible, capable de lutter contre l'islamisme. C'est incontestablement un geste fort. Mais il n'est pas non plus impossible que le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA) ait joué un rôle dans cette arrestation. Ce groupe est issue d'une scission, qui a eu lieu le 24 janvier au sein d'Ansar Dine et rassemble la plus grande partie de l’état-major du mouvement opposée au chef, Iyad Ag-Ghali (ce dernier s'est lancé, au nom de la charia et avec Aqmi, dans l’offensive sur Konna qui a abouti à l’intervention française, ndlr). Le MIA est constitué de Touaregs plus modérés qui sont prêts à négocier avec les autorités maliennes et françaises.

Ansar Dine dispose aujourd'hui de combien de combattants ?

Approximativement entre 300 et 400. L'hémorragie est très importante car ils étaient près de 2000 il y a encore quelques semaines. Des centaines de Touaregs du MNLA ont rejoint Ansar Dine au moment de la création du mouvement, en mars 2012. Ils étaient attirés par l'argent des islamistes. Avec le trafic de drogue et les prises d'otages, Ansar Dine dispose de plus de moyens financiers que le MNLA. Mais, les Touaregs ne sont pas des fanatiques et ils ont pris peur devant l'extrémisme d'Ag-Ghali. Ils ne sont pas fous, ils ne veulent pas affronter l'armée française. Mais ce genre de volte-face est typique de l'histoire touareg. Ils ne sont pas fiables dans leurs alliances. On l'a, par exemple, constaté dans les années 1990 au Niger avec les revirements du chef Mano Dayak.

A vous entendre, la fin d'Ansar Dine est pour bientôt.

Ses combattants sont dans une situation très difficile. Ils ne peuvent même plus assurer la sécurité de leurs cadres. Ils sont traqués par les Touaregs, les Africains et les occidentaux. Leur position n'est guère enviable...  Ansar Dine est en mauvaise posture. Iyad Ag-Ghali le sait bien puisqu'il a demandé l'asile politique en Mauritanie. Il peut-être dénoncé à tout moment.

Quel impact aurait la disparition d'Ansar Dine sur Aqmi et le Mujao ?

Aqmi serait alors en première ligne, le Mujao étant moins puissant. Mais, ces deux mouvements ne sont pas non plus à l'abri de dénonciations. Le renseignement humain est l'une des clés de cette guerre. La région de Kidal, où beaucoup de terroristes se cachent, est certes très étendue, mais c'est compliqué d'y rester longtemps. Il n'y a pas beaucoup d'oasis ou de puits. Ils doivent donc se déplacer et rencontrent des gens dans les villages où ils passent. Les villageois n'hésitent pas à parler à l'armée française ou malienne.

Y-a-t-il un risque que ce conflit s'enlise ?

Je ne crois pas à cette hypothèse. On n'est pas en Afghanistan où les talibans sont aidés par un pays voisin qui est le Pakistan. Dans ce conflit, l'Algérie et le Niger veulent en finir avec les islamistes et ferment leurs frontières. C'est d'ailleurs ce qui a permis l'arrestation de Mouhamed dimanche. De plus, la saison chaude vient au mois de mars. Les islamistes vont être éprouvés par des conditions climatiques très difficiles. A mon sens, le Mali et la France auront gagné cette guerre en avril ou en mai.

Propos recueillis par Antoine Izambard

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