Le parlement européen a ouvert lundi sa session plénière à Strasbourg par un débat à propos des sans-abris. Tous les partis politiques, unanimes, ont dénoncé l'inaction de la Commission et du Conseil européen alors que le froid a tué plus de 600 personnes en deux semaines. Ils ont, en outre, regretté une tendance à la criminalisation de la pauvreté, dans plusieurs pays.
« C'est une honte pour nous tous », a réagi le député Karim Sajjad (Royaume-Uni, ECR) alors que la vague de froid qui sévit en Europe a déjà fait plus de 600 morts. Son témoignage reflète assez bien l'humeur des parlementaires européens, lundi, dans l'hémicycle. Toutes les tendances politiques ont en effet critiqué avec véhémence l'inaction des institutions européennes en pleine vague de froid meutrière. « Les Etats membres ont été capables de tenir des Sommets européens dans l'urgence pour sauver les marchés financiers, nous demandons aujourd'hui une réunion d'urgence pour sauver des vies », s'est exclamé Karima Delli, (France, Verts/ALE).
En septembre 2011, les députés européens ont adopté une résolution pour la mise en place d'une stratégie en faveur des sans-abris, restée lettre morte. Aujourd'hui, ils pressent les instances décisionnaires européennes – Commission et Conseil des ministres – d'agir et de donner suite à leur demande. Le Conseil des ministres, resté muet sur ce sujet depuis le début de la vague de froid, a refusé de venir s'exprimer devant les députés. La Commission, elle, a rappelé, par la voix du commissaire Michel Barnier que la question relevait de compétences proprement nationales. « Nous avons une capacité directe limitée. Mais l'Union européenne agit indirectement, en consacrant, par exemple, dix milliards d'euros par an du fonds social européen à des action de lutte contre l'exclusion », a-t-il remarqué.
Députés et Commission se sont en revanche entendu pour constater, et regretter, une tendance à la criminalisation de la pauvreté dans plusieurs pays européens, notamment en France et en Hongrie. La députée Karima Delli a dénoncé les arrêtés municipaux criminalisant la mendicité ou le glanage alimentaire dans plusieurs villes de France, jugeant la situation « plus que préoccupante ». « Nous vous rejoignons sur ce point », a répondu le commissaire Michel Barnier, promettant de rester vigilant sur ce sujet.
Anne-Claire Poirier
(Crédit photo d'appel : I .. C .. U via Flickr)