Êtes-vous capable de vous passer de votre portable une journée ? Trois Strasbourgeois ont relevé le défi. Photo Mélina Facchin
Ils sont trois, tous très différents. Et ils ont relevé le même défi : éteindre leur téléphone portable pendant 24 heures. Un défi que Cuej Info leur a proposé de relever dans le cadre de « La journée mondiale sans téléphone mobile » (qui se prolonge en fait durant trois jours, jusqu'à vendredi). Et le résultat est plutôt surprenant : à l'heure où tout le monde (ou presque) a un téléphone portable et où beaucoup de personnes en sont véritablement accros, les trois cobayes de cette expérience ont tous tenu le pari.
Extinction des feux
« Sans problème », affirmait Alain, 63 ans, quand le défi lui a été proposé. « Mon portable, de toute façon, je l'utilise peu. Au pire, je louperai l'appel d'un ami qui me propose d'aller boire un verre ce soir et puis tant pis. » Alain utilise beaucoup les réseaux sociaux, depuis son ordinateur. Il compensera donc sa carence en communication par ce biais.
« Je vais le faire », se promet Océane, 21 ans, étudiante en art et spectacle. « Ça m'intéresse de tenter l'expérience, mais je me sens quand même un peu stressée. Ma seule crainte, c'est de louper une nouvelle importante ou grave. Mais je me dis qu'au pire, on arrivera à me joindre par un autre biais : le portable de mon copain, ou Facebook », se rassure-t-elle.
Pour Charlotte, lycéenne de 15 ans, c'est une autre paire de manches. Très hésitante quand on lui propose de relever le défi, elle lance des regards paniqués en direction de sa copine. « Je parie 2000 euros que tu n'y arriveras jamais », charrie sa camarade. Après de longues minutes de persuasion et d'hésitation, Charlotte se lance, « pour le fun », et éteint son portable immédiatement.
Chassez le naturel...
« J'ai quand même eu le réflexe de saisir mon portable deux ou trois fois dans la journée. C'était comme un manque de cigarette. Pendant le temps d'un instant, quand je me rappelais qu'il était éteint, j'avais une petite boule au ventre », raconte Océane. Sans son mobile, elle s'est organisée autrement. Depuis un ordinateur, elle a prévenu son copain de l'heure à laquelle elle rentrait chez eux via la messagerie Facebook. « Une fois à la maison, je l'ai laissé dans mon sac. Et là, malgré le manque, c'était vraiment libérateur », confie l'étudiante.
Comme il se l'était imaginé, Alain n'a rencontré aucune difficulté à se passer de son mobile. Mais il s'est amusé de voir qu'en sortant de son appartement, il portrait instinctivement la main à sa poche, comme pour vérifier qu'il n'avait pas oublié le précieux appareil. « Je ne sors jamais sans mon portable, même si je ne l'utilise pas forcément, explique-t-il. Les habitudes m'ont un peu rattrapé. »
Plus surprenant, Charlotte, l'élève de seconde de 15 ans, n'a pas craqué. « En fait, c'était pas si compliqué, ça ne m'a même pas manqué, je l'ai oublié », s'amuse-t-elle. Elle n'a prévenu personne dans son entourage, n'a même pas allumé son ordinateur ou utilisé son téléphone fixe pour compenser.
Seule petite ombre au tableau, étrangement commune aux trois cobayes. Ils ont tous rallumé leur portable quelques instants au moment de se coucher... pour mettre leur alarme du matin ! Fini l'époque des bons vieux radios-réveils, quel que soit l'âge des dormeurs.
A refaire
Tous se disent d'accord pour réitérer l'expérience, à l'occasion. « Ma journée s'est déroulée exactement de la même façon, je ne suis passé à côté de rien. Je ne me suis senti ni mieux, ni moins bien », affirme Alain. « Je me rends compte que ce n'est pas vital , estime Charlotte. Ça m'a fait du bien, je pense, d'être un peu déconnectée. » L'expérience a également été bénéfique pour Océane. « Ça remet les choses en perspective. Ça prouve bien que le portable n'est pas un prolongement du bras ! »
Mélina Facchin