Syamak Agha Babaei, vice-président de l'Eurométropole en charge de l'habitat, exposait jeudi la politique du logement dans l'agglomération. Photo Rémi Carlier/Cuej
Le changement de statut de la Communauté Urbaine de Strasbourg en Eurométropole ne modifiera en rien sa politique volontariste sur le logement. La collectivité compte miser sur le logement social pour devenir plus attractive et mettre en place une expérimentation sur la régulation des loyers.
La feuille de route de l'habitat est tracée. La toute nouvelle Eurométropole, héritière des compétences et de la politique de la Communauté urbaine de Strasbourg, compte attirer les classes moyennes. Malgré une augmentation régulière de la population, l'institution est préoccupée par le départ important de jeunes ménages de classe moyenne. "Il s'agit principalement de trentenaires actifs ou bi-actifs avec des enfants, à la recherche d'intimité", explique Syamak Agha Babaei, vice-président de l'Eurométropole en charge de l'habitat. Plusieurs mécanismes sont prévus pour y faire face, et atteindre l'objectif de 50 000 habitants supplémentaires en 2030.
Une attention particulière est portée au logement social. Sur les 3000 logements prévus chaque année, on comptera un minimum de 1250 logements locatifs sociaux supplémentaires. Cela inclut 30 % de PLAI, réservés aux personnes en difficulté, 60 % de PLUS, logements classiques, et 10 % de PLS destiné aux classes moyennes. Ces derniers seront réservés aux logements "structures", destinés aux étudiants ou aux personnes âgées.
Deuxième objectif, maîtriser les prix des logements privés. "Il s'agit de développer une offre abordable pour les ménages qui y habitent, en travaillant avec des bailleurs qui pourront construire du logement intermédiaire", prévoit Syamak Agha Babaei. Le logement intermédiaire, désignant des habitations à loyers maîtrisés, destinées à ceux qui ne peuvent prétendre aux logements sociaux mais dont les ressources ne permettent pas toujours l’accès ou le maintien dans le parc privé, coûte "de 10 à 20 % moins cher que les prix du marché", continue l'élu.
Enfin, l'Eurométropole envisage de mettre en place une expérimentation sur la régulation des loyers, suivant le modèle imposé par la loi ALUR, dans les quartiers où les prix sont les plus élevés. "Une politique qui vise à empêcher les loyers de progresser indéfiniment", explique Syamak Agha Babaei. Soumise à l'accord du gouvernement, cette expérimentation permettrait de plafonner les loyers à la relocation. Elle reste cependant conditionnée aux résultats de l'observatoire strasbourgeois des loyers, attendus pour mai. Ces derniers doivent révéler le niveau des loyers dans l'agglomération et leur progression dans le temps.
L'Eurométropole conserve son rôle prédominant sur l'habitat dans le Bas-Rhin. Conséquence de la politique volontariste de la Communauté Urbaine de Strasbourg mise en place lors du précédent mandat, elle absorbe aujourd'hui près de la moitié des logements construits dans le département. Le quatrième programme local de l'habitat (PLH), lancé en 2008 pour une durée de six ans, devait se finir à la fin de l'année mais sera prolongé d'un an. Selon les chiffres officiels, les objectifs ont largement été dépassés. Plus de 21 000 logements ont obtenu un permis de construire sur la période 2009-2014, avec un taux de construction effective avoisinant les 75 %, au dessus des 3000 logements par an prévus dans le PLH.
Rémi Carlier