A trois jours d'un sommet européen décisif pour l'UE, François Hollande a réaffirmé sans concession ses convictions pour l'Europe devant les élus européens réunis à Strasbourg.
"Le sursaut sera collectif ou il ne sera pas. Le temps presse, il nous faut définir une nouvelle ambition et cette nouvelle ambition ne pourra pas réduire la précédente", a prévenu François Hollande en visite mardi au Parlement européen à Strasbourg. "Depuis trop longtemps, l'Europe hésite sur ses choix", a dénoncé le président français, alors que le conseil européen doit définir jeudi et vendredi le budget de l'Union pour la période 2014-2020. Conséquences : "Ce n'est plus la défiance des marchés qui menace l'Europe, c'est celle des peuples."
1- Promouvoir un budget de croissance
"Faire des économies, oui. Affaiblir l’économie, non", a lancé François Hollande sous les applaudissements du Parlement, qui devra donner son aval au budget défini par les dirigeants européens. Le président socialiste a exposé les quatre principes de la France pour la défense d'un budget européen de croissance : un niveau de dépense qui préserve les politiques communes, un budget qui prolonge le pacte de croissance de juin dernier, un budget qui soutient les Européens les plus fragiles et les plus exposés à la crise et mette la priorité sur l'emploi des jeunes, un système de ressource plus juste et plus lisible et dans lequel le montant des rabais et chèques cesse d'augmenter.
2- Ne pas céder au chantage anglais
Alors que le Britannique David Cameron a menacé de claquer la porte à l'Union européenne si ses exigences n'étaient pas remplies, le président français a réaffirmé qu'il faudrait "raisonner ceux qui veulent amputer le budget européen au-delà de ce qu’il est possible d’accepter". Pour Hollande, l'Europe "ne peut pas être une addition de nations chacune venant chercher dans l'Union ce qui lui serait utile pour elle et pour elle seule." Contre une Europe à la carte, il a plaidé pour une Europe "différenciée" où les Etats peuvent décider d’aller de l’avant au-delà des bases communes acquises.
3- Approfondir l'intégration européenne
"Au delà de nos choix budgétaire, c’est une conception de l’Europe qui est en débat." Pour François Hollande, la France est prête à affronter le "grand chantier de l’approfondissement de l’intégration la zone économique et monétaire". "Puisque nous sommes pour l’intégration, nous sommes pour la solidarité l’un ne va pas sans l’autre", a souligné le président socialiste. François Hollande a aussi rappelé sa conviction que pour répondre à la crise, les politiques européennes "doivent être adaptées aux situations nationales. Sinon l'Europe est condamnée à l'austérité sans fin et je m'y refuse".
4- Réformer le système bancaire
Pour relever le défi de la stabilité financière et de la stabilité économique, "la supervision bancaire sera un enjeu considérable" a réaffirmé François Hollande. Pour le président, les efforts doivent continuer pour répondre à une crise qui "n'est pas passagère mais le signe d'une mutation profonde" : "il n'y aura pas de répit tant que dans certains pays un jeune sur deux est au chômage et tant qu'une transition énergétique n'aura pas été capable de nous faire passer d'une monde à un autre."
5- Défendre la démocratie
Le Parlement a salué par des applaudissements l'intervention française au Mali. Le président français a certes assumé la responsabilité de la France à prendre les armes pour un "peuple qui avait permis à mon pays d'être libéré de la servitude durant la seconde guerre mondiale". Il a cependant réaffirmé avoir fait ce choix "au nom de la France, mais aussi au nom de l'Europe" qui "doit prendre sa part au combat pour la démocratie et la dignité humaine" et est désormais "attendue pour participer au développement du Sahel" aux côtés des organisations africaines : "la lutte contre le trafic de drogue est essentielle si nous voulons lutter contre le terrorisme." Après son discours François Hollande a déclaré en conférence de presse ne pas avoir de "critiques à adresser à l'Europe mais un avertissement à lui lancer" à propos de l'intervention solitaire de la France au Mali : "L'Europe de la défense n'a pas encore pris la dimension attendue."
6- Prendre l'initiative en diplomatie
Sur le plan diplomatique, François Hollande a appelé à "en finir avec la dispersion des initiatives". Face à l'enlisement de la crise syrienne et la menace nucléaire iranienne, le président français a appelé à harmoniser les positions des Européens dans les instances internationales. Enfin, souhaitant que l'Europe pèse sur les négociations israélo-palestiniennes, il a affirmé qu'elle ne devait "pas attendre les Etats-Unis" sur cette question.
Texte : Claire Gandanger / Video : Janina Schnoor