Des ONG ont dévoilé, ce jeudi 18 septembre, le classement des 50 sites industriels français qui ont émis le plus de gaz à effet de serre en 2024. Malgré une très légère baisse de 1,4%, les efforts des industriels vers une transition verte sont à l’arrêt.
Les sites d’ArcelorMittal représentent 40% des émissions totales de CO2E de l’industrie lourde en France. Ici, le site de Dunkerque. © Franz-Josef Molitor
1,4% d’émissions de gaz à effet de serre en moins émis par l’industrie française en 2024. Le chiffre pourrait sembler encourageant s’il n’était pas principalement dû à une baisse de la production. Voici le constat dressé par les ONG Réseau Action Climat et France Nature Environnement dans un rapport publié ce jeudi 18 septembre. Celui-ci liste les 50 sites industriels qui polluent le plus dans l’Hexagone. En tête de liste : ArcelorMittal, premier producteur d’acier en France. Ses sites de Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) occupent les deux premières places du classement… et de loin. À eux seuls, ils représentent 40% des émissions de CO2 équivalent (CO2E) de toute l’industrie lourde.
Les énergies fossiles au coeur de l’industrie lourde
Pour transformer la matière première, l’industrie lourde utilise presque exclusivement les énergies fossiles. Celles-ci sont nécessaires pour atteindre de très hautes températures ou réaliser certaines réactions chimiques. Les industries les plus polluantes sont celles de la chimie ou de la métallurgie. Si l'industrie de la fabrication de matériaux de construction émet moins de gaz à effet de serre, cette dernière est sur-représentée dans le classement. En effet, 24 entreprises fabricant du ciment ou de la chaux y sont listées.
Des millions d’euros contre la transition énergétique
Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu tous ses projets de décarbonation prévus en Europe. Une décision représentative de l’état d’esprit des industriels français. Malgré plus d’un milliard d’euros d’aides publiques distribuées à ces 50 entreprises depuis 2021 par l’Ademe, l’agence de la transition écologique, celles-ci estiment que les garanties politiques sont trop incertaines pour continuer à investir dans la décarbonation. Elles misent donc sur le lobbying pour assouplir les réglementations européennes et françaises sur les émissions de gaz à effet de serre.
En 2024, 176 actions de lobbying ont été déclarées par 24 entreprises de l’industrie lourde à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Les ONG estiment à environ 25 millions d'euros le coût de ces actions. Celles menées par le syndicat patronal du Medef ou d’autres groupes d’intérêts industriels ne sont pas prises en compte dans ce calcul. Leurs dépenses en lobbying auraient pourtant doublé, voire triplé depuis 2022.
Laura Perrusson
Edité par Anouk Seveno