Clara Beaudoux, journaliste à France Info, participe demain soir à une rencontre, organisée dans le cadre des Bibliothèques Idéales, à la Médiathèque d'Illkirch. Elle parlera de son livre Madeleine Project, version papier d'un « feuilleton 2.0 » suivi par des milliers d'internautes.
En 2013, Clara découvre dans sa cave les affaires de Madeleine, qui aurait eu 100 ans en 2015 et aurait vécu vingt ans dans son appartement. Elle s'y plonge et dresse le portrait d'une anonyme tweet par tweet. Désormais, l'aventure continue aux Etats-Unis où son livre sera publié le 12 septembre.
Hey Strasbourg ! Rdv jeudi soir Médiathèque Sud Illkirch : rencontre #Madeleineproject dans le festival @Bibideales https://t.co/XYYAlZvj2p
— clara beaudoux (@clarabdx) 4 septembre 2017
Comment vous est venu l'idée de ce projet ?
"C'est un peu le projet qui m'est tombé dessus quand j'ai découvert cette cave remplie d'objets appartenant à Madeleine. J'ai attendu deux ans avant de me lancer. C'était un moment charnière. Mon envie de faire du documentaire s'est croisée avec ma pratique de Twitter à Radio France. L'utilisation de Twitter m'est venue spontanément. Selon moi, c'est l'outil le plus adapté pour dévoiler des objets avec une photo et une légende."
Comment définiriez-vous votre œuvre ?
"C'est un « tweet-documentaire ». Une quête et une enquête à la recherche de cette dame qui a vécu dans mon appartement. Le livre permet de garder la mémoire du projet original. Je veux laisser une trace pour pallier le côté volatile de Twitter. La version papier permet également d'avoir accès à des lecteurs qui ne vont pas sur les réseaux sociaux. Après la publication du livre en mai 2016, les saisons ont continué. Les saisons 3 et 4 ont été mises en ligne et il y a toujours des petites choses en cours."
#Madeleineproject - Saison 4 pic.twitter.com/meUhuBAWRX
— clara beaudoux (@clarabdx) 10 avril 2017
Qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant ce « tweet-documentaire » ?
"La vie de Madeleine dans mon appartement s'est diffusée dans tous les pores de ma vie. A une époque, je pensais, je parlais Madeleine Project. J'ai tout de même réussi à garder ma santé mentale. Je n'étais pas seule, les internautes étaient tout le temps là, présents à mes côtés. Cette dimension interactive, que ce soit sur Twitter ou sur Facebook, m'a profondément touchée. Avant de démarrer, je n'imaginais pas que j'aurai des échanges permanents avec les utilisateurs des réseaux sociaux. C'est passionnant ! Ils m'ont aidé pour avancer dans l'enquête, reconstituer la généalogie, retrouver des objets. Pour beaucoup d'entre eux, ça renvoyait à leurs propres histoires. Les internautes font partie intégrante de cette aventure."
Quelle serait votre bibliothèque idéale ?
"J'y mettrai les livres d'Emmanuel Carrère pour le mélange entre réalité documentaire et fiction et Marguerite Duras pour son écriture et sa poésie."
Les Bibliothèques Idéales, qu'est-ce que c'est ?
Dix ans de rencontres exceptionnelles https://t.co/oAua8xvUBA via @ornorme_mag
— BibliothèquesIdéales (@Bibideales) 6 septembre 2017
Organisées par l’Eurométropole et la librairie Kléber, les Bibliothèques idéales s'ouvrent demain à Strasbourg. Durant dix jours, 150 écrivains, philosophes, historiens et sociologues célèbrent le livre sous toutes ses formes. Soixante-deux rencontres, conférences et débats vont s'enchaîner à l'Opéra, à l'Aubette, dans les médiathèques et d'autres lieux insolites. On parlera révolution avec Olivier Besancenot et Eric Hazan, religion et foi avec Régis Debray ou encore réseaux sociaux avec Roland Gori et Camille Laurens. Pour ses dix ans, la manifestation met également à l'honneur le spectacle vivant. Abd Al Malik, Clotilde Courau et Lionel Suarez rendront un hommage à Camus. L'artiste Léopoldine HH et Vincent Dedienne présenteront un spectacle autour de l'univers de Barbara. Une promenade littéraire suivie d’une lecture musicale seront organisées autour du poète alsacien Claude Vigée. Autre nouveauté cette année, les Bibliothèques Idéales investissent le réseau de transport de la ville. La bibliothèque nationale universitaire va mener des brigades de lecture aux différents arrêts de tramway.
Marine Ernoult