Un rapport de l’ONG Global Witness, sorti mercredi 17 septembre, révèle que 146 personnes ont été tué·es l’an dernier dans le monde alors qu’elles luttaient pour défendre l’environnement. Des données qui s'ajoutent aux 2 106 cas répertoriés entre 2012 et 2023.
Beaucoup de peuples autochtones d'Amérique latine sont dépossédés de leur terre à cause de grands projets miniers. © Renaldo Matamoro
En 2024, à travers le monde, 146 personnes ont perdu la vie pour protéger l’environnement et leur droit à la terre, selon Global Witness. Ce chiffre est en recul par rapport à 2023 – 196 morts. « Cela n’indique pas que la situation s’améliore », explique l’ONG qui pointe que de nombreux cas ne sont pas rapportés, « particulièrement en Asie et en Afrique ».
Mourir pour protéger sa terre
Ces activistes, souvent issus de populations autochtones – 33% – luttaient pour protéger leur terre contre de grands projets industriels dévastateurs pour l’environnement. C’est le cas de Juan López. Comme dans 28 autres cas, cet activiste se battait contre l’implantation d’une exploitation minière installée près de chez lui.« Il militait pour protéger les rivières Guapinol et San Pedro Rivers, qui fournissent en eau une centaine de personnes », relate le rapport. Le 14 septembre 2024, il est retrouvé mort criblé de balles dans sa voiture. Trois ans plus tôt, il avait confié à l’AFP vivre dans l’angoisse depuis qu’il s’était engagé dans ce combat.
L’impunité et la loi du silence
Devant l’Afrique et l’Asie, c’est en Amérique latine que la répression est la plus violente avec quatre cas documentés sur cinq. La Colombie reste le pays le plus meurtrier pour les activistes écologistes, avec 48 assassinats recensés l’an dernier, après 79 en 2023.
« De nombreux peuples autochtones, communautés paysannes et afro-descendants vivant en Colombie craignent de dénoncer les dégâts environnementaux infligés par les industries extractives, en particulier les défenseurs opérant à proximité de groupes armés et dans des zones de conflit », explique l’ONG dans son rapport. À la loi du silence s’ajoute l’impunité. Depuis 2002, seulement 5,2 % des assassinats de leaders sociaux et de défenseurs des droits humains ont été jugés dans le pays.
De l’autre côté des Andes, la situation n’est pas plus heureuse. Souvent critiqué pour sa gestion de l'exploitation de la forêt amazonienne, le Brésil, pays hôte de la COP 30 en novembre, recense pour sa part 12 morts.
Mahault de Fontainieu
Édité par Lucie Porquet